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Budget 2023-24 : Vers une continuité de la philosophie économique ?

Le développement infrastructurel était une importante composante des derniers budgets de l’État. Roshaan Kulpoo et Takesh Luckho.

Le ministre des Finances prononcera son discours du Budget ce vendredi 2 juin à partir de 17 heures à l’Assemblée nationale. Comme les années précédentes, sur la forme, Renganaden Padayachy choisira probablement la langue française pour égrener les mesures du budget de l’État 2023-24. Sur le fond, la question est de savoir si le contenu s’inscrira toujours dans la philosophie économique suivie par le Grand argentier depuis son premier Grand oral en juin 2020.

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Le compte à rebours est lancé. À J-2 du Grand oral de Renganaden Padayachy, plusieurs observateurs, s’appuyant sur les derniers budgets de l’État présentés par le ministre des Finances, tentent d’anticiper la philosophie économique qui sera adoptée par ce dernier. L’élaboration du Budget 2023-24 s’est, en effet, effectuée dans un contexte économique différent. 

Les budgets précédents du Grand argentier, rappelle Takesh Luckho, étaient axés sur le développement infrastructurel. « Le pays, mais aussi le monde, est passé par deux années de pandémie. La crise ukrainienne a suivi. Nous n’avons pas été témoins d’un fil conducteur pour la croissance à Maurice, mais de budgets orientés vers l’infrastructure. Le gouvernement a joué la carte de la sécurité. Il y a également eu des mesures de soutien aux entreprises et PME », explique l’économiste. Il estime que la croissance a été portée par les projets d’infrastructures publiques, la construction et l’immobilier. Toutefois, Renganaden Padayachy a affirmé récemment que « la crise est derrière nous ». 

À quoi donc faut-il s’attendre pour le Budget 2023-24 ? Roshaan Kulpoo, expert dans le domaine de l’inclusion financière en Afrique, fait comprendre que des solutions à plusieurs défis sont prioritairement attendues. Il met en exergue que 30 à 40 % de la population mauricienne, touchant un salaire mensuel compris entre Rs 15 000 et Rs 18 000, peine à joindre les deux bouts. 

« Nous faisons face à une crise du coût de la vie qui inflige un maximum de dégâts à ceux qui sont le moins capables de la supporter. Nous peinons à maintenir Maurice dans la catégorie des pays à revenu élevé. Alors que d’autres pays progressent, ici, il nous faut trois ans pour retrouver le niveau de 2019. Le produit intérieur brut en 2022 était encore de 96 % du PIB réel de 2019. Et le gouvernement n’a pas grand-chose à voir avec la poussée de croissance en 2022. La consommation est passée de 2,1 % en 2021 à 3,8 % en 2022 et les touristes reviennent en nombre plus ou moins conforme à la tendance mondiale, bien que nous ayons toujours des dépenses plus faibles par touriste comparé à nos concurrents », argue-t-il. 

Roshaan Kulpoo déplore également que des mesures populaires irresponsables aient entraîné des niveaux élevés de déficit budgétaire et de dette publique. Néanmoins, Takesh Luckho indique que la philosophie économique du ministre des Finances - l’investissement dans l’infrastructure par exemple - est une forme de garantie de croissance sûre. « Ce n’est pas uniquement à Maurice. Dans les années 1982-83, lors de la récession aux États-Unis, les autorités américaines voyaient en ce type d’investissement un moyen de sortir d’une situation inédite depuis la Grande Dépression des années 30. »  

Or, la croissance via l’infrastructure ne profite pas à la population dans son ensemble. Cette dernière, explique Takesh Luckho, ne bénéficiera que d’une petite part du gâteau. Pour cause, les partenaires étrangers engagés dans les projets de construction à Maurice importeront leur main-d’œuvre. Ce faisant, il n’y aura pas de création d’emploi pour les Mauriciens. 

Par ailleurs, Takesh Luckho est d’avis que le ministre des Finances suivra probablement la même philosophie économique pour cet exercice que lors des derniers. Avec les élections en ligne de mire, selon lui, le Budget 2023-24 pourrait renfermer des mesures populaires, mais aussi des projets d’infrastructure.  « L’extension du métro dans d’autres régions du pays est une mesure éventuelle », avance-t-il.

 

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