
Promesse d’un mieux-vivre ou retour brutal à la réalité ? Le budget présenté jeudi 5 juin par le Premier ministre, Dr Navin Ramgoolam, est celui d’un redressement social, d’une relance économique et d’un apaisement face à la cherté de la vie. Derrière les mesures d’investissement et les promesses de croissance, l’allongement progressif de l’âge de la pension à 65 ans, la suppression par étapes de certaines allocations sociales, ou encore les montants dérisoires alloués à l’enseignement préprimaire, ont semé l’incompréhension.
Girish Ramjuttun (conseiller municipal) : « Un manque de vision inquiétant »

Girish Ramjuttun, conseiller du Ward 2 à Vacoas-Phoenix, estime que le budget manque cruellement de perspectives à moyen et long terme. « Notre pays subit de profonds bouleversements démographiques. La population vieillit et de plus en plus de jeunes quittent le pays. Cette fuite des cerveaux fragilise durablement nos perspectives de développement. »
Face à ces constats, l’élu s’étonne du silence budgétaire sur ces questions cruciales. « Le budget présenté hier reste largement silencieux sur ces réalités. Il se concentre presque uniquement sur la réduction des dépenses publiques. Bien sûr, la rigueur budgétaire est importante. Mais elle ne peut remplacer une vision claire pour relancer la croissance. »
Girish Ramjuttun utilise une métaphore évocatrice pour illustrer ses propos : « Ce qu’il nous faut, c’est un cap, un projet pour faire grandir l’économie et produire plus de richesses, qui soient ensuite partagées plus équitablement. Au lieu de cela, on nous propose un gâteau fait avec moins d’œufs, moins de farine, et de la margarine à la place du beurre. Le résultat ? Un gâteau qui a peut-être la même taille, mais certainement pas le même goût ni la même qualité. »
Selon lui, ce budget était une occasion à ne pas manquer pour redonner espoir. « Les Mauriciens sont prêts à faire des sacrifices, mais à condition de croire que ces sacrifices mèneront à un avenir meilleur. Là, on nous demande de nous serrer la ceinture… sans nous dire, et peut-être sans même savoir, ce qui nous attend au bout du chemin. »
Il termine avec un avertissement clair : « Le signal envoyé est inquiétant. Il sape la confiance nationale. Et surtout, il montre une absence criante de vision. »
Monique Edwige Betty (Mieux Vivre Senior Citizen) : « Ce n’est pas juste »

Du côté des aînés, le sentiment est teinté de déception et d’incompréhension. Monique Edwige Betty, présidente de l’association Mieux Vivre Senior Citizen à L’Escalier, confie son désarroi. À 74 ans, elle dit ne pas se reconnaître dans ce budget. « Pire, c’est une grande inquiétude. Il n’y a pas de mesures concrètes pour venir soulager les personnes âgées, que ce soit dans leur pension ou dans la gratuité des médicaments. » Elle pointe du doigt une rupture avec les engagements électoraux.
« Ce budget n’a rien de socialiste ni de solidaire. Il n’a pas à cœur la vie de ceux qui sont au plus bas de l’échelle. Ce n’est pas juste. »
Monique Edwige Betty s’inquiète particulièrement pour ceux qui espéraient prendre une retraite décente dans les prochaines années. « Faudra-t-il attendre d’avoir 65 ans pour toucher une pension ? Et ceux qui ont 58 ans aujourd’hui, qui attendaient de pouvoir se reposer bientôt ? Eh bien non. C’est injuste. »
La militante met également en lumière la réalité quotidienne des personnes âgées : « La vie est très chère. Le prix des médicaments ne cesse de grimper. Où sont les promesses électorales ? Quand pourrons-nous pousser un ouf de soulagement ? »

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