Cinquième et dernier Budget de l’alliance Lepep. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, donnera certainement le ton pour la prochaine campagne électorale.
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Cadeau ou bobo ? Le dernier Budget de Pravind Jugnauth pour ce mandat est attendu. Pour ses adversaires, il faut s’attendre à un Budget électoraliste, mais pour d’autres ce sera un exercice sans effet. Les observateurs et techniciens ont une différente lecture de cet exercice. Or, les observateurs sont tous d’avis que Pravind Jugnauth misera sur le social.
Ram Seegobin de Lalit parle de « bidze fizet ». Il s’appuie sur les quatre précédents exercices pour affirmer que le ministre des Finances ne s’attaquera pas aux problèmes qui affectent les gens au bas de l’échelle.
« Le patronat est parvenu à faire passer ses intérêts pour l’intérêt national. » Pour lui, il est important que le gouvernement augmente la pension de vieillesse pour permettre à ceux dans le besoin de vivre décemment. Il suffit de demander au patronat de contribuer davantage, selon lui.
Toutefois, Ram Seegobin se demande : « si ce Budget aura donné l’orientation de développement économique en faveur du peuple. Pour moi, ce ne sera pas le cas. Il ne fera qu’effleurer le sujet. »
L’observateur parle de problèmes économiques liés au social. Selon lui, il faut rendre des gens employables en ayant une stratégie sur le long terme. « En quatre ans, ce gouvernement a démontré qu’il était dépourvu d’une stratégie économique et nous allons retrouver cela dans ce Budget », souligne-t-il. Néanmoins, le Premier ministre est venu, à chaque fois, avec des mesures qui visent les plus démunis.
Pour un ancien haut technicien au ministère des Finances, il s’attend à des mesures pour contrer la pauvreté et les effets des catastrophes sur les plus démunis. Il y aura certainement des annonces concernant des projets d’infrastructures de moyenne et de grande envergure. Pour lui, le Budget viendra aussi réparer les dommages collatéraux des grands projets mis en place tout en se focalisant sur le social.
Il souligne que le gouvernement ne doit pas investir intensément, car cela occasionnera un désinvestissement dans le secteur privé. « Il faut trouver l’équilibre et c’est ce que tentera de faire le Premier ministre. » Le gouvernement se focalisera sur la réorientation du tourisme : ciblera les « high spending tourists » comme les Suisses et ceux des pays du Golfe. Le débalancement démographique et l’octroi de facilités aux mères de famille pour qu’elles soient employables seront, aussi, les possibles mesures du prochain Budget, explique-t-il.
L’économiste Ganessen Chinnapen avance que c’est la première fois qu’il y a autant de flous autour du dernier Budget d’un gouvernement. Pour lui, il y a plusieurs facteurs qui mettent la pression sur le ministre des Finances. D’abord, le facteur politique : Pravind Jugnauth peut présenter un Budget populiste élargie sans prendre en compte les retombées économiques. Il peut aligner la pension tout comme réduire les impôts et même la TVA dans un cas extrême. « S’il remporte les prochaines élections, tant mieux, au cas contraire, le prochain gouvernement devra se charger de la note », fait-il ressortir.
Dans une autre configuration, il peut aussi revoir un des soucis majeurs de l’économie, qui est la réduction de la population active. Le débalancement démographique influe sur la contribution de la population active à la pension et la taxe.
Par ailleurs, le pays n’arrive plus à soutenir le déficit de la balance commerciale du pays. « Nous importons trop », souligne l’économiste. Il y a aussi les tensions géopolitiques avec le dossier Chagos et ses effets sur les relations commerciales qui risquent d’affecter le pays. Sans compter la dette publique et le changement climatique et ses effets désastreux sur la productivité nationale. Selon Ganessen Chinnapen, le PM devra trouver l’équilibre en soulageant l’économie tout en rendant le peuple heureux au point d’influencer les votants lors des prochaines élections. Pour cela, il pourra compter sur les mesures sociales.
« Pravind Jugnauth est un socialiste dans l’âme, il viendra avec des mesures sociales fortes, mais, attention, il faudra trouver le financement de ces mesures pour ne pas mettre plus de pression sur l’économie. »
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