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Campagne électorale : le monde des affaires navigue sans perturbations

C’est du « business as usual » dans les entreprises en cette période de campagne électorale.
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L’annonce des élections générales à Maurice suscite peu de perturbations dans le monde des affaires, contrairement à ce que l’on observe souvent dans d’autres pays.  Selon les acteurs économiques, les activités se déroulent normalement, reflétant la maturité démocratique du pays. Cependant, une prudence stratégique s’installe, certaines décisions d’investissement étant reportées jusqu’à ce que le climat politique se stabilise.

Azim
Azim Currimjee, directeur du groupe Currimjee Jeewanjee.

Le 10 novembre prochain, les électeurs mauriciens se rendront aux urnes pour choisir leur nouveau gouvernement. Dans les jours précédant cet événement crucial, le pays est en pleine effervescence politique avec une campagne qui bat son plein. Toutefois, le monde des affaires semble naviguer sans heurts. En effet, le climat des affaires à Maurice, qui a toujours montré une certaine stabilité, continue à se maintenir dans un calme relatif. Que ce soit dans le secteur financier, le commerce de détail, l’industrie manufacturière ou les services, les entrepreneurs semblent davantage concentrés sur la croissance de leurs compagnies que sur les tractations politiques.  « La campagne électorale ne perturbe pas nos activités », confie un cadre supérieur d’une multinationale de Port-Louis.  Certes, il dit suivre les débats politiques, mais les activités se poursuivent sans interruption. Cet état d’esprit est présent dans de nombreuses entreprises à travers l’île, qu’il s’agisse de PME locales ou de filiales d’entreprises internationales.

Francois
François de Grivel, industriel.

L’industriel François de Grivel abonde dans le même sens. Selon lui, depuis cette annonce, les activités dans le secteur manufacturier ainsi que dans le monde des affaires en général se déroulent normalement. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas constaté de perturbations importantes au niveau des activités économiques. Tout se déroule dans le calme. C’est du ‘business as usual’ », indique-t-il. Cette affirmation trouve un écho chez Azim Currimjee, directeur du groupe Currimjee Jeewanjee, qui souligne la maturité démocratique de la population. « Nous sommes dans un pays démocratique où la population est civilisée et respecte le processus électoral », déclare-t-il. Actuellement, il n’y a pas d’observations dans le monde des affaires qui sortent de l’ordinaire. « Toutes les activités se poursuivent normalement. Bien que les employés suivent de près les nouvelles politiques, ils continuent de faire leur travail comme d’habitude », avance-t-il. Azim Currimjee explique aussi que la plupart des secteurs économiques affichent une bonne performance en cette période. Une tendance qui devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année. « Les consommateurs continuent de dépenser et de consommer, créant ainsi une atmosphère de confiance parmi les acteurs économiques », fait-il ressortir. 

Pamela
Pamela Bussier, CEO de Jubilee Insurance.

Pour la CEO de Jubilee Insurance, Pamela Bussier, l’annonce de la date des élections générales a apporté un grand soulagement. « Cela met fin à une attente dans plusieurs secteurs économiques. De plus, la campagne électorale sera relativement de courte durée », indique notre interlocutrice. Cette dernière affirme que les activités se poursuivent normalement. « Nous devons continuer à travailler pour nos actionnaires ainsi que pour nos ‘stakeholders’ », soutient-elle.

Projets et décisions stratégiques mises en attente 

Cependant, derrière cette façade de stabilité, il existe une prudence stratégique qui se dessine dans le monde des affaires. François de Grivel fait remarquer que, comme dans beaucoup de pays avant les élections, les entreprises ont souvent tendance à adopter une attitude prudente. « Les investisseurs et les entreprises locales préfèrent souvent reporter des décisions majeures d’investissement, d’expansion ou de recrutement jusqu’à ce que le climat politique se stabilise », explique-t-il. Cette situation, selon lui, peut entraîner un ralentissement temporaire dans la planification des investissements. 

Ensuite, après les élections générales, un nouveau gouvernement sera constitué, entraînant de nouveaux règlements et décisions politiques. « Les entreprises vont attendre que ces décisions soient annoncées avant de concrétiser leurs projets d’investissement », précise l’industriel. D’ailleurs, la tendance à attendre est habituelle durant les périodes électorales. « Les investissements ne vont pas diminuer, mais leur mise en œuvre sera simplement décalée », poursuit-il.  Un point de vue partagé par Azim Currimjee. « Il est tout à fait normal que les entreprises et les investisseurs évitent de prendre des décisions majeures à quelques semaines des élections », soutient-il. Certes, les activités économiques se poursuivent normalement, mais les décisions importantes, notamment l’expansion des affaires ou les stratégies de vente sont mises en attente.  

Chaque gouvernement a ses propres priorités politiques et un changement peut entraîner des modifications dans les réglementations, la fiscalité et les programmes d’incitation pour divers secteurs. « Ces changements pourraient influencer directement le monde des affaires. Ainsi, les entreprises ne prendront pas le risque de mettre en place de nouvelles stratégies avant que ces changements soient annoncés », explique Azim Currimjee. Ce dernier estime que toutes les décisions concernant les projets et les investissements seront prises à la fin du mois de novembre, une fois que la situation politique sera stabilisée.

Pour sa part, un consultant en investissement affirme que de manière générale, les investisseurs sont en mode « wait and see » à l’approche des élections. Une attitude liée à l’incertitude par rapport aux annonces éventuelles du prochain régime. « Aux États-Unis par exemple, les aspirants présidents ont des approches différentes. Donald Trump entend imposer des tarifs sur les importations en provenance de Chine. Pour sa part, Kamala Harris semble plus favorable aux entreprises », explique-t-il.

 Élections

Des secteurs plus sensibles que d’autres ?

L’incertitude politique peut souvent avoir des effets néfastes sur la confiance des investisseurs. Toutefois, certains secteurs, comme le tourisme, semblent se montrer résilients face à cette période électorale. François de Grivel fait remarquer que, traditionnellement, les préoccupations concernant l’impact des élections sur l’économie nationale sont fréquentes. Cependant, il observe que, dans le contexte local, la plupart des secteurs économiques fonctionnent de manière fluide, sans perturbations notables liées aux élections. « En général, on a tendance à croire que cet événement va affecter le tourisme, mais nous sommes loin de cette perception. Actuellement, les arrivées touristiques vont bon train, surtout en cette période de haute saison », affirme-t-il. Ce constat est partagé par Azim Currimjee, qui renforce l’idée que le comportement des consommateurs reste inchangé. « On ne peut pas dire que les Mauriciens vont hésiter à se rendre dans les centres commerciaux en raison des élections. Donc, je ne vois aucun secteur qui soit vulnérable à cet événement », souligne-t-il.  Pamela Bussier abonde dans le même sens.  « Je pense que les secteurs économiques resteront inchangés. D’ailleurs, durant la période électorale, les secteurs de la restauration et du transport connaissent une amélioration en raison de la mobilisation accrue du public », affirme-t-elle.

Ralentissement sur le marché boursier 

Le marché boursier a évolué depuis le début de l’année. Les grosses entreprises comme la MCB et le secteur hôtelier se sont notamment distingués. Le « mood » était correct. Les investisseurs étrangers ont poursuivi leurs achats d’actions. Les bénéfices des sociétés cotées en bourse ont, dans la majorité des cas, augmenté. Cependant, d’ici les élections du 10 novembre, les investissements sur le marché boursier risquent de ralentir.

Business Mauritius

« Business as usual dans le monde des affaires »

Selon Business Mauritius, tous les secteurs économiques fonctionnent normalement en cette période de campagne électorale. « Les opérateurs économiques s’attendaient à ce que les élections aient lieu en fin d’année. Ils ont donc pris les dispositions nécessaires pour éviter toute perturbation des activités. On peut dire que c’est du ‘business as usual’ dans le monde des affaires », indique-t-on. Cependant, cette période d’incertitude politique pousse les entreprises à la prudence. En effet, bien que les opérations quotidiennes se poursuivent, les entreprises préfèrent retarder certaines décisions stratégiques qui pourraient être influencées par les résultats électoraux. Cette approche vise à minimiser les risques et à préserver leur flexibilité face aux éventuels changements qui pourraient découler du scrutin. Ainsi, même si l’économie continue de tourner, une certaine retenue prévaut quant aux engagements à long terme.

Questions à…

Samade

Samade Jhummun, CEO de Mauritius Finance : «maurice est réputé pour sa stabilité politique»

Les élections générales se tiendront le 10 novembre prochain à Maurice. Quel est le « mood » au sein de la communauté des affaires ?

C’est une posture d’attentiste. Nous verrons comment se tiennent la campagne et les élections en espérant que l’esprit démocratique prime et qu’il n’y ait pas de dérapage. Mauritius Finance et le secteur privé seront appelés à travailler avec le prochain gouvernement. 

Il y a une continuité au niveau des affaires après chaque élection, et cela, qu’importe si le régime continue, ou dans l’éventualité qu’un nouveau gouvernement soit élu"

Quel est le constat par rapport aux investisseurs et notamment ceux qui lorgnent la juridiction mauricienne ?

Les élections générales sont un exercice qui intervient chaque cinq ans. Je ne pense pas que les investisseurs qui envisagent d’investir à Maurice vont opter pour un autre pays dépendant du prochain régime. La juridiction mauricienne est un centre financier international qui est surtout reconnu au niveau du continent africain. Jusqu’ici, le pays jouit d’une bonne réputation auprès des investisseurs étrangers, alors que Maurice a fait ses preuves en tant que centre financier international. 

La confiance est cruciale pour tout investissement. À l’approche du prochain scrutin, ce facteur devient encore plus déterminant. Alors que la campagne électorale s’intensifie, cette confiance est-elle réellement au rendez-vous ?

Maurice est réputé pour sa stabilité politique. Nous avons constaté qu’il y a une continuité au niveau des affaires après chaque élection, et cela, qu’importe si le régime continue, ou dans l’éventualité qu’un nouveau gouvernement soit élu. Nous avons des antécédents en la matière. Du point de vue du secteur de Global Business, nous n’avons pas assisté à une demande de clients qui préfèrent attendre l’après-élection pour investir à Maurice.

 

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