Le Budget 2016-2017, qui fait la part belle au social, devrait, selon certains, servir de tremplin au ministre des Finances Pravind Jugnauth pour succéder à son père, sir Anerood Jugnauth, au poste de Premier ministre. Plus d’un s’accorde à dire que les mesures populaires feront oublier la morosité grâce au « feel good factor ».
Un budget pour remonter le moral de la population. C’est ce que pense Pitch Venkatasamy, de Think Mauritius, du discours budgétaire prononcé par Pravind Jugnauth vendredi. « Après les élections en décembre 2014, il y avait beaucoup d’espoir et d’attente de la part de la population dans ce gouvernement, mais cela ne s’est pas matérialisé. Entre le chômage et la pauvreté, il était important que le ministre des Finances vienne de l’avant avec des mesures pour remonter le moral et je pense qu’il a atteint son objectif », estime-t-il.
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Pour le Dr Michael Atchia, Pravind Jugnauth a présenté un budget « très diversifié », touchant autant le domaine social que l’économie. « Cela aura certainement pour effet une remontée d’enthousiasme pour le développement du pays », pense-t-il. Idem pour Shafick Osman, géopoliticien et observateur politique, qui est d’avis que ce budget pourra aider à donner plus d’espoir aux Mauriciens. Il concède néanmoins qu’il y aura des mécontents. « à entendre les acteurs économiques, sociaux, politiques, ainsi que les observateurs de la société mauricienne, il y a un feeling positif qui se dégage de ce budget. Même Paul Bérenger et Shakeel Mohamed ont trouvé qu’il y avait du bon dans le budget de Pravind Jugnauth », souligne Shafick Osman.
Dharam Gokhool estime que le Budget 2016-2017 fait la part belle au social et à la politique. « Ce budget permettra en partie de créer un feel good factor, car il apporte un soulagement aux personnes en difficulté. Cependant, en termes de relance et de développement économique, je me pose des questions. La réussite des mesures annoncées dépendra de la mise en exécution », dit-il.
Impact psychologique
Quant à Jocelyn Chan Low, il estime qu’il est trop tôt pour dire si ce budget ramènera l’optimisme parmi les Mauriciens.
« Cela crée néanmoins un impact psychologique lorsque des mesures sont prises en faveur des tidimoun et la classe moyenne. Cela donne l’impression d’un caring government. La grande question est : ces mesures seront-elles suffisantes pour relancer les investissements, que ce soit au niveau local ou en termes de Foreign Direct Investment (FDI) ? Il faut patienter pour connaître la réponse », dit-il.
Malgré les différences d’opinion, les intervenants sont (presque) tous unanimes à dire que le Budget 2016-2017 ouvre la voie à Pravind Jugnauth pour succéder à son père au poste de Premier ministre. En effet, pour le Dr Michael Atchia, ce discours budgétaire révèle « un politicien de la trempe d’un Premier ministre », notamment de par sa couverture de tous les domaines de la vie : social, humain et économique. « On peut même penser que Pravind Jugnauth prendra les rênes du pays dans les mois à venir », laisse-t-il entendre.
Pitch Venkatassamy estime que le budget a eu un impact positif sur la majorité de la population. « Ce qui donne au ministre des Finances une certaine envergure. Après le départ de Vishnu Lutchmeenaraidoo, une certaine morosité s’était installée. Et lorsque Pravind Jugnauth a été acquitté par la Cour suprême, il a été accueilli par la population comme un sauveur. Ce qui lui ouvre donc la voie au Primeministership », déclare-t-il.
Message social
Dharam Gokhool considère également que Pravind Jugnauth se positionne, à travers la présentation de ce budget, comme futur Premier ministre. « C’est un message social qu’il a envoyé, pour faire comprendre que le sort de la population lui tient à cœur », estime-t-il.
Quant à Shafick Osman, il est d’avis que ce budget et l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre ne seraient pas directement liées. « Cela dit, on a vu un Pravind Jugnauth très en confiance, assez sûr de lui. Il est certainement monté en grade et a gagné en crédibilité dans un secteur où ce n’est pas gagné d’avance. La question de Primeministership sera posée pour l’échéance 2019, mais ma réponse aurait été autre, s’il n’y avait pas l’appel du DPP dans l’affaire MedPoint. Beaucoup dépendra de la décision de la Cour suprême et surtout, du Privy Council. Comme je l’ai déjà dit publiquement, si Pravind Jugnauth devait éventuellement gagner à Londres, à travers un rejet de l’appel du DPP, le leader du MSM sera quasiment assuré du poste de Premier ministre en 2019. Mais il y a déjà beaucoup de si. à mon avis, il est préférable de voir un Pravind Jugnauth gagnant sur la scène économique d’abord et il me semble qu’il est sur la bonne voie », conclut le géopoliticien.
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