Avec la présentation d’un dernier Budget pour l’actuel mandat, le Premier ministre et ministre des Finances Pravind Jugnauth aura la lourde tâche de formuler un plan sauvetage pour plusieurs secteurs en difficulté.
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Attention particulière aux secteurs traditionnels en difficulté et revalorisation des secteurs émergents. Les économistes que nous avons sollicités sont d’avis que les secteurs du sucre, du textile et du tourisme devront bénéficier d’une attention particulière. Quid des secteurs, comme les services financiers et les technologies de l’information et de la communication (TIC), qui ont affiché des signes encourageants ces dernières années ? Plusieurs économistes et acteurs sont d’avis que leur potentiel n’a pas été pleinement exploité.
Urgence : Secteur sucre
D’abord, en ce qu’il s’agit des secteurs dits traditionnels, on estime qu’il y a « urgence au niveau du secteur sucre ». Ganessen Chinapen soutient que le Grand argentier ne pourra répéter la même erreur que l’année dernière. « Il y a eu une confusion, ainsi qu’une certaine incompréhension. On s’attendait à des mesures pour le secteur sucre, ainsi que pour le secteur de l’agro-industrie en général, mais il n’y a rien eu », explique-t-il. L’économiste dit d’ailleurs « craindre le pire » concernant le secteur sucre. « Si la crise continue, nous risquons de nous retrouver dans une situation où nous serons contraints d’importer du sucre pour notre propre consommation », dit-il. Ainsi, pour booster ce secteur et celui de l’agro-industrie en général, l’économiste propose la création d’un Small Planters Fund. « Un fonds dans lequel le gouvernement pourrait puiser pour venir en aide aux planteurs, lorsqu’ils font face à des crises qui sont en dehors de leur contrôle : sècheresse ou invasion d’insectes dans les champs. C’est une mesure réalisable, qui a été appliquée dans plusieurs pays, dont l’Inde », affirme Ganessen Chinapen.
Business Mauritius : Manque de visibilité
Le Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius, Kevin Ramkaloan, partage le même avis que d’autres économistes sur l’importance de se concentrer davantage sur les secteurs traditionnels, qui sont en souffrance depuis quelques années. Ainsi, dans le document qui a été soumis au ministère des Finances cette semaine, dans le cadre de la présentation prochaine du Budget, Business Mauritius n’a pas manqué de « décrier le manque de visibilité » qui prévaut dans le secteur du sucre. « Il y a d’abord un manque de visibilité au niveau des prix pratiqués pour le sucre et la bagasse », peut-on lire dans le document de Business Mauritius.
Ensuite, soutient Business Mauritius, il devient primordial que le gouvernement s’engage à proposer une réforme au niveau de la loi régissant les travailleurs du secteur sucre. « Il faut intégrer des lois mainstream pour ce secteur », propose cette instance. Il est, par ailleurs, temps de procéder à une étude qui viendra faire la lumière sur les environmental benefits des activités liées à la plantation de la canne à sucre, propose Business Mauritius.
Coup de pouce au tourisme
Autre secteur ayant beaucoup souffert ces dernières années et qui aura besoin d’un sérieux coup de pouce lors du prochain exercice budgétaire : le tourisme. Après avoir subi une décroissance de 6,8 % en 2018, on estime qu’il y a urgence. Maurice a, en 2018, accueilli 66 000 touristes chinois. Anil Gayan avait, au Parlement en avril, attribué cette baisse dans les arrivées à une réduction du budget consacré à la promotion de la destination Maurice sur le marché chinois, ainsi qu’à l’arrêt des activités d’Air Asia X sur l’île en mars 2017. Eric Ng plaide ainsi pour un marketing plus agressif sur le marché chinois. Malgré les réserves exprimées par le leader de l’opposition et ancien ministre du Tourisme Xavier-Luc Duval, qui avait conseillé au gouvernement de se focaliser sur d’autres marchés, Eric Ng est d’avis que ce marché peut encore profiter à Maurice. « Nous pouvons encore rectifier le tir concernant le marché chinois. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe aux Maldives », dit-il. Ce pays, qui compte 430 000 habitants, a, en 2015, accueilli environ 360 000 touristes chinois.
Secteurs émergents
Par ailleurs, si tous s’accordent à dire que le ministre des Finances devra apporter une bouffée d’air frais à ces secteurs en difficulté, Ganessen Chinapen fait ressortir qu’on ne peut se permettre d’ignorer les secteurs émergents, tels que les TIC et le secteur financier.
Bien que le secteur des TIC a, en 2018, enregistré une croissance de 5,5 %, Ganessen Chinapen croit savoir qu’il est sous-exploité. Il explique que ce secteur ne se résume pas qu’au Business Process Outsourcing (BPO). « Le développement des applications est un domaine vers lequel nous devons faire plus d’efforts, car c’est ce qui est en train de révolutionner le quotidien des gens. Et les applications vont dominer le monde pendant encore beaucoup d’années », dit-il.
« Dissiper les confusions »
L’économiste propose aussi au gouvernement « de négocier des accords avec les grandes multinationales telles que Google, afin de les encourager à venir s’implanter à Maurice ». En ce qu’il s’agit du secteur financier, Ganessen Chinapen soutient que le ministre des Finances aura pour tâche « de dissiper toutes les confusions qui ont été créées avec les traités de non double imposition signés par le gouvernement mauricien ». Il invite, dans le même souffle, le gouvernement mauricien à créer des fonds et des mécanismes, qui auront pour but d’inciter les compagnies africaines à investir dans l’offshore mauricien.
Business Mauritius abonde pratiquement dans le même sens. « La transformation du secteur financier, avec la fin du traité avec l’Inde, ainsi que la mise en place de nouvelles règlementations pour, notamment, être en ligne avec les principes de l’Union européenne, vont avoir un impact sur la performance de ce secteur. C’est pour cette raison qu’il faut venir de l’avant avec des mesures fiscales prudentes », lit-on dans le document de Business Mauritius.
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