Budget 2022/23 : entre espoir et appréhension

Comme chaque année, les Mauriciens, qu’ils soient simples citoyens, entrepreneurs ou représentants des associations des consommateurs et de la société civile attendent le Budget avec une certaine appréhension. 

Maya Sewnath, présidente de SME Chambers : « Des mesures pour soulager les PME »

Comme tous les entrepreneurs, Maya Sewnath, la directrice de SSS Furniture et présidente de SME Chambers, attend le budget avec crainte et espoir. « Ma plus grande crainte, c’est que le gouvernement ne prenne aucune mesure pour régler le problème de fret et de l’endettement des petits entrepreneurs. Nous avons demandé des subsides sur le fret sur le court terme pour nous soulager dans ces moments difficiles », dit-elle.  Maya Sewnath appréhende aussi que certaines demandes des petits entrepreneurs dans le cadre du budget ne soient pas prises en considération. « Nous avons demandé que le gouvernement nous accorde des subsides sous forme de grant, car les prêts nous plongent davantage dans l’endettement.  Nous avons aussi réclamé une baisse de la TVA sur les matières premières », poursuit-elle.

La directrice de SSS Furniture craint surtout que le gouvernement annonce une hausse salariale. « Cela compliquera davantage la situation des PME », souligne-t-elle. 

D’autre part, elle souhaite qu’il y ait des mesures pour soulager la population surtout les personnes plus pauvres. « Il y a des familles qui ne mangent pas à leur faim. Je souhaite qu’il y ait des mesures pour faire baisser les prix dans les supermarchés et les pharmacies.  Certains prix sont vraiment exorbitants », dit-elle.

Jayen Chellum, secrétaire général de l’Acim : « Je m’attends à une baisse des prix de l’essence et du diesel »

Le secrétaire-général de l’Association des Consommateurs de l’Ile Maurice (Acim), Jayen Chellum, explique qu’il est dans l’expectative. « Je souhaite qu’il y ait une baisse substantielle des prix de l’essence et du diesel et aussi qu’il y ait d’autres mesures pour contenir l’inflation galopante dans le commerce et pour compenser la perte de pouvoir d’achat des consommateurs. Toutefois, il ne faut pas qu’il y ait des mesures populistes qui pourraient mettre en péril notre économie », dit-il. 

Deepak Benydin, syndicaliste : « Ne touchez pas à l’État providence »

Le président de la Federation of Parastatal Bodies & Other Unions dit être dans l’expectative. « À la vieille du budget, on entretient toujours une certaine crainte, mais en même temps, on s’attend à ce que le gouvernement annonce des mesures pour soulager la population », dit Deepak Benydin. Cela dit, il s’attend à ce que le gouvernement prenne des mesures pour alléger le fardeau des consommateurs face à la flambée des prix. « À cet effet, je souhaite aussi qu’il augmente le salaire minimum ainsi que la pension de vieillesse par au moins Rs 1 000. Il ne faut pas oublier que les pensionnés n’ont pas obtenu de compensation salariale ces deux dernières années », poursuit-il. Le syndicaliste redoute surtout une hausse de la TVA. « Cela affectera davantage les plus pauvres, car une telle mesure entraînera une hausse des prix de la majorité des produits dans le commerce », fait-il ressortir. Il garde tout de même l’espoir que malgré la situation difficile, le gouvernement maintiendra l’État providence afin de protéger les plus démunis et s’attend à une refonte du système de santé publique. 

Amrita Seenanan, entrepreneure : « Faire baisser les prix »

« Comme chaque année, j’attends la lecture du budget avec impatience, mais aussi avec appréhension », avance Amrita  Seenanan, directrice de DADS Fleuriste. Elle souhaite surtout qu’il y ait « des mesures pour faire baisser les prix ». « Avec la hausse des prix des carburants et des fertilisants, les fleurs coûtent de plus en plus cher. Et, nous ne pouvons pas augmenter nos prix pour ne pas perdre nos clients. Surtout que les fleuristes pullulent à tous les coins de rue », déplore-t-elle. L’entrepreneure souhaite aussi des mesures pour soulager les plus démunis.

Arvind Nilmadhub, économiste : « Une révision de la taxation »

L’économiste Arvind Nilmadhub, appréhende surtout une hausse de la taxation qui affecterait toutes les classes sociales.  « On s’attend à ce que les riches dont les retraités viennent s’installer à Maurice et en même temps, ils sont taxés à 40 %. C’est sûr qu’ils iront ailleurs où la taxation est plus légère », fait-il remarquer. Parallèlement, il souhaite une baisse de la TVA pour soulager la population.  Toutefois, il estime que le gouvernement ne doit pas venir avec trop de mesures populistes qui pourraient impacter négativement sur l’économie nationale.

Potaya Kuppan, président de la Senior Citizen Federation : « Une certaine appréhension »

Le président de la Senior Citizen Federation, Potaya Kuppan, avoue qu’il a des appréhensions par rapport à certaines mesures que pourrait introduire le ministre des Finances et qui affecteraient la population en général. Il garde, cependant, espoir que ce dernier annoncera des mesures pour soutenir les seniors face à la situation économique difficile. « Je m’attends surtout à ce qu’il augmente la pension de vieillesse par Rs 2 000 pour rétablir le pouvoir d’achat des seniors. C’est un fait que la pension de Rs 9 000 est engloutie par la forte poussée de l’inflation. Face à la situation précaire des pensionnés, certaines boutiques ne leur accorde plus de crédit, de peur qu’ils ne puissent pas régler leur ardoise. Je souhaite aussi que le ministre des Finances prenne des actions pour compenser la perte du pouvoir d’achat des travailleurs en général », souligne-t-il.

Eric Mangar, directeur du Mouvement autosuffisance alimentaire : « Espoir mêlé de crainte »

Le directeur du Mouvement autosuffisance alimentaire, Eric Mangar, est animé par un sentiment d’espoir mêlé d’une certaine crainte. « On vit actuellement une crise économique sans précédent, qui pourrait résulter en une crise alimentaire sur le plan mondial.  Dans pareille situation, je pense surtout aux plus pauvres », dit-il. À cet effet, il souhaite que le ministre des Finances annonce des mesures pour promouvoir l’autosuffisance alimentaire.