Parmi les autres priorités du Budget 2018-2019, il y a l’émergence de la FinTech et le projet de faire de Maurice un ‘hub’ pour l’Afrique, une plus grande ouverture de notre économie au monde et investir dans nos jeunes pour mieux les équiper face aux prochains défis.
La date de la présentation du Budget 2018-2019 est désormais connue. Le Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, dévoilera sa stratégie économique pour la prochaine année financière, le jeudi 14 juin. Cette semaine, nous poursuivons avec les priorités du Budget, comme énoncé par le ministère des Finances. La FinTech occupera une place importante, car elle est considérée comme un secteur émergent à fort potentiel. Ensuite, l’objectif de faire de Maurice un 'hub' financier dans la région verra certainement des mesures en ce sens. Le gouvernement veut aussi ouvrir davantage notre économie au monde et investir dans nos jeunes pour qu’ils aient un meilleur lendemain. Tous ces objectifs sont liés, car la réalisation des uns a un impact positif sur les autres.
La FinTech est aujourd’hui ce que le BioTech était au début de la présente décennie. Contraction de finance et technologie, le terme désigne des entreprises innovantes, plutôt jeunes, utilisant les technologies du numérique, du mobile, de l'intelligence artificielle, etc., pour fournir des services financiers de façon plus efficace et moins chère. Il s'agit généralement de startups. 2015 est l'année où la Fintech est devenue grand public. Mais la FinTech reste assez inconnue de la majorité des Mauriciens.
La FinTech est présente dans l’économie mondiale sous plusieurs catégories. Il y a le BtoC (business-to-consumer), qui s'adresse au grand public, par exemple les « néobanques » 100 % digitales, sans agence, qui proposent un compte et une carte de paiement à bas coûts (Compte Nickel, Morning), BtoB (business-to-business) qui proposent des services financiers aux entreprises, PME ou grands comptes, par exemple, le transfert de devises en ligne (Kantox) ; Insurtech, dans l'assurance : du comparateur, comme Fluo, à l'assurance collaborative comme Inspeer ou Otherwise ou Regtech, des entreprises qui proposent des solutions technologiques pour répondre aux contraintes réglementaires et de conformité des acteurs bancaires principalement comme Fortia ou Neuroprofiler. À noter que la FinTech a la capacité d’intéresser et d’attirer les jeunes diplômés et techniciens.
Quelques autres exemples de Fintech
1. Crowdfunding (don) : Ulule, KissKissBankBank, Sponsorise.me
2. Crowdlending (prêt) : Pretup, credit.fr
3. Crowdlending equity (actionnariat) : WiSEED, Anaxago, SmartAngels
4. Néobanque : Soon, N26, Compte Nickel
5. Moyen de paiement : PayPal, Morning, PayTop
6. Gestion de patrimoine : Yomoni, Advize, Fundshop
Ouverture de l’économie
La croissance économique du pays dépend énormément sur l’ouverture de notre économie au monde. À Maurice, nous avons prôné une plus grande ouverture depuis 2006 et l’une des priorités du Budget est de s’ouvrir davantage. À noter que tous nos secteurs ne sont pas ouverts au même degré sur le reste du monde. Il existe toujours des secteurs protégés et des secteurs exposés à la concurrence mondiale. L’ouverture de notre économie a permis la rentrée de dizaines de milliards de roupies d’investissements directs étrangers.
Le Maroc est le pays africain le plus cité comme exemple de réussite après l’ouverture de son économie au reste du monde. Le Maroc, à l’instar des autres pays d’Afrique du Nord, a connu des progrès non négligeables dans plusieurs domaines. C’est un pays qui a choisi un modèle libéral avec une ouverture extérieure forte orientée particulièrement vers les pays occidentaux.
Vidur Ramdin : «Mettre en place des programmes d’incubation»
Vidur Ramdin, directeur de Communication et de Marketing au sein du Fonds de Solidarité Africain (FSA), nous dit que Maurice est la destination idéale pour la FinTech en Afrique. Les atouts grandissants de Maurice dans le domaine de la FinTech sont dûs à la présence d'une clientèle importante et technologiquement sophistiquée ; la bonne disponibilité du capital des entreprises ; une approche réglementaire favorable ; une excellente infrastructure de services financiers et sa position de centre commercial africain. « L'industrie des technologies financières remplit continuellement le vide pour lequel les banques ne peuvent actuellement fournir de solutions », dit Vidur Ramdin. Il souligne que le secteur financier est bien réglementé à Maurice, ce qui est propice pour l’avancement de la FinTech et la volonté est là pour une réglementation transparente et efficace.
Il ajoute que Maurice, avec sa population sophistiquée et sa formation technique supérieure, est un terrain fertile pour de grands talents technologiques et des ressources rentables. La grande majorité des Africains restent non-bancarisés et l'énorme mouvement de travail physique à travers l'Afrique signifie que cette tendance va se poursuivre. De plus, la créativité et la pensée « out-of-the-box » sont devenues une norme dans l'industrie, avec une pollinisation croisée de diverses personnes venant de différents domaines d'expertise. « Les systèmes de support et les meilleures pratiques d'accès aux réseaux, aux services juridiques, à l'infrastructure, à l'infrastructure numérique et aux plateformes de services syndiqués sont de plus en plus disponibles sous un même toit. »
Afin de soutenir la communauté florissante des technologies financières en Afrique, il préconise la mise en place de nouveaux accélérateurs et programmes d'incubation comme Techstars ou Startupbootcamp au Royaume-Uni, et le lancement d’un nouvel organisme, Innovate Finance, qui viserait à accélérer notre position dans le secteur des services financiers africains.
Des idées-propositions
- Démocratiser l’entrepreneuriat dans les services financiers.
- Encourager le concept ‘Investment Club’ au collège, au sein des entreprises et au niveau des clubs seniors.
- Instaurer un Africa Fund à l’intention des jeunes professionnels qui veulent cibler l’Afrique en matière de Consultancy (Business, ICT, etc.).
- Introduire des permis de résidence à long-terme pour encourager des investissements durables, comme l’a récemment fait les Émirats Arabes Unis.
- Offrir des mesures incitatives supplémentaires aux investisseurs étrangers qui privilégient les secteurs productifs.
- Encourager des échanges économiques et techniques entre Maurice et l’Afrique.
Dr Bhavish Jugurnath : «Cadre législatif, l’éducation et l’innovation»
Le Dr Bhavish Jugurnath, économiste et consultant financier, est sur la même longueur d’onde que Vidur Ramdin quant à l’importance du segment FinTech à Maurice. « L'île Maurice, considérée comme un grand pôle financier émergent en Afrique, accueille l'un des meilleurs esprits financiers couplé à une brigade de technophiles. Si le gouvernement et les régulateurs s'en remettaient correctement à certaines réformes majeures, le domaine financier mauricien pourrait progresser à pas de géant. » Il propose trois mesures pour l’avancement du secteur : (1) Introduire une ‘Financial Innovation Act’ afin de promouvoir l'innovation dans les services financiers.
Expériences Concrètes
Cette loi offrirait un cadre réglementaire sûr permettant aux entreprises, de concert avec les organismes de réglementation, de tester des produits lors d'un lancement limité. Ce changement fournirait aux régulateurs des données qui pourraient servir à élaborer des réglementations pour des produits similaires, tout en permettant à l'industrie, aux consommateurs et aux fonctionnaires de bénéficier d'expériences concrètes, similaires à l'approche dite du « Sandbox » adoptée par le Royaume-Uni.
Pour ce faire, le projet de loi exige que plusieurs agences gouvernementales et paragouvernementales développent des « bureaux d'innovation des services financiers » internes et établissent des procédures pour accélérer les approbations ou les rejets de produits Fintech. (2) L’éducation financière pour les techniciens : L'espace Fintech traverse une crise majeure de ressources de haute qualité. Très peu d'ingénieurs connaissent la finance. D'où la main-d’œuvre devenant rare et plus coûteuse.
C'est un autre obstacle à la croissance des sociétés de technologies financières. L'éducation financière de base devrait faire partie intégrante du programme d'études. Pour aller encore plus loin, le codage logiciel de bases devrait être enseigné pour financer les diplômés. (3) Environnement réglementaire permettant l'innovation : nous avons besoin d'un environnement réglementaire qui rassure les consommateurs sans restreindre inutilement les possibilités d'innovation.
La Conception
Une « Sandbox Regulation » a le potentiel d'encourager et de soutenir la conception et la livraison de nouveaux produits et services financiers qui profitent aux consommateurs et aux entreprises. « Je crois qu'un « Sandbox » est un élément crucial pour aider Maurice à devenir un marché de premier plan pour l'innovation FinTech en Afrique. Le gouvernement doit travailler sur ce concept pour les 'start-up' Fintech mauriciennes », conclut le Dr Bhavish Jugurnath.
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