Une quinzaine de nouveaux cas de cancer du sein ont été enregistrés en octobre, affirme le Dr Ramavad Soobrah, Breast Surgeon. Des mesures appropriées doivent être prises, plaide Shamima Patel, de Breast Cancer Care. Ils étaient au micro de Sunil Gopal dans l’émission Xplik ou K Santé.
Publicité
Mettre en place un système de dépistage précoce dans le service de santé public, afin que les femmes puissent bénéficier d’une meilleure prise en charge. Tel est le souhait exprimé par Shamima Patel, présidente de Breast Cancer Care. « Un cancer découvert au stade 1 ne nécessite pas une mastectomie. Une lumpectomie pour ne retirer qu’un bout du sein est possible et il n’y a pas le traumatisme de la chimiothérapie », explique-t-elle. Atteinte d’un cancer en 2010, elle a eu la chance d’avoir pu s’en tirer grâce aux traitements dont elle a bénéficié et au fait que son cancer n’était pas à un stade avancé.
Elle est rejointe dans ses propos par le Dr Ramavad Soobrah qui souligne également l’importance du dépistage précoce. Le Breast Surgeon regrette que, contrairement à d’autres pays, le tabou freine cette démarche. « Entre un quart et un tiers des patients que je reçois ont un cancer à un stade avancé. Ce qui est un problème car les options de traitements possibles sont limitées. Au stade des métastases, l’opération n’est plus une option et les chances de survie ont diminué considérablement », explique-t-il.
Taux alarmant
Pour le médecin, les campagnes de sensibilisation doivent continuer afin d’inciter le plus de personnes à se faire dépister tôt et augmenter ainsi leurs chances de survie qui sont à ce moment-là beaucoup plus grandes, tout comme les options pour le traitement. Mais cela changera avec le temps, ajoute Shamima Patel, optimiste. « Le tabou vient du fait que les seins représentent la féminité et qu’il y a des cassures dans certains couples à cause de ce type de cancer », estime-t-elle. C’est ainsi que des femmes n’osent parler de leur maladie et ne cherchent de l’aide que quand leurs seins sont complètement déformés avec le cancer car elles ont peur, dit-elle.
D’où l’importance, ajoute notre interlocutrice, de toujours communiquer afin de venir à bout du tabou qui existe autour du cancer. Avec presque deux nouveaux cas par jour, Maurice détient le taux le plus élevé de ce type de cancer sur les 31 pays d’Afrique, affirme la présidente de Breast Cancer Care. Elle estime qu’il faut prendre les mesures qui s’imposent car le taux de cancer du sein est alarmant. Selon elle, une femme sur huit aura le cancer du sein durant sa vie à Maurice. « Si nous ne faisons rien maintenant, les choses ne vont pas avancer », lance-t-elle.
Le service public ne compte qu’un seul appareil de mammographie, affirment nos interlocuteurs. C’est ce qui pourrait expliquer que la plupart des femmes qui se présentent à l’hôpital montrent déjà les premiers signes de la maladie. « La situation est aberrante car cela empêche le dépistage systématique pour le cancer du sein. J’espère qu’il y aura de nouveaux appareils dans le service public afin qu’un plus grand nombre de dépistages puisse être effectué », ajoute Shamima Patel.
Le Dr Soobrah a aussi fait comprendre qu’il ne faudrait pas montrer du doigt l’alimentation en ce qu’il s’agit du cancer. Selon lui, cela peut être dû à de nombreux facteurs et peut survenir chez une personne ayant un mode de vie sain. Pour lui, le facteur génétique et le vieillissement de la population sont parmi les éléments à prendre en considération. Il a aussi précisé que le cancer du sein ne survient pas à la suite d’un coup reçu à la poitrine.
Signes et symptômes du cancer du sein
- Grosseur indolore
- Mamelon étiré et replié sur lui-même
- Mamelon rouge
- Saignement du mamelon
- La peau du sein renfermée
- Peau du sein rouge sur une bonne partie.
- Différence dans le contour des seins surtout si un côté à une grosseur
- Grosseur sous le bras
- La texture de la peau du sein est comme une peau d’orange
- Ulcère sur la peau si rien n’a été fait et que le cancer est arrivé à un stade avancé.
Les facteurs de risque non modifiables...
- L’âge : plus une femme vieillit, plus le risque d’avoir un cancer du sein augmente. À l’âge de 50 ans, le risque est de 2 % et passe à environ 10 % à 80 ans.
- Les femmes ont plus de risque d’avoir le cancer du sein que les hommes. Sur 100 cas de cancer dépistés, 99 sont des femmes. Il y a quatre à cinq cas de cancer chez les hommes tous les ans. Les symptômes sont les mêmes que chez la femme, sauf que la maladie se manifeste entre la quarantaine et la cinquantaine.
- Environ 10 % des cancers du sein sont héréditaires. Dans 90 % des cas, les causes n’ont pu être déterminées jusqu’à présent.
- Facteur génétique : les gènes sont transmis par les parents, ce qui augmente ainsi le risque de cancer chez la fille.
- Règles précoces (avant 12 ans) ou les femmes qui font leur ménopause après 50 ans.
…et les facteurs modifiables
- Le risque est sensiblement plus élevé chez les femmes qui n’ont pas d’enfant ou qui ont un enfant après l’âge de 35 ans.
- Le risque est plus grand également chez les femmes qui ont pris des pilules contraceptives pendant plus de dix ans.
- L’excès d’alcool et l’obésité.
- L’obésité après la ménopause augmente le risque d’avoir un cancer de 30 %.
- Le manque d’activités et la sédentarité.
Palpapps : le dépistage 2.0
L’association Breast Cancer Care a lancé l’application Palpapps qui peut être téléchargée gratuitement sur son smartphone. Simple d’utilisation, l’application peut agir comme une alarme pour rappeler aux femmes quand elles doivent faire leur palpation, soit entre sept et dix jours après les règles. L’application parle aussi des facteurs de risque et a des vidéos qui montrent aux femmes comment faire leur palpation entre autres informations.
L’ONG mène aussi des campagnes de sensibilisation à travers le pays et propose des tests de dépistage gratuit à son siège à Vacoas. Elle offre un accompagnement psychologique tant aux malades qu’à leurs proches. L’adhésion et les services sont gratuits.
Breast Cancer Care offre divers matériels aux membres : perruques, prothèses et soutien-gorge adapté, entre autres.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !