Si les hommes d’affaires attendent que le Budget national contienne des mesures favorisant les affaires, en revanche, les salariés pensent surtout à des mesures pouvant améliorer leurs conditions de vie, à la création d’emplois et à la consolidation des emplois existants.
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Un changement à
180 % dans l’approche budgétaire. Tel est le souhait de Reeaz Chuttoo, secrétaire général de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP). « Le ministre des Finances ne doit plus venir avec quelques mesures sociales isolées et parler de Budget social », dit-il.
Certes, explique le syndicaliste, le Budget, qui sera présenté le 8 juin prochain, doit favoriser la relance économique, tout en prenant des mesures pour combattre la pauvreté et améliorer les conditions de vie des Mauriciens dans son ensemble.
Cela dit, Reeaz Chuttoo pense que le Budget doit avant tout combattre l’inégalité salariale. « Il est impensable que certains privilégiés touchent des salaires de Rs 300 000 alors que les ‘cleaners’ affectés dans les écoles primaires du gouvernement ne touchent que Rs 1 500 par mois », souligne-t-il. Il attire l’attention sur le fait que le Gini coefficient ne cesse de s’agrandir à Maurice depuis ces 30 dernières années. « Le gouvernement doit adopter une politique à visage humain », dit-il.
Le secrétaire général de la Ctsp pense aussi à la création d’emplois décents tant dans les secteurs public et privé. « Des emplois qui permettent aux familles mauriciennes de vivre décemment tout en leur permettant d’investir dans l’éducation de leurs enfants et aussi d’épargner », fait-il comprendre.
Robotisation
Reeaz Chuttoo reconnaît que les travailleurs mènent une lutte inégale contre la technologie, qui ne cesse de bouffer leur travail tout en accentuant la misère dans la société. Toutefois, dit-il, le gouvernement ne peut pas rester les bras croisés tout en disant qu’on ne peut pas lutter contre la robotisation du travail. Il estime que l’État doit toujours placer l’homme au centre du développement. « Le gouvernement a la responsabilité de voir que son peuple mange à sa faim », fait-il comprendre.
Pour le dirigeant syndical, la robotisation ne représente non seulement un danger pour les travailleurs, mais aussi un manque à gagner pour les caisses de l’État. Il s’explique : « Si une opération requiert la force d’une dizaine d’employés, avec une machine électronique, on pourra effectuer la même opération avec deux personnes seulement et les huit autres se retrouvent sur le pavé », ajoute le syndicaliste.
Il soutient qu’avec la robotisation, le nombre de licenciements et de sans-emplois ne cessera de s’allonger dans les années à venir. Ce qui explique que dans certains pays, on commence à évoquer l’introduction d’un salaire universel. Il déclare qu’il a récemment assisté à une conférence internationale à ce sujet.
Reeaz Chuttoo lance l’idée d’un débat sur la question de robotisation et son impact sur le travail. Il explique qu’à travers la robotisation du travail, les entreprises ont tout à gagner en termes de production alors que les perdants sont non seulement les travailleurs mais aussi l’État, car le nombre de Mauriciens qui devront s’acquitter de l’impôt va sans cesse diminuer.
Ce qui pousse le syndicaliste à réclamer l’imposition d’une taxe sur les machines. « Faute de pouvoir taxer les salariés, on pourra taxer les machines qui continuent à assurer la production et rendre les entreprises plus prospères », dit-il.
Avec cet argent, il estime que l’État pourra financer des projets pour combattre l’extrême pauvreté, financer des dépenses publiques et à l’avenir, introduire un salaire universel si le besoin se fait sentir. Par salaire universel, il explique qu’il ne s’agit pas d’une allocation chômage, mais d’une somme d’argent pour permettre à tout le monde de vivre décemment faute de travail.
Le dirigeant syndical est d’avis que les travailleurs étrangers barrent aussi la place aux Mauriciens dans plusieurs secteurs du travail. Toutefois, il revèle qu’il n’est pas totalement contre l’emploi des étrangers à Maurice dans des secteurs où vraiment il y a un manque de main-d’œuvre. À cet effet, il est en faveur d’une législation régulant le travail des étrangers à Maurice. « Nous avons demandé l’introduction d’une ‘Employment of Foreign Workers Act’ et nous souhaitons que le gouvernement écoute notre appel », dit-il. Il estime que la priorité d’emplois doit être accordée aux fils du sol. Il cite, à cet effet, l’exemple de la Malaisie.
Atma Shanto : «Il faudra protéger les chauffeurs de taxi»
La Fédération des travailleurs unis (FTU), dont le président est Atma Shanto, plaide pour les chauffeurs de taxis travaillant aux abords des établissements hôteliers. À cet effet, il réclame une refonte de la Police du Tourisme, un plan de retraite pour les chauffeurs de taxi, une révision de l’All Inclusive Package pour protéger les chauffeurs de taxi opérant aux abords des établissements hôteliers, une réduction du ‘registration fee’ par 50 %. Atma Shanto demande également que les chauffeurs de taxi puissent bénéficier de l’achat d’une voiture 100 % hors-taxe chaque quatre ans. Il souhaite aussi que le gouvernement revienne sur sa décision de privatiser la National Transport Authority (NTA), et qu’un membre de la fédération des taxis d’hôtel siège au sein de son conseil d’administration.
Vishal Ragoobur : «Il faut rehausser le pouvoir d’achat des travailleurs»
Du point de vue de l’économiste Vishal Ragoobur, le gouvernement peut venir avec des mesures pour améliorer le pouvoir d’achat des Mauriciens. Il cite notamment le rehaussement du seuil d’exonération de l’impôt sur les revenus et des déductions pour des projets familiaux, tels que l’éducation et le prêt logement. Il cite aussi l’exemption de la TVA sur certains produits de consommation. Au niveau de la création d’emplois, l’économiste pense que le gouvernement peut venir avec des mesures pour améliorer l’environnement des affaires.
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