Les feux gigantesques, hors de tout contrôle, ont doublé de taille près de Fort McMurray au Canada où, avec la fin des opérations d'évacuation, l'inquiétude se portait désormais sur l'activité pétrolière et ses conséquences économiques.
Les feux, qui ont doublé de taille en une journée samedi et continuaient de progresser, auront parcouru plus de 200.000 hectares vers minuit, a indiqué l'agence de gestion des urgences de l'Alberta dans son dernier bilan.
"Les conditions liées aux feux restent extrêmes", a-t-elle ajouté, en raison d'un thermomètre près des 30 degrés en journée, des vents de 40 km/h et des broussailles asséchées par deux mois sans pluie.
Plus de 1.400 pompiers, 133 hélicoptères et 27 camion-citerne combattaient 43 feux différents à travers la province. Sept d'entre eux étaient totalement hors de contrôle, notamment à et autour de Fort McMurray, capitale pétrolière de l'Ouest canadien.
Seule "bonne nouvelle" au tableau, le front des feux "continue de s'éloigner" de Fort McMurray et des sites de production pétrolière vers le nord-est, a estimé Chad Morrisson, ne représentant pas de menace pour les populations mais provoquant des dommages graves à l'écosystème.
Un air plus frais et humide avec des chances de précipitations dans les prochains jours pourrait aussi contribuer à freiner ou calmer les feux. Mais, "nous avons besoin de fortes pluies, les averses ne suffisent pas", a-t-il ajouté.
"La situation reste imprévisible et dangereuse et c'est un feu énorme et dangereux hors de contrôle", a dit de son côté le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale.
La Première ministre de l'Alberta a par ailleurs prévu que tous les sinistrés encerclés par les feux à quelques dizaines de kilomètres au nord de Fort McMurray devaient avoir été évacués de la zone en fin de journée samedi.
Coincées dans des bases de vie de compagnies pétrolières où elles avaient trouvé refuge quand la route du nord était la seule issue possible, la plupart des personnes réfugiées ont pu emprunter un couloir sécurisé le long de l'autoroute 63 pour traverser Fort McMurray par convois de 25 voitures.
A bord de leurs véhicules -souvent tractant une énorme caravane et au milieu d'épaisses fumées-, ils ont rejoint Edmonton, la capitale de l'Alberta à 400 km.
Un peu moins de la moitié de ces 25.000 sinistrés ont été évacués par un pont aérien avec des avions des compagnies aériennes, les gros porteurs des forces armées mais aussi les appareils des compagnies aériennes locales.
Grosses pertes pétrolières
A Fort McMurray, si les quartiers au sud-ouest et à l'ouest ont été largement dévastés, et une partie du secteur résidentiel au nord, les pompiers s'attachent à protéger les structures vitales comme les centres téléphoniques, la compagnie électrique ou les infrastructures gazières.
Le centre a été épargné et, cinq jours après l'ordre d'évacuation obligatoire, des habitants ont été découverts par la police dans son long travail de porte-à-porte.
Le gouvernement a estimé que les 80.000 habitants de Fort McMurray avaient été évacués, un chiffre qui approche les 100.000 personnes avec les ordres d'évacuation de trois bourgades plus au sud et d'une réserve amérindienne.
Parfois, "nous trouvons des personnes à leur domicile, comme par exemple une famille de cinq", a déclaré l'inspecteur de police Kevin Kunetzki.
La police a aussi rapporté "quelques effractions" et des vols. "Mais ce n'est pas significatif d'après ce que nous avons vu jusqu'ici", a dit l'inspecteur Kunetzki.
L'inquiétude grandit pour l'activité pétrolière, poumon économique de la province. D'autant qu'au nord de Fort Mc Murray, les feux se rapprochent dangereusement des mines de sables bitumineux.
La municipalité de Wood Buffalo a mis en alerte samedi en fin de journée les zones près des exploitations des compagnies Suncor et Syncrude en demandant à tous les travailleurs des bases de vie situées à 50 km au nord de Ford McMurray de se préparer à évacuer.
Plus tôt samedi avec l'aggravation de la situation, la société Syncrude avait fermé son site en raison des fumées. Des avions gros porteurs C130 de l'armée ont été dépêchés pour évacuer les 4.800 employés.
Les répercussions économiques sont énormes: selon les experts, Suncor, Syncrude et Shell ont réduit leur production totale d'un million de barils par jour, ce qui représente environ un quart de la production entière du pays et une perte de dizaines de millions de dollars par jour.
Avec AFP
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