Les yeux seront rivés, ce vendredi, sur la présentation du Budget 2023-24 par le ministre des Finances Renganaden Padayachy. Si l’attention des acteurs économiques sera braquée sur les mesures en faveur de l’environnement des affaires, celle du petit peuple se concentrera davantage sur l’annonce d’initiatives visant à améliorer leurs conditions de vie.
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Actuellement, selon les observateurs économiques, les familles mauriciennes à moyen et faible revenu consacrent en moyenne 50 % de leur budget ménager à l’achat des produits alimentaires. Cette tranche de la population, largement majoritaire, souffre beaucoup de la vague inflationniste qui frappe le commerce en général depuis 2020.
« Que peut-on attendre d’autre du Budget qu’une amélioration de nos conditions de vie. J’ai 67 ans et je dois continuer de travailler pour subvenir aux besoins de ma famille car la vie est de plus en plus difficile, surtout si l’on a toujours des enfants à charge », affirme Ajay, marchand de légumes.
Il souhaite avant tout que le gouvernement prenne des mesures pour stabiliser la roupie en vue de freiner l’inflation. Ce commerçant se plaint que ses ventes ne cessent de baisser parce que plus les prix sont élevés, plus les clients ont tendance à acheter en moindre quantité. Il espère aussi que le montant de la pension de retraite de base va monter à Rs 13 500, comme promis par l’actuel gouvernement pendant la dernière campagne électorale.
Une hausse de la pension est attendue notamment par les seniors.
Gaétan, 45 ans, est employé d’un organisme parapublic. Il aimerait voir un allégement ciblé de la fiscalité. « Il est très dur, pour un père de famille, de trouver une dizaine de milliers de roupies chaque année pour payer l’impôt sur le revenu. Bien sûr, les recettes fiscales servent à financer les projets de développement du pays, mais à mon avis, le gouvernement devrait revoir le barème gradué afin de taxer davantage les plus riches. Outre l’impôt sur le revenu, on doit aussi payer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur la plupart des produits et services, sans compter les taxes et contributions qui sont imposées sur les carburants. Si le gouvernement veut vraiment soulager la population, c’est par une réforme fiscale qu’il doit commencer », estime-t-il.
La prudence est de mise
La crainte d’Elsie, 87 ans, est qu’en raison d’un calcul purement électoraliste, le gouvernement prenne des mesures populaires qui risquent de mettre en danger l’économie nationale. « Certes, tous les retraités veulent une hausse de la pension de vieillesse. Je ne suis pas contre non plus mais je pense qu’il serait plus prudent de faire baisser, autant que possible, les prix des commodités. Un système de subventionnement ciblé pour aider les plus faibles de la société me semblerait judicieux. » Elle fait observer que le prix d’un sachet de lait en poudre d’un kilo est près d’atteindre Rs 300 et qu’une boite de pilchards se vend maintenant à Rs 108 contre Rs 70 il n’y a pas si longtemps.
Véronique, étudiante de 22 ans, explique que ce qui la préoccupe le plus est de pouvoir trouver un emploi rémunérateur après ses études tertiaires. « Contrairement à certains jeunes, je ne me vois pas partir travailler à l’étranger, loin de ma famille. On discute beaucoup de ce sujet entre jeunes et je peux affirmer qu’une majorité d’entre nous préféreraient travailler dans leur île natale et y fonder une famille, surtout dans un contexte où la situation géopolitique dans le monde est très préoccupante. »
Ainsi, pour Véronique, l’accent doit être mis sur la création d’emplois attractifs et les opportunités de carrière pour la nouvelle génération. Elle insiste sur l’importance de développer de nouveaux secteurs tels que l’économie océanique et l’agriculture moderne, notamment pour assurer l’autosuffisance alimentaire, mais aussi d’explorer les possibilités qu’offre l’entrée dans l’ère de l’intelligence artificielle.
« Je souhaite également que le gouvernement réforme en profondeur notre système éducatif car il est triste de constater, chaque année, le taux d’échec généré par le système actuel. Ce sont des milliers de jeunes qui voient leurs rêves brisés à jamais », conclut-elle.
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