A moins d’une semaine de la présentation du prochain Budget, la classe laborieuse est dans l’expectative. Si, d’un côté, elle s’attend à des mesures qui vont lui alléger la vie, elle craint qu’on lui impose de nouvelles taxes et autres augmentations qui vont alourdir davantage son fardeau fiscal.
Chaque année avant la présentation du Budget, on assiste au même scénario : des consommateurs qui font leur stock de provisions d'articles qui sont les plus susceptibles de connaître une majoration des prix suivant le grand oral du ministre des Finances. Ils appréhendent surtout une augmentation de la TVA qui entraînera une majoration générale des prix dans le commerce.
Certains ne manquent pas leurs paquets de cigarettes et leurs boissons alcoolisées qui subissent, à chaque Budget, un alourdissement de la taxe. Ce qui n’est pas au goût de Jean-Paul, la trentaine et cadre dans une compagnie privée. « En majorant la taxe sur les cigarettes et les boissons alcoolisées, j’ai l’impression que le principal objectif du gouvernement est de renflouer la caisse gouvernementale. Il sait très bien qu’après quelques temps, les gens renoueront avec leurs anciennes habitudes », dit-il. Il explique que, ne pouvant se passer de ses cigarettes journalières, il en a fait provision pour faire face à la pénurie qui s’ensuit le lendemain de la présentation du Budget.
La peur d'une hausse de la tva
Un avis que partage Désiré, 59 ans et entrepreneur. « Je ne bois, ni ne fume. Mais je trouve qu’on pénalise des familles entières quand on augmente de façon exagérée le prix de la cigarette et des boissons alcoolisées. Certes, pour la cigarette, un fumeur peut faire un effort pour réduire sa consommation mais augmenter les prix des boissons alcoolisées, c’est frapper de plein fouet dans le budget familial, surtout si on a un mariage à célébrer », dit-il.
Tout comme Jean-Paul, Désiré estime que les buveurs et fumeurs invétérés continueront à boire et à fumer, qu’importe si on hausse les prix de ces produits. Il estime que le gouvernement aurait pu trouver d’autres moyens plus scientifiques à venir à bout de ces fléaux, notamment en soutenant les sociétés qui œuvrent à combattre l’alcoolisme et le tabagisme dans la société.
Que le gouvernement fasse provision pour l’introduction d’un Portable Severance Allowance Fund
Nicole, secrétaire de profession, appréhende surtout une hausse de la TVA qui entraînera dans son sillage une hausse des prix généralisée dans le commerce. « Je crains surtout une hausse de la TVA. Il y a des bruits qui courent qu’elle pourra passer à 18% et même 20%. Ce sera une catastrophe pour les petites gens », dit-elle. Elle souhaite que le gouvernement révise à la baisse cette taxe qui a une incidence directe sur les petites bourses. Elle estime que le gouvernement aurait dû trouver un moyen pour exempter ou imposer une taxe plus légère pour les plus défavorisés. « Aujourd’hui, les plus riches comme les plus pauvres de la société sont frappés d’une TVA de 15% dans le commerce. Je trouve cela injuste » dit-elle.
Les caddies qui se vident
Elle estime aussi que le gouvernement devra trouver le moyen de contenir les fréquentes hausses de prix dans le commerce et d’exercer un meilleur contrôle sur les prix de vente. « Les consommateurs éprouvent de plus en plus de difficultés à remplir leurs caddies dans les supermarchés », dit-elle. Elle pointe du doigt certains commerces qui affichent un prix au rabais à l’étagère et qu’on réclame un prix plus élevé à la caisse. Elle se plaint aussi de la façon dont les prix sont affichés dans certains supermarchés et qui prêtent souvent à confusion. Elle souhaite que les officiers de la Consumers Protection Unit prennent des actions contre ces commerçants. Elle lance l’idée d'affichages électroniques pour faciliter les consommateurs.
Elle se prononce aussi pour un contrôle des prix. « On ne peut continuer avec un système qui laisse libre champ à certains d’augmenter leurs prix sans l’aval du gouvernement. Prenons par exemple les chauffeurs de taxi qui ont majoré par Rs 25 le prix d’un local après la hausse des prix du carburant », s’insurge-t-elle. De plus, dit-elle, une augmentation des prix du pain et du transport par autobus n’est pas à écarter.
Désiré craint aussi une flambée des prix dans le commerce suivant la hausse de prix des produits pétroliers. « J’ai l’impression que le gouvernement n’a fait que retarder l’échéance pour contenir la colère de la population, mais rien ne dit qu’il ne cédera pas sous la pression des opérateurs », avance-t-il. D’où son appel au Premier ministre et ministre des Finances pour qu’on enlève dans le prochain Budget la taxe de Rs 4 prélevée sur les produits pétroliers pour financer le fonds de Maurice Ile Durable.
Parlant des autres mesures budgétaires, Désiré souhaite que le gouvernement fasse provision pour l’introduction d’un Portable Severance Allowance Fund pour les employés du secteur privé. Il trouve regrettable qu’un employé du secteur privé perde toutes ses années de service et doit recommencer à zéro si jamais il change d’employeur au cours de sa carrière professionnelle. Il avance qu’avec l’embauche sous contrat d'un salarié et que les emplois deviennent de plus en plus précaires, les salariés sont condamnés à travailler pour plusieurs compagnies durant toute sa vie professionnelle, d’où l’importance d’une Portable Severance Allowance dans le secteur privé.
Pauperisation
Nicole est aussi en faveur d’une révision de la loi du travail, surtout en ce qu’il s’agit des personnes qui sont employées sous contrat. Citant le cas des 150 licenciés de la CWA, elle trouve aberrant que certains comptent plus d’une dizaine d’années de service et qui ont perdu du jour au lendemain leurs emplois. « Le Premier ministre et ministre des Finances doit venir avec des mesures pour sauvegarder les intérêts des personnes qui travaillent depuis des années sous contrat. On ne peut plus se contenter de renouveler leurs contrats de travail et dire que le travail est fait », dit-elle. De son côté, Désiré est en faveur de l’introduction d’un barème gradué de taxation allant d’un taux plus élevé pour les riches au plus faible pour les plus pauvres de la société. Il craint que l’actuel système de taxation n’emmène à une paupérisation de la classe moyenne.
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