Une exploitation accrue de l’économie bleue, la consolidation des secteurs traditionnels, la réduction de la dette publique et le développement social. Autant de sujets prioritaires que, selon les économistes, le Premier ministre Pravind Jugnauth, qui détient également le portefeuille des Finances, devra aborder lors de la présentation du budget, le 14 juin prochain.
L’économiste Pierre Dinan dit s’attendre à un « budget inclusif ». « à ne pas confondre avec un budget donn kas parsi, donn kas parla. Il s’agit avant tout de venir en aide à la population à travers l’éducation. Il faut aussi que le budget soit un budget productif, tant pour l’industrie cannière que pour le textile, entre autres secteurs de l’économie », selon Pierre Dinan.
Mais pour notre interlocuteur, il importe qu’on développe davantage l’ocean economy, qui reste le parent pauvre en matière de développement.
« Si nous voulons réellement que le pays continue sur la voie du développement, il faut voir de manière rationnelle comment développer cette mer qui nous entoure. Une mer de plus de 2,3 millions de kilomètres carrés. C’est notre plus grande ressource, qui n’est pas utilisée comme il faut », déplore-t-il.
Le Premier ministre, poursuit Pierre Dinan, devra aussi apporter des solutions aux problèmes de différentes catégories de citoyens. Les jeunes chômeurs, ceux qui ne possèdent pas de maison convenable et ceux qui n’ont aucune formation académique.
Le Dr Bhavish Jugurnath, consultant financier, est pour une consolidation des secteurs traditionnels. Il faudrait, selon lui, adopter des approches novatrices, qui sont nécessaires pour accroître la productivité de ces secteurs traditionnels, préserver les ressources naturelles et utiliser les inputs de manière durable et efficace. « Le gouvernement devrait aussi tabler sur des systèmes de production durables, qui nécessitent une intégration entre les secteurs et des considérations sociales, économiques et environnementales. Il devrait se concentrer sur les moyens d’assurer la transition vers des pratiques durables », explique le Dr Bhavish Jugurnath. Trois moyens sont proposés. Primo, augmenter l’efficience dans l’utilisation des ressources. Secundo, identifier et améliorer le rôle des ecosystem services. Et tertio, faciliter l’accès aux informations et aux technologies nécessaires.
Emprunter uniquement pour investir
Swadiq Nuthay estime, quant à lui, que le ministre des Finances ne disposant pas d’une marge de manœuvre, l’une de ses priorités sera de réduire la dette publique, tout en favorisant la croissance économique. « Il ne faudra plus que l’État finance les dépenses courantes par la dette. Il faudra emprunter uniquement pour investir et financer les projets d’infrastructures qui vont générer des bénéfices. Nous devons ramener la dette publique à 60 % du PIB au plus vite », dit-il. Et d’ajouter que la poursuite des réformes structurelles et sectorielles est indispensable pour bouger vers le statut d’économie à revenus élevés. « Nous devons nous tourner vers une économie à forte intensité de savoir - avec l’accent sur la technologie, la fintech et l’intelligence artificielle. Nous avons besoin aussi de poursuivre nos efforts dans des réformes économiques et sociales, qui mèneront à une meilleure croissance, à la création d’emplois, à attirer davantage d’investissements étrangers dans des secteurs à valeur ajoutée », soutient Swadiq Nuthay.
Axes prioritaires
Zohra Gunglee, économiste, se dit, elle, aussi en faveur du développement social. « D’après les différentes prises de position du Premier ministre, il semble que ses deux priorités sont la consolidation des secteurs traditionnels et productifs, tels que l’agriculture, et une transformation de notre économie en une économie digitale. Je suis d’avis qu’une attention particulière au développement social serait nécessaire », dit-t-elle.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !