Certains estiment que la dépénalisation du cannabis permettra de venir à bout de la toxicomanie, tandis que d’autres pensent que cela l’aggravera. Priscilla Sadien a débattu de ce sujet, le mercredi 1er juin avec ses invités dans l’émission Talk of the Town. Points forts.
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Qu’est-ce que le cannabis ?
Le cannabis, communément appelé gandia à Maurice, est utilisé comme une drogue. C’est une plante qui contient plus de 500 substances, dont le THC. C’est celui-ci qui le fait entrer dans la catégorie des « stupéfiants » en raison de ses effets de psychotrope.Pourquoi fait-il peur ?
Il peut provoquer des troubles mentaux, dont la schizophrénie, la dépression, la psychose et l’anxiété. Il diminue les réflexes. « Le fait que de nombreux jeunes consomment du cannabis est très inquiétant. Car nous ignorons quels effets cela aura sur leur cerveau dans 15 ans », estime le Dr Anil Banymandhub, psychiatre. Son utilisation comme drogue douce pourrait pousser les jeunes vers les drogues dures. « Toutes les drogues sont des drogues, y compris le cannabis. C’est un mythe de le considérer comme une drogue douce. De plus, de nombreux consommateurs de drogues dures disent qu’ils ont commencé par le cannabis. Et il est loin d’être inoffensif, comme le font croire certains », ajoute le travailleur social Ally Lazer. Les femmes qui fument le cannabis pendant la grossesse pourraient donner naissance à des bébés de poids inférieur – Small Baby Syndrome. Il pourrait diminuer la fertilité chez les hommes. Les recherches ont démontré que ceux qui prennent du cannabis sont plus à risque d’être victimes des accidents de la route. Le cannabis semble être très accessible aux consommateurs. Il se vend dans les quatre coins de l’île, avancent les travailleurs sociaux. Ils s’inquiètent aussi du fait que de plus en plus de jeunes fument le cannabis.Pourquoi dépénaliser le gandia ?
Les raisons avancées par Selven Govinden, du Cannabis Legalization and Informative Mouvement :- Pour mettre un terme au trafic du cannabis qui rapporte beaucoup d’argent aux trafiquants
- Pour ne pas exposer les consommateurs aux dangers potentiels du cannabis synthétique dont on ignore le contenu
- Pour mettre un terme à la répression dont sont victimes les consommateurs
- Pour un meilleur contrôle sur la circulation. Son illégalité le rend moins contrôlable.
- Le cannabis pourrait être d’une grande utilité dans le domaine de la médecine. Le Dr Jensen Jaganathan s’appuie sur des revues médicales et des recherches. « Je défends le cannabis purement à des fins médicales. Sous forme de médicaments, il pourrait soulager les patients en phase terminale de cancer. »
- Le cannabis est utilisé dans certains produits médicamenteux, dont ceux contre la sclérose en plaques et le vomissement. Certaines recherches sont en cours pour prouver l’efficacité du cannabis dans le traitement des maladies comme le glaucome et le lupus.
- Selon certains experts, souligne le Dr Jensen Jaganathan, le cannabis serait 114 fois moins mortel que l’alcool. De plus, il serait moins nocif que la cigarette.
Étude
L’association Prévention, information, lutte contre le sida (PILS) a effectué une étude sur la consommation du cannabis chez nous en 2015. Celle-ci a démontré que deux Mauriciens sur dix ont consommé du gandia au moins une fois dans leur vie. De plus, 66 % des consommateurs fumaient du cannabis seulement pendant le weekend pour se relaxer.Les pays où c’est légal
Corée du Nord, Uruguay, États-Unis (Washington et Colorado), les Pays-Bas, la République tchèque, l’Australie, la Jamaïque, l’Argentine, le Cambodge (utilisé même dans la cuisine), entre autres.Témoignages
Gislaine: « Mon fils s’est mis à vendre ses effets »
« Mon fils a commencé à fumer du cannabis très jeune, quand il était collégien. Je l’ai su bien après, quand il s’est mis à vendre ses chaussures et d’autres effets personnels. Il ne voulait plus aller au collège. À l’âge adulte, il a commencé à consommer de l’héroïne. Pour s’en procurer, il n’hésitait pas à voler des trucs de la maison pour les vendre. Il est finalement décédé des suites d’une hépatite. »Rishi: « J’en ai beaucoup consommé »
« J’ai été un grand consommateur de cannabis. J’ai eu beaucoup de problèmes à cause de cela avec la police. Je me suis retrouvé en prison pendant 14 jours et j’ai écopé d’une lourde amende. À ma sortie de la prison, je me suis rendu compte que je pouvais bien vivre sans le cannabis puisque j’avais pu m’en passer pendant quatorze jours. Depuis, je n’en ai plus fumé. »
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