
Le Budget 2025-26 sera présenté ce jeudi. Nombreux sont ceux qui espèrent des mesures concrètes en matière d’emploi, de logement abordable, d’accès à l’éducation et à la formation. Pour eux, le Budget est un levier potentiel de transformation sociale, à condition que les annonces ne restent pas lettre morte.
Tania Leung : « Il faut des solutions de logement adaptées aux jeunes »

Parmi ceux qui suivront de près la présentation du Budget 2025, il y a cette génération montante, lucide et engagée. Tania Leung, 21 ans, étudiante en administration publique, considère cet exercice budgétaire comme un moment crucial, car il façonne son avenir et celui de ses pairs. « En tant que jeune Mauricienne, le Budget national a un impact direct sur mon avenir. Il oriente les politiques publiques qui influencent mon quotidien, notamment en matière d’éducation, d’emploi, de logement, d’environnement et de numérique », explique-t-elle.
Tania observe que certaines initiatives déjà en place montrent une volonté du gouvernement d’investir dans la jeunesse. Elle cite notamment les efforts pour promouvoir une croissance plus inclusive : « Le Budget met l’accent sur l’investissement dans la population, la réduction des inégalités et la promotion d’une croissance durable. En tant que jeune citoyenne, être informée des mesures budgétaires me permet de comprendre comment elles influencent mon quotidien et mon avenir. »
Elle salue les efforts entrepris pour renforcer le secteur éducatif, mais estime que davantage peut être fait dans des domaines spécifiques : « Bien que le Budget mette l’accent sur l’éducation, il serait bénéfique d’accroître les investissements dans les formations techniques et professionnelles pour répondre aux besoins du marché du travail. »
Sur le plan de l’emploi, elle reconnaît une légère amélioration : « Le taux de chômage est passé de 6,8 % en 2022 à 6,1 % en 2023, ce qui indique une certaine amélioration du marché de l’emploi. » Elle salue aussi le lancement du programme « Industrie du Futur », visant à soutenir une centaine de PME dans leur transition vers l’innovation. « C’est une initiative prometteuse pour stimuler la croissance économique et créer des opportunités pour les jeunes diplômés », dit-elle.
La question du logement reste, selon elle, un défi majeur : « Le gouvernement s’engage à fournir des logements décents aux familles vulnérables, mais il faudrait aussi penser à des solutions adaptées aux jeunes, comme la colocation ou des logements étudiants. Cela faciliterait l’autonomie et l’accès au logement pour les jeunes adultes. »
Elle évoque également les enjeux climatiques, un thème central pour sa génération : « Le Budget alloue des fonds pour lutter contre le changement climatique. Des projets agro-voltaïques et solaires sont annoncés pour améliorer l’accès à l’énergie et sa durabilité. »
Enfin, Tania insiste sur le besoin d’accessibilité numérique. « En tant que jeune, je salue l’idée d’un forfait de données mensuel gratuit qui faciliterait l’accès à Internet. Les prêts à taux zéro pour l’achat d’équipements informatiques sont aussi un pas dans la bonne direction pour encourager l’innovation et l’apprentissage numérique », avance-t-elle.
Pour elle, le Budget 2025/26 doit présenter plusieurs mesures intéressantes à destination de la jeunesse. « Il est essentiel de rester informée et impliquée pour s’assurer que ces initiatives répondent réellement aux besoins des jeunes », conclut-elle, confiante mais vigilante.
Emmanuel Tourmetin : « Il faut aller plus loin et investir dans des centres numériques communautaires »

Pour Emmanuel Bradley Tourmetin, jeune citoyen engagé, le Budget national n’est pas un simple exercice comptable, mais un véritable levier de transformation. À 22 ans, il affirme suivre de près les mesures économiques annoncées, conscient de leur impact sur sa vie quotidienne. « Le Budget représente une feuille de route essentielle qui oriente le développement du pays. Il reflète les priorités du gouvernement et les choix économiques faits pour garantir un avenir meilleur à tous », soutient-il.
S’il avoue ne pas avoir toujours prêté attention aux précédents budgets, Emmanuel explique avoir pris conscience de leur importance au fil de son parcours : « Aujourd’hui, je comprends à quel point ces décisions budgétaires influencent directement mon parcours éducatif, professionnel, social et environnemental. En tant que jeune, je me sens pleinement concerné. »
Sur le volet de l’éducation, il reconnaît les efforts du gouvernement, notamment en matière de gratuité, d’infrastructures et de bourses. « C’est une base solide. Mais mes attentes vont vers une éducation encore plus inclusive et en phase avec notre époque : davantage de contenus numériques, de langues étrangères et de compétences pratiques », souhaite-t-il. Il plaide aussi pour un renforcement des formations en alternance et une intégration accrue des technologies éducatives.
Avancées notables
Concernant l’emploi et l’entrepreneuriat, Emmanuel note des avancées notables. Il cite les dispositifs comme le Youth Employment Programme (YEP), les stages subventionnés ou les incitations à l’embauche dans les PME : « Ces programmes ouvrent des portes. Mais pour que les jeunes trouvent plus facilement un premier emploi, il faudrait renforcer les plateformes d’orientation et de mise en relation avec les entreprises. »
Concernant l’entrepreneuriat, il reconnaît l’utilité du DBM Loan Scheme ou des formations gratuites de SME Mauritius, mais insiste sur la nécessité de simplifier les démarches administratives. « Une aide au marketing digital serait aussi un coup de pouce important pour les jeunes entrepreneurs », souligne-t-il.
Le logement est un autre axe qu’il juge prioritaire. « L’accès à la propriété est difficile sans revenu stable. Les aides aux primo-accédants et les projets sociaux sont utiles, mais il faudrait les élargir », suggère-t-il. Il propose d’explorer des formules comme la colocation encadrée, les résidences étudiantes ou des locations évolutives avec option d’achat.
Sur les questions environnementales, Emmanuel se dit particulièrement préoccupé par les effets du changement climatique : « Le gouvernement agit déjà, notamment à travers les énergies renouvelables, la gestion des déchets et les campagnes de reboisement. Pour aller plus loin, je proposerais des subventions accrues pour les panneaux solaires, les transports verts et plus d’éducation à l’environnement dans les écoles. »
Enfin, le numérique représente pour lui un vecteur clé d’égalité des chances. « Le Wi-Fi gratuit dans certaines zones et les aides à l’équipement sont de bonnes mesures. Mais il faut aller plus loin en investissant dans des centres numériques communautaires et en formant davantage de professeurs en informatique. Le Budget pourrait aussi mieux soutenir les start-up technologiques lancées par des jeunes. »
Pour lui, les initiatives en place sont encourageantes. « Un Budget tourné vers l’avenir passe par la confiance et l’investissement dans la jeunesse. »
Mrynal Daby : « Le Budget doit être une stratégie fiscale cohérente, pas une vitrine populiste »

Pour Mrynal Daby, le Budget national représente avant tout la stratégie fiscale globale du gouvernement. C’est aussi un outil qui permet aux contribuables de comprendre comment leur argent est utilisé dans le cadre du développement socio-économique du pays. Il se sent pleinement concerné par les mesures budgétaires prises par l’État, qu’il considère comme faisant partie du contrat implicite entre un gouvernement élu et les citoyens : « Ne soyons pas crédules, dit-il, c’est avant tout un exercice politique. Mais dans le contexte financier global, ce Budget positionnera Maurice comme une économie expansive ou défensive. »
Il affirme avoir suivi les quatre derniers budgets, dévoilés dans une période marquée par une forte contraction des marchés. À ses yeux, il s’agissait de budgets hautement populistes, dont toutes les attentes n’ont pas été satisfaites. Il garde un œil critique sur les promesses et la réalité des mesures annoncées.
En matière d’éducation, il pense qu’avant de se pencher sur les investissements technologiques, il est urgent de réhabiliter les infrastructures scolaires existantes. Il propose également de repenser la monétisation de l’enseignement supérieur. Selon lui, cela offrirait un meilleur retour sur investissement que les réformes technologiques, pour lesquelles notre système éducatif n’est pas encore prêt.
Il estime aussi que les formations techniques sont aujourd’hui bien valorisées par les employeurs, mais encore insuffisamment reconnues dans le reste de la société. Il prévoit une montée en puissance de ce secteur dans les dix prochaines années. Les métiers techniques, dit-il, pourraient bientôt devenir plus attrayants que les carrières traditionnelles en entreprise.
Il souhaiterait voir le prochain Budget accorder davantage d’autonomie financière aux écoles. Rendre plus fluide le processus de déboursement des fonds pour les établissements permettrait d’améliorer l’environnement d’apprentissage, ce qui favoriserait l’épanouissement social et cognitif des élèves.
S’il reconnaît qu’il existe des opportunités d’emploi pour les jeunes à Maurice, il pense que ces postes ne sont pas toujours adaptés aux nouveaux diplômés. Le secteur des services financiers, par exemple, est en sous-effectif, mais les jeunes ayant une licence ACCA ou un MBA sont nombreux. « Il manque un maillon à la chaîne », résume-t-il. Pour lui, ce n’est pas une aide financière supplémentaire qui facilitera l’accès à l’emploi, mais bien la dynamisation du secteur privé, encore trop sous-exploité.
En tant que jeune entrepreneur, il n’attend ni subvention ni formation. Ce qu’il espère, c’est que les institutions comme le Registrar of Companies (ROC) ou la Mauritius Revenue Authority (MRA) rendent les procédures d’enregistrement, d’emploi et de paiement des contributions plus simples, surtout pour les PME, qui représentent à elles seules la moitié des emplois de l’île.
Sur le volet du logement, il est catégorique : il n’est pas facile pour un jeune d’accéder à la propriété aujourd’hui. Les taux d’intérêt sont trop élevés et les salaires d’entrée, trop bas par rapport à ceux observés dans d’autres pays. Il suggère d’explorer la piste d’une loi permettant l’indexation des revenus à l’inflation mondiale. Si les primo-accédants bénéficient déjà de certaines mesures comme l’exemption du paiement des 5 % de frais d’enregistrement, il pense que les futurs Budgets doivent aller plus loin pour soutenir les jeunes acheteurs. Il juge également pertinent de développer des solutions alternatives comme la colocation, qui devient de plus en plus populaire auprès des jeunes générations. Il propose la mise en place de facilités bancaires spécifiques pour la colocation ou la location d’appartements, tant en milieu urbain que rural. « À Maurice, l’investissement direct étranger porte majoritairement sur l’immobilier. Les solutions sont donc là. »
Concernant l’environnement, il admet ne pas s’inquiéter du changement climatique dans son quotidien, mais en avoir conscience sur le long terme. Pour lui, il n’est pas nécessaire d’investir davantage, mais plutôt de mieux orienter les fonds existants. « Notre système de distribution d’eau souffre de pertes graves et nous n’avons toujours pas de système national de dessalement. Ce sont là des priorités à traiter. »
Il plaide aussi pour des gestes concrets, comme l’arrêt de la distribution de copies papier du Budget à chaque parlementaire. La priorité, selon lui, devrait être la préservation des ressources comme l’eau et l’énergie solaire, avant même de penser aux plages ou aux forêts.
Sur le plan numérique, il adopte une posture neutre, tout en reconnaissant les limites actuelles.
« Le Blueprint présenté récemment semble ambitieux, mais l’accès à Internet reste freiné par une connexion instable au niveau national et une centralisation excessive. » Il se demande si les câbles maritimes seront prochainement modernisés. Pour réduire la fracture numérique, il propose de digitaliser davantage de services du quotidien, comme le transport public, les opérations bancaires ou les achats en ligne locaux. « Tout cela pourrait être facilité avec une simple puce NFC (Near Field Communication) et un compte en ligne. »
Émilie Soogund : « Pourquoi ne pas envisager des bourses de transition vers le monde du travail ? »

Pour Émilie Soogund, activiste de 20 ans engagée pour l’inclusion, le budget national dépasse largement la simple dimension comptable. À ses yeux, c’est un levier stratégique pour bâtir une économie plus juste, fondée sur des valeurs essentielles comme la transparence, la bonne gouvernance et l’égalité des chances. « C’est aussi une responsabilité partagée. Le gouvernement a le devoir d’intégrer les aspirations de la jeunesse dans ses choix budgétaires, et nous, les jeunes, avons le devoir d’y prêter attention », affirme-t-elle avec conviction.
La jeune femme se dit directement concernée par les décisions prises au Parlement, surtout dans le contexte actuel où les attentes sont fortes vis-à-vis du nouveau gouvernement. Depuis la pandémie, elle a commencé à s’intéresser davantage à la gestion des finances publiques, consciente que chaque allocation reflète une vision de société. « Le budget, c’est une boussole qui indique où on veut aller ensemble », dit-elle.
Sur la question de l’éducation, Émilie plaide pour « des infrastructures de qualité », où chaque élève peut apprendre « dans un cadre sûr, aéré et stimulant ». Elle milite aussi pour l’intégration accrue des outils technologiques dans les écoles publiques. Selon elle, les formations techniques ne sont pas encore assez valorisées. Trop souvent perçues comme un second choix, elles devraient au contraire être reconnues comme des parcours porteurs de sens et d’avenir. Elle souhaite voir leur introduction dès le secondaire, ainsi qu’une réduction du nombre d’élèves par classe « pour favoriser un suivi plus humain et individualisé ».
Concernant l’emploi, Émilie reconnaît que certaines initiatives - comme le Youth Employment Programme - ont permis d’ouvrir des portes, mais selon elle, « l’écosystème est encore trop étroit pour absorber tous les jeunes ». Elle encourage à « renforcer les plateformes de mise en relation entre jeunes et employeurs », à « instaurer des services d’orientation professionnelle dès le secondaire » et à
« envisager des bourses de transition vers le monde du travail ».
Elle voit l’entrepreneuriat comme une solution d’avenir mais appelle à plus de soutien : simplification des démarches, accompagnement personnalisé, marketing digital, et surtout, la création d’incubateurs publics pour aider les jeunes à transformer leurs idées en entreprises durables.
L’accès au logement est pour elle une autre zone grise : « Ce n’est ni simple ni réaliste aujourd’hui. Les salaires ne suivent pas, et la précarité rend l’endettement dangereux. » Elle plaide pour des taux d’intérêt préférentiels pour les jeunes actifs, des dispositifs d’aide à l’achat, et le développement de logements étudiants et de foyers pour jeunes travailleurs. La colocation encadrée, notamment dans les zones urbaines, lui semble une piste prometteuse pour favoriser la mixité sociale.
Changement climatique
En matière d’environnement, Émilie se dit profondément inquiète des effets du changement climatique. Elle appelle à des actions concrètes et accessibles, comme l’installation de poubelles publiques, le tri sélectif et des projets de recyclage dans les municipalités. Elle estime que de petites mesures, peu coûteuses, peuvent avoir un grand impact si elles sont bien pensées. Pour un budget plus « écolo », elle propose des subventions à l’agriculture biologique, la formation aux métiers verts, le soutien aux start-up de l’économie circulaire, et la création de clubs écolos dans les établissements scolaires. « Le changement commence aussi dans la cour d’école », estime Émilie Soogund.
Enfin, sur le numérique, la jeune militante salue les efforts récents mais souligne que les jeunes des zones rurales restent trop souvent laissés pour compte. L’inclusion numérique est, pour elle. « un levier clé d’égalité des chances ». Elle propose la mise en place de programmes de reconditionnement de matériel, le prêt d’ordinateurs par les bibliothèques ou les mairies, la formation gratuite aux outils numériques, et un accès libre à Internet dans les lieux publics. « Le numérique ne doit pas être un luxe, mais un droit », conclut-elle.
Raise Brave Girls plaide pour des mesures fortes en faveur des femmes et des enfants

À l’approche de la présentation du Budget 2025-2026, l’association Raise Brave Girls a soumis une série de propositions concrètes au gouvernement. Portées par sa fondatrice Prisheela Mottee, ces recommandations visent à renforcer la protection des femmes et des enfants, en s’inspirant de modèles déjà en vigueur à l’international, notamment en France.
Parmi les mesures phares proposées : l’instauration d’un congé menstruel. « Nous plaidons pour que les femmes souffrant de règles douloureuses puissent bénéficier d’un arrêt de travail de un à deux jours par mois, sur présentation d’un certificat médical », explique Prisheela Mottee. Ce congé serait entièrement indemnisé, sans jour de carence. « Il ne s’agit pas d’un privilège, mais d’une mesure de justice sociale et de bien-être au travail », soutient-elle.
Autre proposition majeure : la généralisation du bracelet électronique antirapprochement dans le cadre des ordonnances de protection. Cet outil technologique permet de géolocaliser à tout moment l’auteur présumé de violences et d’alerter les autorités si celui-ci tente de s’approcher de la victime. « C’est une mesure de prévention qui sauve des vies. Elle a déjà prouvé son efficacité dans plusieurs pays », insiste la fondatrice de Raise Brave Girls.
Dans un souci de protection de l’enfance, l’association recommande également la création de tribunaux virtuels pour les mineurs impliqués dans des procédures judiciaires. Grâce à ces plateformes sécurisées, les enfants pourraient être entendus à distance, dans un cadre plus serein et adapté à leur âge. « Nous voulons réduire les traumatismes liés aux comparutions physiques devant un tribunal. La technologie doit être mise au service de la justice restaurative », souligne Prisheela Mottee.
Ces propositions, selon Raise Brave Girls, répondent à des besoins réels, identifiés sur le terrain par les associations et les victimes elles-mêmes. Elles visent à bâtir une société plus équitable, plus humaine, où la dignité et la sécurité de chacun sont au cœur des priorités budgétaires.
Faire avancer l’égalité
« Nous espérons que ces mesures seront étudiées avec attention et intégrées dans le Budget 2025-2026. C’est en innovant et en écoutant les voix de la société civile que nous pourrons véritablement faire avancer l’égalité et la justice à Maurice », conclut Prisheela Mottee.
En définitive, le budget national ne se résume pas à des chiffres et des colonnes. Pour cette nouvelle génération de Mauriciens, il s’agit d’un véritable levier pour façonner l’avenir. Qu’il s’agisse d’éducation, d’emploi, de logement ou d’environnement, les jeunes attendent des actions concrètes qui répondent à leurs attentes et qui leur ouvrent de réelles opportunités.
Aaïshah Munsoor : « Des centres, comme le MITD, doivent être mieux soutenus »

Pour Aaïshah Munsoor, 22 ans, le budget national n’est pas une affaire distante ou technique. Il incarne une feuille de route qui peut, selon elle, soit ouvrir des opportunités concrètes pour la jeunesse, soit renforcer les barrières existantes. « Il détermine si, en tant que jeune, j’aurais accès à une éducation de qualité, à un emploi stable ou même à un logement. Donc oui, je me sens concernée », affirme-t-elle.
Aaïshah a commencé à suivre les budgets de manière plus attentive depuis la période post-COVID-19, marquée par des annonces censées relancer l’économie et répondre à la précarité croissante. « Quand le gouvernement a annoncé la prolongation de la ‘Prime à l’emploi’, plusieurs de mes amis en ont bénéficié. C’était une mesure qui avait du sens. Mais il reste encore beaucoup à faire », dit-elle.
L’éducation est une priorité. Elle s’inquiète des conditions dans certaines écoles publiques : manque de matériel, laboratoires peu fonctionnels, infrastructures vétustes. Aaïshah insiste aussi sur la valorisation des filières techniques : « Des centres, comme le MITD, doivent être mieux soutenus. Ce ne sont pas des ‘plan B’ : ces formations préparent à des métiers concrets et en demande, comme l’électricité, la mécanique ou l’hôtellerie. »
Sur la question de l’emploi, Aaïshah met l’accent sur « le désespoir de nombreux jeunes diplômés qui peinent à décrocher leur premier contrat ». Elle espère que le prochain budget proposera des incitations plus fortes pour favoriser l’emploi local. « Pourquoi ne pas élargir les stages rémunérés dans les ministères ou dans le secteur privé, comme avec le programme YEP ? » demande-t-elle.
Ambitieuse, elle envisage de lancer un jour une petite entreprise artisanale en ligne mais estime que les moyens manquent : « J’aimerais que la DBM propose des microcrédits à taux zéro et que SME Mauritius offre des formations gratuites accessibles à tous. »
Le logement reste un autre obstacle majeur. « Même en dehors des grandes villes, les prix sont devenus inaccessibles. Les Smart Cities devraient inclure des logements abordables, pas juste du haut standing »,
suggère Aaïshah.
Enfin, elle plaide pour un budget plus vert et plus inclusif sur le plan numérique : subventions pour les panneaux solaires, connexion Internet gratuite dans les bibliothèques, et soutien à l’innovation via le MRIC. « Le changement climatique, l’égalité d’accès à l’information, ce sont aussi des urgences », soutient la jeune femme.
Adarshini Balluck : « La santé des élèves doit aussi faire partie des priorités budgétaires »

Pour Adarshini Balluck, jeune engagée, le budget national est bien plus qu’un simple exercice comptable. Il représente, selon elle, « un moment de vérité pour les jeunes citoyens, un acte politique qui engage l’avenir d’une génération ». « C’est un engagement concret du gouvernement envers les jeunes. C’est à travers lui que se définissent les priorités, les investissements pour notre avenir, et les réformes qui impacteront directement notre quotidien », confie-t-elle.
Elle insiste sur la nécessité pour les jeunes de se sentir concernés par les mesures budgétaires, car « chaque décision peut accélérer ou freiner les opportunités qui s’ouvrent à nous ». Son implication va au-delà d’un simple intérêt. Adarshini se voit comme une passerelle entre la jeunesse et les décideurs, avec la volonté ferme de faire entendre les besoins de sa génération. « C’est un partenariat gagnant-gagnant : leur avenir se construit aussi grâce à ces choix politiques. »
L’éducation reste, pour le jeune femme, un pilier fondamental. Elle plaide pour une modernisation des infrastructures scolaires, une meilleure formation des enseignants et une intégration accrue des technologies. « L’éducation inclusive, le soutien aux élèves défavorisés et la santé des enfants à l’école doivent aussi faire partie des priorités budgétaires. » Adarshini appelle également à alléger les sacs des écoliers en digitalisant davantage les contenus scolaires. Pour le secondaire, un accent renforcé sur les formations pratiques liées aux secteurs porteurs de l’économie mauricienne est préconisé.
L’emploi constitue un autre enjeu crucial. Adarshini déplore un accès trop inégalitaire au marché du travail. « Beaucoup de jeunes sont laissés pour compte au profit du favoritisme politique. » Selon elle, il est « urgent de remettre la méritocratie au cœur du système ». Elle propose des programmes de mentorat, des stages professionnalisants, des subventions pour les entreprises qui embauchent des jeunes, ainsi qu’un accompagnement renforcé pour l’entrepreneuriat. « Nous avons besoin de formations concrètes, de financements, de lieux pour tester nos idées, comme des incubateurs », dit l’intervenante.
Le logement des jeunes est aussi un combat. Les conditions actuelles d’accès au crédit et le coût de l’immobilier rendent l’achat d’un bien presque inaccessible. Adarshini Balluck propose des aides ciblées, des taux préférentiels et des projets de colocation encadrés. Enfin, elle met un accent fort sur l’écologie. « Il faut un budget à la hauteur des enjeux climatiques. La jeunesse doit devenir actrice du changement à travers des projets concrets, soutenus par un Plan Jeunesse & Climat », est-elle d’avis.

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