Elles sont marchandes de gâteaux à l’école du gouvernement de Petit-Raffray depuis près de 30 ans. On envisage de les évincer. Six veuves sexagénaires dénoncent le peu de cas fait à leur situation par le ministère de l’Éducation.
Elles font partie du décor. Ces six dames affirment avoir travaillé dans la cour de cette école de Petit-Raffray depuis 20 ans au moins, 30 pour certaines. « Nous sommes veuves et âgées. Nous gagnons notre vie décemment en vendant des aliments sains aux petits de l’école. C’est ce que nous avons toujours fait depuis des décennies. Voilà maintenant que sans aucune courtoisie, sans aucune forme de politesse, on nous refuse l’entrée de la cour de l’école, à la grande rentrée des classes… », fustige Sheila, l’une d’entre elles.
« Le fait que nous ayons pu exercer notre activité durant autant d’années, sans aucune plainte des parents, prouve plus qu’il n’en faut que nous avons toujours respecté la loi, les règlements », ajoute notre interlocutrice.
« Dur, dur de ce voir éjecter ainsi… » Pourquoi donc la maîtresse d’école de Petit-Raffray a-t-elle refusé l’accès de son établissement à ces six veuves cette année ?
« Parce que l’école a maintenant décidé de se doter d’une cantine », explique Deenesh Seeharry, attaché de presse du ministère de l’Éducation. Après un exercice d’appel d’offres, la gestion de cette cantine a été allouée une personne, et les six veuves ont été priées d’aller voir ailleurs, vu qu’elles n’auront pas leur place dans cette nouvelle cantine.
« Comment le ministère peut-il agir ainsi envers nous ? Nul n’a pris la peine de nous avertir que l’école se doterait d’une cantine et que sa gestion serait confiée à quelqu’un d’autre. Nous sommes de pauvres veuves, nous gagnions notre vie honnêtement. Qu’allons-nous faire maintenant ? » se lamentent ces dames qui ont souvent éclaté en sanglots, lorsqu’elles nous exposé leur situation.
« Voici par contre ce que la nouvelle cantine propose aux enfants. Rien que des choses sucrées et les emballages en plastique on les jettera après au mépris de l’environnement », ajoutent-elles en nous présentant les dits produits. Les veuves précisent que toutes versaient un écot de Rs 60, tous les jours à l’école. L’argent était recueilli par un ‘caretaker’.
Représentations
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Bien décidées à sauvegarder leur gagne-pain, les six femmes se sont rendues à Port-Louis, mardi 12 janvier, pour solliciter une rencontre avec les autorités concernées au ministère. De notre côté, la rédaction d’Xplik ou K a tenté d’appeler à plusieurs reprises l’école de Petit-Raffray. Hélas, nul n’a daigné nous répondre.
« Au ministère, on nous a demandé de monter au 8e étage. Nous avons pris l’escalier. Parvenues au 8e, on nous a dit qu’on nous avait mal informées et qu’il fallait se rendre au deuxième niveau. Nous sommes redescendues. Là, un pion nous a interdit l’accès. Il nous a demandé qui nous voulions rencontrer. Quelle humiliation ! Il a fallu lui déballer toutes nos souffrances, là, sur le palier, au mépris de tout principe de confidentialité. Nous avions grand espoir qu’il nous oriente vers le responsable concerné ».
Le préposé s’est éclipsé à l’intérieur, pour ressortir après une bonne quinzaine de minutes. Aux six femmes consternées, il lancera sans ambages : « Monsieur untel est en comité, monsieur un tel est en réunion et monsieur untel est en congé. Il n’y a personne pour vous recevoir… ».
Profondément désespérées par un tel manque de considération à leur égard, ces dames se sont dirigées vers le bureau de Radio Plus. Le lendemain, elles ont bénéficié d’un droit d’antenne, pour exposer leurs griefs. Elles reprochaient au ministère de l’Éducation son manque de sensibilité envers des veuves pauvres et âgées.
Deenesh Seeharry est finalement revenu à de meilleurs sentiments. Le ministère a accepté de fixer un rendez-vous avec ces dames ce vendredi 15 janvier. La rencontre aura probablement lieu à Port-Louis. Affaire à suivre.
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