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Budget 2021-22 : l’heure n’est pas au populisme, selon des observateurs politiques

Amédée Darga, Jean Claude de l’Estrac et Faizal Jeeroburkhan.

Le jour J de la présentation du Budget 2021-22 est arrivé. Beaucoup d’observateurs politiques font ressortir que le ministre des Finances devra choisir entre une opération séduction envers la population et des mesures courageuses qui aideront à reconstruire le pays. Pour eux, l’heure n’est plus au populisme. 

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Renganaden Padayachy, ministre des Finances, a été confronté à un choix cornélien. Présentera-t-il des mesures courageuses pour reconstruire le pays touché par la crise liée à la COVID-19 ? Ou alors se lancera-t-il dans une opération séduction à travers des mesures populaires pour que le gouvernement marque des points auprès de la population ? Le verdict sera connu ce vendredi 11 juin 2021 à la présentation du Budget 2021-22. 

Le ministre doit présenter un Budget qui redonnera de l’espoir à la population, selon Amédée Darga, directeur de Straconsult. « Il s’agit d’un double exercice en matière de politique monétaire et sur le plan psychologique. Si le ministre veut le réussir au vu des conditions, il doit créer un Feel-Good Factor et un Confidence Factor. Il ne faut pas oublier que le pays a été égratigné par plusieurs institutions internationales », soutient-il. 

Amédée Darga prévient toutefois qu’il ne dit pas que le Grand argentier devrait s’engager dans un exercice populiste. « Je ne lui dis pas d’aller distribuer des bonbons çà et là », dit-il. Ce qu’il essaie de dire c’est que le ministre ne peut pas se permettre de présenter des mesures qui alourdiront non seulement le fardeau financier du pays mais aussi le fardeau fiscal des particuliers et des entreprises. 

Le directeur de Straconsult explique que l’introduction de nouvelles mesures fiscales pour les entreprises pourrait avoir de sérieuses répercussions sur les Petites et moyennes entreprises (PME) qui sont des sociétés très fragiles. « Je ne suggère pas au ministre de leur proposer des aides financières. Mais il pourrait leur proposer une amnistie sur tous les ‘assessments’ que la Mauritius Revenue Authority ferait sur elles. Un montant de Rs 500 000 serait un énorme soulagement », estime-t-il. 

« Il faudrait également des mesures fiscales afin d’inciter particuliers et entreprises à créer des Equity Funds. Ce type d’idées pourrait aider à relancer les PME », ajoute Amédée Darga. Il propose que le gouvernement crée un Equity Fund afin de lancer 25 entreprises locales qui pourraient inciter les jeunes à se lancer dans le secteur agricole et l’agro-industrie. « Le ministre permettrait ainsi aux gens de voir qu’il s’agit d’un Budget qui permettra à la population, surtout aux jeunes professionnels, de retrouver l’espoir en l’avenir. »

Produire des efforts 

De son côté, Jean Claude de l’Estrac, ancien rédacteur en chef, est catégorique : la politicaille n’a pas sa place dans le Budget présenté en ce vendredi. Il est d’avis que l’heure est grave et la situation économique du pays catastrophique. « Il est temps que le ministre dise toute la vérité à la population. Il faut mobiliser la population pour produire des efforts qui seront nécessaires au redressement du pays. Ce serait catastrophique que, pour des raisons politiciennes, le ministre masque les faits et continue à endormir la population, car il faudra bien se réveiller et le réveil risque d’être brutal », dit-il. 

En somme, selon lui, au vu du contexte économique, le Grand argentier ne peut pas se permettre de se lancer dans une opération séduction envers la population. « Il faut des mesures qui aideront à réduire la dette astronomique que nous connaissons tous », poursuit Jean Claude de l’Estrac. « C’est la vérité des faits et des chiffres dont on a besoin et non d’un maquillage politicien », conclut-il. 

Mesures strictes et impopulaires

Faizal Jeeroburkhan, de Think Mauritius, abonde dans son sens. Il est d’avis que le ministre est sur la corde raide et que le gouvernement aura du mal, à travers ce Budget, à faire les yeux doux à son électorat. « On ne peut pas faire dans du populisme. Il faudra présenter des mesures strictes et impopulaires », dit-il. Il ajoute que le ministre se trouve à la croisée des chemins et qu’il devra choisir entre redorer l’image de son parti ou jeter les bases pour la construction d’un avenir meilleur pour les Mauriciens.

 

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