Le mot d’ordre du prochain Budget, qui sera présenté ce 29 juillet, est la discipline fiscale et la prudence financière. C’est ce qu’a expliqué Pravind Jugnauth, le vendredi 15 juillet, lors de sa première conférence de presse depuis qu’il occupe le poste de ministre des Finances.
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Bien qu’étant « extrêmement difficile », l’objectif du ministre est de ramener la dette publique, qui se chiffre aujourd’hui à 56,4 % du Produit intérieur brut (PIB), en dessous des 50 % du PIB en 2018. L’exercice est périlleux, avec moins de moyens d’investissement pour l’État pour attirer davantage d’investissements étrangers et relancer la croissance économique. « Le gouvernement est confronté à un manque d’investissement privé. Doit-il pallier ce problème, sachant que dépenser davantage augmentera le déficit budgétaire et la dette publique ? » a-t-il souligné. À travers une approche prudente sur les finances, le ministre privilégiera une allocation efficiente des ressources et accordera la priorité à des projets nécessaires : infrastructures et amélioration de l’environnement des affaires. « Nous reverrons la liste de nos projets et des moyens disponibles. Nous déterminerons nos priorités », a affirmé Pravind Jugnauth. « Les grands défis demeurent une croissance plus élevée, afin de créer des emplois et offrir davantage d’opportunités aux Mauriciens. Des défis sont à surmonter dans les quatre secteurs clés de l’économie : secteur financier, tourisme, manufacture et sucre. » Selon le ministre, le Brexit pourrait avoir un impact sur l’économie locale. « Les cours de la livre sterling et de l’euro, par rapport à la roupie, sont suivis de près par le comité technique mis sur pied à cet effet. » « Des défis, plus immédiats, seront traités dans le Budget. D’autres, à long terme, seront abordés dès à présent. Parmi, il y a l’impact d’une population vieillissante sur l’économie et la société. Au niveau de l’emploi, il y a le mismatch entre les demandes du marché et les compétences disponibles en raison des formations offertes à Maurice », a-t-il précisé. Pour y remédier, dit-il, le gouvernement s’est engagé à réformer le système éducatif pour suivre l’évolution mondiale et répondre aux besoins des employeurs. Le ministre a donné l’assurance que les propositions des citoyens et des forces vives sur le site Web mauritiusfinance.com seront prises en considération lors de la préparation du Budget. Pravind Jugnauth a passé en revue la situation du pays l’an dernier : « Une certaine injustice sociale prévalait depuis un certain temps. D’où la décision de rééquilibrer certaines mesures, notamment à travers une hausse des pensions des personnes âgées, des orphelins, des veuves et des handicapés. » Il a enfin dressé un état des lieux de l’économie à décembre 2014.
Réactions du secteur privé
Amar Deerpalsing (Fédération des PME) : « La discipline fiscale apportera de l’ordre »
Pour le président de la Fédération des petites et moyennes entreprises (PME), Amar Deerpalsing, la discipline fiscale apportera de l’ordre dans le secteur des PME, car ceux qui opèrent dans l’illégalité devront payer les impôts. « Il y aura plus de transparence et cela favorisera une compétition saine. Ce qui sera un encouragement pour les opérateurs ‘genuine’ », souligne-t-il. À une question sur les attentes des PME pour le Budget 2016-17, il souligne que la préoccupation des entrepreneurs reste l’accès aux finances. « Pour se développer davantage, il faut investir », dit-il. Par ailleurs, il avance que les PME font face à des difficultés pour vendre leurs produits. « Il faut que des ‘SME Parks’ soient mis en place dans plusieurs régions. » Autre mesure attendue : l’assouplissement des procédures pour créer un business. « Pour ouvrir un supermarché, il faut compter plus de 400 permis », conclut-il.
Raj Makoond (Business Mauritius ) : « On va dans la bonne direction »
La déclaration de Pravind Jugnauth sur son intention de privilégier la discipline fiscale pour le Budget 2016-17 ne laisse pas Raj Makoond insensible. « On va dans la bonne direction avec la discipline fiscale, car elle fait partie d’une gestion macroéconomique appropriée », indique le ‘Chief Executive Officer‘ de Business Mauritius. « Nous attendons un discours du Budget qui essaiera de répondre au défi de faire Maurice accéder au statut d’économie à revenus élevés », poursuit-il. Selon lui, le plus grand défi du Grand argentier sera de relancer l’investissement et de résoudre certains problèmes tels que le ‘mismatch of skills’ et la productivité. « Il faudra venir avec des projets d’infrastructures, relancer la construction, faciliter davantage les affaires tout en tenant compte de la conjoncture économique mondiale difficile notamment avec le Brexit », recommande-t-il.
Kamal Hawabhay (ATMC) : « Ce n’est pas le moment d’augmenter les taxes »
« Un pays doit maintenir une discipline fiscale. C’est bien que le ministre des Finances en parle », souligne Kamal Hawabhay. Pour le président de l’Association of Trust and Management Companies, le fait que le Grand argentier reconnaisse que des secteurs vont mal est une bonne chose. « Cela indique qu’il apportera des solutions », fait-il ressortir. Et d’insister : « Ce n’est pas le moment d’augmenter les taxes. » Kamal Hawabhay ajoute que c’est une « bonne chose » que le Budget soit présenté dans deux semaines. D’autant plus, dit-il, que Maurice a « besoin d’une direction, de nouvelles idées et de mesures, qui aideront le pays à relever la tête après les déboires accumulés depuis un certain temps ».
Bhooshan Ramloll (Ramloll Bhooshan Contractor) : « Vivement des projets de construction »
« Tout le monde attendait le Budget et c’est un soulagement de savoir qu’une date a été fixée », soutient Bhooshan Ramloll. Le ‘Chief Executive Officer’ de Ramloll Bhooshan Contractor s’attend à l’annonce de plusieurs projets de construction. Ce qui, avance-t-il, permettra d’apporter une bouffée d’air frais au secteur en décroissance ces dernières années.
Gregory de Clerck (AHRIM) : « Il faut accentuer l’ouverture de l’espace aérien »
Selon l’ancien président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (AHRIM), Gregory de Clerck, il est important de renforcer et de moderniser le positionnement de Maurice comme destination touristique. Dans ce contexte, il estime qu'il est nécessaire de développer un portail national en ligne pour promouvoir Maurice sur le Web et les différentes plates-formes numériques. « Nous recommandons fortement au gouvernement d’accentuer l’ouverture de l’espace aérien pour faire de Maurice le ‘hub’ préféré de l’hémisphère sud », ajoute-t-il. C.Vilbrin-Le Bon/L.Gooraya
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