Quelle sera l’architecture du Budget 2017-2018 ? Le Grand argentier dispose-t-il d’une bonne marge de manœuvre pour répondre aux attentes des opérateurs économiques et de la population ? À 24 heures de la présentation du Budget, les économistes nous livrent leur analyse.
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Georges Chung : «Un Budget à la fois économique et social»
Quelle marge de manœuvre ? : « La marge de manœuvre du ministre des Finances ne sera ni plus mauvaise ni plus meilleure que l’an dernier. Ceci en raison de deux facteurs qui peuvent se compenser, à savoir premièrement l’impact du Brexit sur la chute de nos exportations et, deuxièmement, une accélération du taux de croissance », affirme Georges Chung.
Quelle philosophie ? : Pour l’économiste, le Budget de l’an dernier était un « bon tournant à la fois sur le plan économique et le social ». « Le Budget 2017-2018 sera une continuation du bon travail effectué », fait-il ressortir.
Quel type de Budget ? : « Le nouveau Budget sera très économique et très social », indique Georges Chung.
Mesures attendues : Il faudra s’attendre à de gros projets (infrastructures publiques, approvisionnement en eau, énergie verte, …). « C’est un travail qui dépasse le cadre budgétaire annuel, car ces projets s’échelonneront sur plusieurs années », explique Georges Chung.
Les craintes : « Il faut que la population dans son ensemble soit beaucoup plus positive à la fois dans la réflexion et la mise à exécution », recommande Georges Chung.
Ganessen Chinnapen : «Pour des réformes structurelles»
Quelle marge de manœuvre ? : Une marge de manœuvre restreinte, affirme Ganessen Chinnapen. « D’autant plus que la morosité économique perdure et que les mesures annoncées l’an dernier n’ont pas donné les résultats escomptés », ajoute-t-il.
Quelle philosophie ? : Pour Ganessen Chinnapen, restaurer la confiance dans le monde des affaires et booster l’investissement devraient être les maîtres-mots du Budget qui sera présenté ce jeudi.
Quel type de Budget ? : Ganessen Chinnapen s’attend à un Budget de relance. « Il faut un Budget de réformes structurelles », préconise-t-il.
Mesures attendues : L’économiste s’attend à des mesures incitatives, qui viseront à rendre plusieurs secteurs plus compétitifs.
Les craintes : « Il y a la crainte que Pravind Jugnauth se met plus dans la peau d’un Premier ministre que d’un ministre des Finances lors de ce Budget. Ce qui implique des mesures populistes qui endetteront davantage le pays », appréhende Ganessen Chinnapen.
Eric Ng : «Vers un Budget de continuité»
Quelle marge de manœuvre ? : Pour Eric Ng, la marge de manœuvre dont dispose le Grand argentier est « très étroite ». D’une part, en raison d’un contexte économique international qui n’est pas favorable à l’exportation. De l’autre, il y a la contrainte du gouvernement de réduire la dette publique sur le plan local.
Quelle philoso-phie ? : « Se concentrer sur l’exportation et l’investissement en vue de créer des emplois », résume Eric Ng.
Quel type de Budget ? : Le Budget 2017-2018, avance Eric Ng, sera un Budget de continuité.
Mesures attendues : Des mesures permettant de consolider les industries et de permettre aux PME de cibler des marchés internationaux.
Les craintes : « J’espère que le ministre des Finances ne viendra pas de l’avant avec un taux progressif de la taxe sur les revenus des particuliers. Je souhaite également qu’il n’introduit pas un taux préférentiel inférieur à 15 % sur la corporate tax. Je ne crois pas qu’une telle mesure rendra les entreprises plus compétitives », avance Eric Ng.
Dr Kris Valaydon : «On s’attend à un Budget 'business as usual'»
Quelle marge de manœuvre ? : « Ce sera la même marge de manœuvre que pour les précédents Budgets, soit une marge de manœuvre étroite, car le gouvernement insistera sur les forces économiques mondiales qui jouent en sa défaveur », explique le Dr Kris Valaydon.
Quelle philosophie ? : Un Budget de relance, souligne le Dr Kris Valaydon. « Plus d’efforts seront attendus des travailleurs et le gouvernement évoquera sa contrainte de baisser les dépenses publiques », ajoute notre interlocuteur.
Quel type de Budget ? : Un Budget business as usual avec des taxes sur les produits alcoolisés et les jeux.
Les craintes : « Que le ministre des Finances vienne de l’avant avec des mesures populistes sans trop penser aux conséquences sur les finances publiques », appréhende le Dr Kris Valaydon.
Ajay Gujadhur : «Il faudra miser davantage sur l’investissement»
« Quand l’investissement privé baisse, il appartient au gouvernement de prendre la place vacante pour maintenir le niveau de croissance du PIB », affirme Ajay Gujadhur.
D’où la nécessité, selon l’observateur économique, pour que le ministre des Finances mise davantage sur l’investissement dans le Budget qu’il présentera ce jeudi.
« Dans le passé, on a mis l’emphase sur la discipline fiscale. Ce qui était une bonne chose, étant donné la conjoncture internationale, mais les choses vont beaucoup mieux maintenant, et l’État devrait faire plus au niveau de l’investissement, quitte à avoir un déficit plus conséquent », recommande-t-il. Il estime, dans la même foulée, que la transition du pays vers une économie à plus forts revenus est tout à fait possible, mais sous certaines conditions.
« Cette transition ne peut se faire sans l’apport de la technologie. Il faut faire beaucoup plus pour moderniser nos procédés de production à travers des moyens technologiques, dits ‘internet of things’. Le monde bouge dans cette direction et il ne faudrait pas rater ce train », préconise-t-il.
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