Rédacteur en chef limogé, démissions de plusieurs journalistes expérimentés: lundi, deux jours après l'annonce de sa vente surprise, The Phnom Penh Post le dernier quotidien indépendant du Cambodge, s'enfonçait dans la crise. Cette crise intervient dans un contexte très difficile pour les médias dans ce pays d'Asie du Sud-Est, où des élections en juillet s'annoncent très controversées et sans surprise en faveur du parti de l'inamovible Premier ministre Hun Sen.
Le chef du principal parti d'opposition, Kem Sokha, est en prison, son parti a été dissous et le premier concurrent du Post, le Cambodia Daily, a été contraint de fermer, l'Etat lui réclamant soudain 6,3 millions de dollars d'arriérés d'impôts. En activité depuis 26 ans, le Phnom Penh Post a été vendu pendant le weekend à l'investisseur malaisien Sivakumar S Ganapathy, directeur d'Asia PR, une agence de relations publiques qui compte Hun Sen parmi ses clients.
Cette vente, une surprise pour les salariés du titre, suscite l'inquiétude d'une partie des journalistes dans un pays qui a perdu l'an passé son autre principal journal anglophone. "Le nouveau propriétaire m'a viré car j'ai approuvé la couverture d'aujourd'hui évoquant la vente du journal", a expliqué à l'AFP Kay Kimsong, le rédacteur en chef du journal.
"J'ai fait mon travail de rédacteur en chef... mais le nouveau chef a le droit de prendre cette décision", a-t-il ajouté. Son adjoint Sam Rith a précisé que la rédaction était "sous le choc". Plusieurs éditeurs ont d'ailleurs annoncé avoir donné leur démission. "Après avoir été sommé de retirer du site internet mon article relatif à la vente du Phnom Penh Post, j'ai refusé et donné ma démission", a écrit sur Twitter Brendan O'Byrne, l'un des journalistes.
La même demande a poussé Stuart White, en charge de la version anglaise du journal, à démissionner.
AFP / Photo : TANG CHHIN Sothy
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !