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Cannabis médical : un médicament salutaire pour certains patients

Le comité technique sur le cannabis médical a soumis son rapport au ministère de la Santé en novembre dernier. Il peut être consulté sur le site dudit ministère qui a lancé un appel au grand public pour ses commentaires et suggestions. 

Dr Mohamed Afzal Curimbacus.
Dr Mohamed Afzal Curimbacus.

Le cannabis médical sera bientôt une réalité à Maurice. À l’issue de la soumission du comité technique sur le cannabis médical au ministère de la Santé l'année dernière, le grand public a été invité à présenter ses commentaires et suggestions jusqu’au 15 février prochain.

Le cannabidiol (CBD) travaille sur les réceptifs du cerveau et peut diminuer les crises chez les patients atteints d’épilepsie, explique le neurologue Mohamed Afzal Curimbacus. Il précise que le cannabis médical n’est pas un traitement exclusif, mais vient supporter les médicaments prescrits antérieurement. « Le cannabis médical n’est pas destiné à tous les patients. Il est prescrit selon des critères bien spécifiques », souligne-t-il. 

Ce médicament peut s’avérer utile pour les patients atteints du syndrome de Lennox-Gastaut. Il s’agit d’un syndrome épileptique progressif qui cause des crises d'absence toniques et atypiques et une déficience intellectuelle. Ces crises sont souvent difficiles à contrôler selon le neurologue, car les patients peuvent avoir d’autres défaillances. Le cannabis médical peut aussi aider les patients souffrant du syndrome de Dravet qui est une autre forme d’épilepsie sévère susceptible d’entrainer de fortes fièvres. « Ce médicament n’est qu’un traitement de dernier recours quand le patient est résistant aux divers produits et continue à avoir des crises », explique le neurologue.

Dans le cas des patients cancéreux qui suivent des traitements de chimiothérapie, le cannabis médical peut les aider à mieux supporter les effets secondaires d’après un oncologue qui n’a pas souhaité être cité. Il souligne, toutefois, que c’est particulièrement dans les stages avancés du cancer que le médicament peut s’avérer salutaire. Selon lui, pour les stages 1 à 3, les sessions de chimiothérapie sont assez tolérables. Il ajoute que le cannabis médical pourrait aussi être utilisé dans les soins palliatifs des patients cancéreux. Les deux médecins font également ressortir que des conditions strictes ont été élaborées pour la prescription du cannabis médical qui sera effectuée uniquement par les spécialistes du service public. Au préalable, le cas du patient sera soumis à un comité médical. 

Nos interlocuteurs affirment que le cannabis thérapeutique peut contribuer à améliorer la qualité de vie des patients. Il peut, en effet, apporter un plus grand soulagement face à la douleur par exemple. 

Médicaments importés

Selon les recommandations du comité technique, le cannabis médical pourra être utilisé par voie orale, inhalation et vaporisation. Il sera prescrit aux patients souffrant de spasticité liée à la sclérose en plaques, d’épilepsie juvénile et pour les douleurs neuropathiques, ainsi qu’en cas de nausée survenue à la suite de traitement de chimiothérapie et pour les soins palliatifs.
Dans un premier temps, ce sont les produits à base de cannabis médical reconnu par la Food and Drug Administration (FDA) qui seront utilisés et importés.

Kunal NaikPour une politique moins discriminatoire

Pour le psychologue-addictologue, Kunal Naïk, le cannabis médical peut permettre aux patients atteints du VIH / SIDA de retrouver l’appétit. Le cannabidiol (CBD) est aussi connu comme étant un produit qui cause moins d’effets secondaires. Il est ainsi mieux toléré par les utilisateurs selon des études. 

L’introduction du cannabis médical dans le traitement de certaines maladies est une première étape. Désormais, Kunal Naïk espère qu’il y aura une plus grande ouverture dans la politique de drogue à Maurice et moins de discrimination envers les utilisateurs.

 


Yousouf NooormamodeUn grand pas au profit des patients

« Maurice vient de faire un grand pas vers la reconnaissance et l’adoption du cannabis médical. Ce sera bénéfique pour les patients, y compris ceux diagnostiqués avec une épilepsie bruyante, sévère et pharmaco-résistante. C’est un véritable espoir pour ces patients » explique Youssouf Noormamode, président fondateur EDYCS Epilepsy Group. Désormais, il appartiendra aux médecins référents d’étudier le dossier du patient et valider ou pas la prescription. Le cannabidiol sera délivré en pharmacie hospitalière sous contrôle strict.

Notre interlocuteur regrette, toutefois, que la composition technique du comité n’ait pas pris en compte l’appui et la contribution des ONG, comme EDYCS Epilepsy Group sur le sujet de l’épilepsie.


Khalid AtchiaKhalid Atchia : « La douleur est physique et psychologique et c’est difficile à vivre bien souvent »

À bientôt 40 ans, le 24 janvier prochain, Khalid Atchia tente de mener une vie aussi normale que possible. Atteint de sclérose en plaques depuis une quinzaine d’années, il a perdu une grande partie de son autonomie et sa santé se dégrade. Il a hâte de pouvoir éventuellement bénéficier du cannabis médical qui pourrait lui apporter un certain soulagement.

Depuis que le comité technique sur le cannabis thérapeutique a soumis son rapport au ministère de la Santé en novembre dernier, Khalid Atchia est rempli d’espoir. Il souhaite faire partie des  patients qui vont bénéficier de ce médicament, car son état de santé se détériore de jour en jour. Il est atteint de sclérose en plaques suite au choc émotionnel qu’il a éprouvé après le décès de son père en 2007. 

Il a perdu presque toute son autonomie. Il ne peut plus se déplacer sans le soutien de sa canne et de quelqu’un à ses côtés, car il n’a plus de force musculaire. Il passe ainsi la majeure partie de son temps entre les quatre murs de sa maison. Khalid Atchia peut, cependant, compter sur le soutien de son épouse et de sa mère pour le soutenir. Il a aussi des proches et des amis qui arrivent à comprendre ses sautes d’humeur qui sont le reflet de toute la souffrance qu’il endure depuis des années. « Quand j’ai des contractions, cela se reflète sur mon corps », indique-t-il.

Cet ancien journaliste a cessé toute activité professionnelle depuis presque un an. Une décision difficile, mais nécessaire puisqu’il n’était plus en mesure de lire  un journal, d’attraper une plume ou de travailler devant un écran d’ordinateur. Il peut seulement faire un peu de marche dans sa cour ou du vélo d’exercice pour essayer de se maintenir en forme. Alors qu’il pourrait utiliser un fauteuil roulant pour ses déplacements, il préfère repousser cette échéance afin de rester actif le plus longtemps possible.

Pour lui, le cannabis médical pourrait lui apporter une meilleure qualité de vie. Conscient que sa maladie est incurable, c’est un apaisement contre la douleur qu’il souhaite avant tout. « La douleur est physique et psychologique et c’est difficile à vivre bien souvent », dit-il. Khalid Atchia tente de garder le moral, mais la dépression le guette à tout moment. Actuellement, il doit compter sur la cortisone pour se soulager, mais parfois ce n’est pas suffisant. Pour tenir le coup, il puise sa force en Dieu qui n’est plus un concept, mais quelqu’un qui l’aide à faire face aux dures épreuves quotidiennes.

 

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