Budget 2025-26 : Steven Obeegadoo parle de «grande déception, voire de la colère»

Les discussions autour du Budget 2025-26 se poursuivent sur les ondes de Radio Plus. L’émission « Au Cœur de l’Info », hier, était consacrée aux principales mesures annoncéesr. À cette occasion, Murvind Beetun a réuni sur le plateau deux invités : le ministre des Affaires étrangères, Ritish Ramful, et l’ancien Deputy Prime Minister Steven Obeegadoo.

Prenant la parole pour la première fois à la radio depuis les dernières élections générales, Steven Obeegadoo n’a pas mâché ses mots. Il est revenu sur les grandes lignes du Budget, qu’il considère comme une déception à plusieurs niveaux. « La population s’attendait à être soulagée, à voir les prix baisser et à faire des progrès. Les entrepreneurs, eux, s’attendaient à des facilitations pour relancer l’investissement. Avec ce Budget, il y a une grande déception, voire de la colère », a déclaré l’ancien Deputy Prime Minister.

Ce dernier a également évoqué un sentiment de trahison. « Les gens s’attendaient à ce que les promesses électorales soient tenues : baisse du prix de l’essence et de l’électricité, transport gratuit, suppression de la redevance télé, internet gratuit, absence de taxes pour les pensionnés, ou encore double pension pour les veuves et les personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, ils sont révoltés, car non seulement rien de ce qui a été promis n’a été réalisé, mais en plus, c’est l’inverse qui se produit : les allocations seront réduites et le système de pensions revu », a-t-il lancé.

Reconnaissant la colère exprimée par une partie de la population, le ministre des Affaires étrangères, Ritish Ramful, a toutefois estimé que cette frustration découle en grande partie du lourd héritage laissé par l’ancien gouvernement. « Lorsque nous avons pris les rênes du pays en novembre, nous avons dressé un état des lieux de l’économie. Avant cela, nous ne connaissions pas les chiffres réels, nous nous basions sur ceux communiqués par l’équipe précédente. Nous avons alors constaté que ces données étaient faussées, et nous nous sommes retrouvés dans une situation économique extrêmement difficile. Et il y avait un choix à faire », a-t-il soutenu.

Pension de vieillesse

Le ministre est revenu sur plusieurs mesures prises par le passé, qui, selon lui, ont largement contribué à détériorer la situation économique actuelle. S’agissant de la pension de vieillesse, il a expliqué que le système mis en place par l’ancien gouvernement, combiné au vieillissement de la population, rendait ce modèle de plus en plus insoutenable. « Le rapport de la Banque de Maurice, dès 2021, tirait la sonnette d’alarme à ce sujet. Il formulait quatre recommandations, dont une portait précisément sur la pension de vieillesse. Or, le gouvernement de l’époque ne les a pas mises en œuvre », a-t-il insisté sur le plateau, en soulignant que la caisse du CSG est aujourd’hui vide.

Steven Obeegadoo, de son côté, s’est interrogé sur l’absence d’un mini-Budget de la part du gouvernement actuel, censé corriger les « erreurs du passé ». « La question que je me pose, c’est : pourquoi n’ont-ils pas proposé des mesures plus tôt ? Ils sont en place depuis un peu plus de sept mois, et pendant ce temps, ils auraient pu agir en présentant un mini-Budget pour réduire les dépenses et augmenter les revenus. Cela reste un mystère pour moi », a-t-il ajouté.

L’ancien Deputy Prime Minister s’est également attardé sur la question du régime de pension, estimant qu’une réforme du système du National Pensions Fund (NPF) était nécessaire. « Je suis le premier à défendre l’idée d’une réforme de notre système de pension. Mais celle proposée par le gouvernement est bancale. Dans les cinq prochaines années, 90 000 personnes atteindront l’âge de 60 ans. Parmi elles, les travailleurs indépendants ou ceux du secteur privé et ils seront les premiers impactés. Le gouvernement n’a pas tenu compte de la pénibilité de certains emplois. Le système de pension aurait dû intégrer davantage de flexibilité », a-t-il affirmé. Au cours de l’émission, il a également critiqué plusieurs autres mesures annoncées dans le Budget.

•  Cette retranscription n’est qu’une partie de l’émission qui est d’une durée de deux heures. Elle est à voir sur les plateformes de Défi Media et la chaîne YouTube de Téléplus.