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Budget 2021-22 - Taxe sur la fortune, subvention des salaires… Ces attentes et ces appréhensions 

Dans quelques heures, tous les regards seront braqués sur le ministre des Finances qui prononcera son discours à la présentation du Budget 2021-22. En attendant que le Grand argentier énumère les mesures à l’Assemblée nationale, à l’aide de sa tablette tactile, des espoirs et des appréhensions animent le monde des affaires. 

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Mesures redoutées

  • Taxe sur la fortune

Ces derniers jours, le bruit court que le ministre des Finances introduira une taxe sur la fortune. Interrogé quant à l’éventuelle application d’une telle mesure, un économiste explique qu’une Wealth Tax imposée à 10 % ou 15 % des plus fortunés peut être positive et pourrait être perçue comme une forme de politique de justice social élémentaire. 

« C’est une bonne mesure de redistribution au moment où le pays a besoin de revenus. Les surcharges sur l’Income Tax sont aujourd’hui discriminatoires. On pourrait les remplacer par la taxe sur la fortune. Il faut dire qu’une politique libérale est favorable à la croissance, mais pas à la redistribution », fait-il comprendre. 

  • Taxe sur les transactions financières

L’éventualité qu’une taxe soit imposée sur les transactions financières a également été évoquée. Le secteur financier étant confronté à des défis de taille, certains opérateurs espèrent qu’une telle taxe ne sera pas introduite dans ce Budget. Le mome nt serait mal choisi. 

« Nous sommes sur la liste noire de l’Union européenne. Nous sommes objectivement en perte de réputation », lâche-t-on. De plus, vu qu’une telle mesure pourrait influencer l’attractivité de Maurice, elle risque de compromettre l’ambition du pays d’attirer davantage d’Investissement direct étrangers, qui permettraient de développer de nouveaux créneaux. 

  • Hausse de la taxe sur les boissons alcoolisées et les cigarettes 

Une hausse des droits de douane sur les boissons alcoolisées et les cigarettes est une des mesures les plus redoutées par les consommateurs. Les ministres des Finances utilisent ce stratagème dans diverses présentations budgétaires pour remplir les caisses de l’État de plusieurs millions de roupies. Renganaden Padayachy optera-t-il pour cette solution ? La réponse sera connue ce vendredi. 

Entre-temps, les fournisseurs de boissons alcoolisées appréhendent une hausse de la taxe. Pour ce qui est des cigarettes, certains observateurs estiment que cette éventualité est peu probable, d’autant que les prix ont été augmentés récemment. Une nouvelle hausse serait donc mal perçue. À savoir que l’an dernier, il n’y a eu aucune mesure en ce sens dans le Budget. 

Mesures souhaitées 

  • Baisse de la TVA sur certains produits de base 

Il y a unanimité pour que la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de plusieurs produits de base soit revue à la baisse. Selon les associations des consommateurs, cela permettrait de soulager les ménages, surtout les plus démunis, face aux hausses de prix en cascade observées ces derniers mois. Une telle mesure ne pourrait que faire grimper la cote de popularité du ministre des Finances. L’idée d’introduire des coupons alimentaires pour soutenir les plus vulnérables a également été évoquée. 

  • Subvention des salaires pour les PME qui recrutent 

Le Support to Unemployment Scheme, c’est-à-dire une subvention des salaires pour chaque nouveau recrutement dans certaines Petites et moyennes entreprises (PME). Cette mesure, qui sera probablement annoncée dans le Budget, bénéficierait à environ 11 000 nouveaux employés des PME évoluant dans plusieurs secteurs d’activité. 

À travers ce programme, le gouvernement paiera les salaires à hauteur de Rs 10 575 maximum par mois. Divers ministères ont travaillé sur les critères du Support to Unemployment Scheme. Reste à savoir si des changements ont été apportés ou si cette mesure sera étendue à d’autres secteurs. Selon un économiste, un moyen approprié pour soutenir les PME serait de faciliter leur restructuration. « Les PME sont pénalisées par le Labour Regulation. Il faudrait améliorer leur compétitivité et réduire la Payroll Tax », argue-t-il.  

  • Protection des travailleurs

L’allocation chômage revient avec insistance pour protéger le travailleur. Toutefois, on préconise que cette mesure se fasse dans un format taillé sur mesure par l’entremise de formations continues, c’est-à-dire des « on-the-job trainings » financés par l’État. « Le chômeur pourrait toucher son salaire pendant un an, de même que ses bénéfices, le temps qu’il se forge un nouveau talent », fait-on ressortir. Il se pourrait aussi que le gouvernement vienne avec une autre formule, d’autant que l’an dernier, il avait revu les paramètres du Workfare Programme. 

Quelle philosophie pour ce nouvel exercice ? 

Après avoir présenté le Budget 2020-21 s’intitulant « Notre Nouvelle Normalité – L’Économie de la Vie », le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, n’avance pas en terrain inconnu aujourd’hui. Il sera à son deuxième discours budgétaire dans un contexte de pandémie.  À quoi s’attendre de l’exercice du jour ? Le Budget 2020-21 s’articulait autour de trois thématiques : déployer le « Plan de relance de l’investissement et de l’économie » ; s’engager dans des réformes structurelles majeures ; et assurer un développement à la fois durable et inclusif. Pour le Budget 2021-22, les analystes sont d’avis que l’accent devrait être mis sur la croissance, couvrant l’importance des PME, la protection de l’emploi ou encore la capacité à attirer davantage d’investissements directs étrangers. 

Or, un économiste fait ressortir qu’il y a des courants contradictoires entre les mesures de croissance et le fait de balancer les comptes. Il rappelle que la COVID-19 a exacerbé la mauvaise situation économique du pays. 

« La Banque mondiale n’a pas dit que Maurice a perdu de sa compétitivité en raison de la pandémie. Si nous sommes là où nous en sommes aujourd’hui, c’est à cause de mauvais choix. A-t-on appris de nos leçons ? Les politiques d’austérité ne résoudront pas les problèmes. Nous avons besoin de solutions structurelles afin d’augmenter nos exportations, d’encourager les talents étrangers à venir à Maurice ou encore de hausser les investissements directs étrangers », conclut l’économiste.

Fabrice Larétif – f.laretif@defimedia.info

 

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