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Campagne zéro plastique: la déroute des commerçants

Plus de sacs en plastique dans les commerces depuis le 1er janvier ! Des alternatives y sont proposées, notamment des sacs en papier, dans les supermarchés et autres. La transition reste difficile pour beaucoup. L’affaire n’est pas encore dans le sac ! Même si la loi a pris effet le 1er janvier, nombreux sont ceux qui ont dû mal à transiter vers les alternatives du sac en plastique, notamment celui en tissu, en papier ou celui qui est biodégradable.
Nous sommes à la sortie d’un supermarché sur le Plateau central, une semaine après l’implémentation de cette loi. Nous avons voulu tâter le pouls des commerçants, en ce qu’il s’agit de fiabilité de cette loi. La scène est tout autre à la caisse. « Vous prenez un sac ? » demande la caissière à un client. Ce dernier, hésitant, acceptera d’acheter le sac en papier qui lui coûte Re 1.50. Selon le directeur d’une chaîne de supermarchés, les clients sont conscients des dangers du plastique sur l’environnement. Toutefois, il déplore le fait que les autorités n’ont pas pris en considération le stock des sacs biodégradables. « Nous aurions dû avoir plus de temps pour nous préparer. Les producteurs ont été pris au dépourvus. Les commerçants font de leur mieux pour appliquer cette loi, mais il est à préciser qu’il y a déjà une pénurie dans le stock des alternatives. Par exemple, les sacs en papier en grand format sont en rupture de stock », lance-t-il.

Succès à Rodrigues !

A Rodrigues, ce règlement qui est entré en vigueur le 5 juin 2015, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement est un réel succès. Des campagnes de sensibilisation y ont été faites en amont. Il n’y a plus de sac en plastique dans le paysage rodriguais. Si au début les habitants ont eu un peu de mal à s’adapter, ils ont finalement répondu positivement après quelques mois. Ils confectionnent eux même leur sac en vacoas et en toile de jute, entre autres.

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« Gérable »

En revanche, Kavi Doolub, directeur de marketing du supermarché King Savers, estime que c’est une bonne initiative. « Depuis le 1er janvier, nous proposons des sacs en papier ainsi que des shopping bags, qui peuvent contenir plus de 10 kg, à Rs 30. Nous sommes conscients que cette loi rehaussera la qualité de vie des Mauriciens. Nous nous sommes préparés depuis l’année dernière. Le stock des sacs en papier est gérable », affirme-t-il. Il avance que les Mauriciens prendront un peu de temps pour s’y habituer, mais vont certainement parvenir à respecter cette loi. « Cela ne va pas être facile. Cela fait des dizaines d’années que nous utilisons les sacs en plastique. Mais je suis certain qu’ils réalisent que c’est pour protéger l’environnement. D’ailleurs, depuis une semaine, huit clients sur dix portent leur sac réutilisable pour faire leurs emplettes », souligne Kavi Doolub. Pour Jimmy, boutiquier de la capitale, les sacs en papier ne sont pas pratiques dans le contexte local. Il nous confie même qu’il compte utiliser en catimini le stock de sacs en plastique qui lui reste. « Les alternatifs ne correspondent pas à notre style de vie. Si une personne a une voiture, elle n’aura aucun problème à transporter ces sacs mais qu’en est-il des autres ? On ne sait plus comment vendre des gâteaux et des beignets qu’on mettait dans les sacs en plastique. Des fois, je suis obligé d’utiliser les sacs en plastique que j’ai en stock. Les clients se plaignent de la fragilité des sacs en papier. Il est clair que les Mauriciens prendront du temps pour s’adapter », lance-t-il. C’est le même son de cloche du côté des marchands de légumes à Quatre-Bornes. Plusieurs d’entre eux semblent être confus par rapport aux sacs qu’il faut utiliser. Claude, marchand de légumes depuis plusieurs années, s’interrogent sur les alternatifs pour la vente des légumes. Il est d’avis que ce n’est pas pratique dans le contexte mauricien. « Comment utiliser des sacs en papier pour mettre des légumes. De plus, on doit constamment asperger de l’eau sur les légumes et les fruits. Plusieurs Mauriciens prennent le bus et ne marchent pas avec leur tante de bazar au quotidien. La plupart de nos clients achètent des légumes chaque jour », affirme-t-il.  
   

Doris Sénèque, écologiste: « Une mesure nécessaire pour l’environnement »

Cette mesure était devenue nécessaire à cause de la saturation de notre environnement par les sacs jetés dans la nature, lance Doris Sénèque, de l’Organisation non gouvernementale Eco Sud. « Un sac en plastique prend environ 20 ans pour se dégrader. Même enfouis à Mare Chicose, les sacs sont nuisibles parce qu’ils ne sont pas détruits, mais seulement cachés de notre vue. Les sacs s’envolent partout et polluent l’environnement. A la mer, ils sont nuisibles pour les animaux tels que les tortues qui les prennent pour des méduses et les avalent, ce qui provoque leur mort », dit-elle. Pour notre interlocutrice, il y a toute une éducation à faire pour que les gens comprennent ce que deviendra le sac biodégradable jeté à la poubelle et pourquoi c’est important de l’utiliser.  
   

Ashley Bissoondoyal: « Un délai de six mois… »

Le gouvernement aurait dû mettre cette loi en pratique après avoir exploré toutes les pistes, estime le manager du Performance Plastics Ltd, Ashley Bissoondoyal. « Ce n’est que le 4 décembre dernier que nous avons appris que nous pouvons désormais fabriquer des sacs biodégradables. Or, nous n’avons pas de matières premières pour cela. De plus, le coût de ces matières est trois fois plus élevé et il n’y a pas beaucoup de fournisseurs sur le marché international. Le licenciement de certains employés sera inévitable », précise-t-il. Il avance que les fournisseurs ont besoin de plus de temps pour la fabrication des sacs biodégradables. « Nous devons attendre le feu vert du ministère de l’Environnement qui procédera à l’échantillonnage des matières premières. Ce qui explique le fait que nous ne pouvons pas commander les matières premières. Tout cela va prendre du temps et j’estime qu’un délai de six mois nous permettrait de pallier le problème de stock. Les commerces n’auront plus de sac à fournir à leurs clients si cette situation persiste », affirme-t-il.  
   

France: l’interdiction reportée

L'interdiction des sacs plastique à usage unique, qui devait entrer en vigueur le 1er janvier en France, est reportée de trois mois, le temps que le gouvernement livre à Bruxelles des précisions sur cette mesure de la loi de transition énergétique, déclare Ségolène Royal dans Le Journal du Dimanche. « La Commission européenne demande des précisions concernant le décret sur les sacs. Bruxelles veut valider une mesure qui concerne la libre circulation de ces produits », explique la ministre de l'Ecologie.

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