À l’approche du prochain Budget, les discussions se concentrent sur des sujets qui nécessitent une attention particulière. Les enjeux de la croissance économique, du pouvoir d’achat et de la pénurie de main-d’œuvre sont au centre des débats des experts en la matière. Selon les rumeurs, le discours budgétaire devrait avoir lieu le 30 mai prochain.
Pressentie dans un premier temps pour la première semaine de juin, la date du 30 mai semble de plus en plus sérieuse pour la présentation du Budget 2023-24. Après deux années de crise économique, suivies d’une reprise marquée par une croissance de 7,8 % en 2022, ce budget revêt une importance majeure pour l’avenir de l’économie locale. De ce fait, les mesures devront être orientées dans la continuité du plan de reprise qui a été mis en place après la Covid, indique Ganessen Chinnapen, économiste spécialiste en développement. Il suggère un Budget qui intègre une accélération de la reprise économique à travers une croissance forte, soutenable et inclusive. « Le prochain budget devra accélérer la reprise économique, créer la résilience, stabiliser les prix pour garantir une protection sociale aux plus vulnérables et stimuler l’investissement privé dans plusieurs secteurs clés », ajoute-t-il.
La croissance économique devrait être la locomotive du Budget 2023-24 selon Paul Baker, CEO de l’International Economics Consulting. Il souligne que la croissance est essentielle pour rembourser la dette élevée et améliorer le pouvoir d’achat des Mauriciens. « Les autorités tablent sur une croissance de 5 % cette année. Cela aura un impact important sur la population et sur l’économie en général. Un tel taux s’il est atteint, influencera positivement en créant plus d’emploi », indique-t-il.
Si les mesures budgétaires sont élaborées avec la croissance en ligne de mire, elles devront confirmer que Maurice est bel et bien sur la voie de la reprise. Ganessen Chinnapen préconise un Budget qui favorise la croissance et la création d’emplois dans des secteurs tels que le tourisme, l’informatique et les services financiers susceptibles de contribuer à la croissance économique cette année. « Il faut venir de l’avant avec un mécanisme qui va permettre de contrecarrer les chocs externes que sont l’inflation, l’instabilité des prix ou encore l’effet de la politique monétaire », poursuit-il.
30 mai.
C’est la date qui aurait été avancée pour la présentation du Budget, d’après les bruits du couloir.
Les grands axes selon...
... Paul Baker
- La santé
- La productivité
- La main-d’œuvre
- Intégration de la technologie
- L’aspect social et la flambée des prix
- Réduction des inégalités qui se creusent
... Ganessen Chinnapen
- Créer de la résilience pour le tourisme et inciter les acteurs à investir dans l’innovation.
- Miser sur des services haut de gamme dans le secteur de l’informatique.
- Réinventer le secteur financier et capitaliser sur la sortie de la juridiction de la liste grise du Groupe d’action financière.
- Investir dans des secteurs émergents comme la pharmaceutique et l’énergie renouvelable.
Manque de main-d’œuvre
Goulet d’étranglement
La productivité est un facteur essentiel pour la croissance. Or, celle-ci est entravée par le manque de main-d’œuvre. Le sujet a pris une envergure nationale où divers secteurs sont concernés, voire affectés par la problématique. Jennifer Webb de Comarmond, directrice de Proactive Talent Solutions, affirme que les cols bleus, autrement dit les emplois manuels, traduisent particulièrement la pénurie de main-d’œuvre. « Cela génère aujourd’hui le manque à gagner financier le plus important », précise-t-elle.
L’évolution démographique de Maurice n’arrange guère la situation. Bien au contraire, selon Ganessen Chinnapen, elle amplifie la problématique de la main-d’œuvre. La raison avance l’économiste, est que la longévité augmente au moment où la population active diminue de même que le taux de natalité. « Maurice totalise quelque 650 000 personnes actives sur une population d’environ 1.3 million. Cela représente 51 % seulement de la population. Ce taux est appelé à baisser à 50 %, voire 40 % lors de la prochaine décennie », fait-il remarquer.
Le Budget 2023-24 devrait ainsi être l’occasion à ne pas rater pour apporter des solutions à la problématique de la main-d’œuvre. Jennifer Webb de Comarmond est d’avis que le sujet mérite une réflexion beaucoup plus structurée et un plan national stratégique avec l’objectif d’attirer et de retenir les talents. « Le plan devrait être établi de concert entre le secteur public et le privé. Il est important d’analyser les besoins et les secteurs touchés avant de définir une stratégie de recrutement diversifiée pour les ressources locales et étrangères », souligne-t-elle.
La formation pourrait également être une solution plausible comme réponse au manque de main-d’œuvre. S’appuyant sur les chiffres du Forum économique mondial, elle affirme que plus de 50 % de la main-d’œuvre mondiale a besoin d’être requalifiée (ou de se voir dispenser de nouvelles compétences). « L’amélioration des compétences sera incontournable pour les formations métiers dans le court terme », conclut Jennifer Webb de Comarmond.
Selon une source proche du dossier, il est important que les mesures budgétaires tiennent compte des besoins de certaines filières, notamment en matière d’éducation et de formation. Pour certaines filières, le syllabus des universités publiques n’a pas été mis à jour depuis un certain temps, ce qui ne permet pas aux diplômés d’avoir les compétences requises par le marché du travail. Par exemple, le secteur de l’informatique est en constante évolution et nécessite une mise à jour régulière des programmes universitaires, tous les 3 à 5 ans. Cela permettrait de répondre au déséquilibre sur le marché du travail et de remédier à la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs.
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