Bruno Raya : de danseur à homme d’affaires

OSB Company Ltd et Live n Direk Entertainement sont deux compagnies sœurs gérées par les frères Raya. Bruno, le leader du groupe OSB, est à la fois chanteur et responsable de deux boîtes d’événementiels.

Le parcours de Bruno Raya force le respect. Issu de Plaisance, un quartier considéré comme un ghetto de Rose-Hill, il a toujours eu foi en sa débrouillardise et en son audace. C’est ainsi que ses compagnies sont parvenues, en relativement peu de temps, à faire venir des pointures internationales à Maurice.

Tout commence le 26 août 1992, quand Bruno et treize de ses amis se produisent pour la première fois sur une scène. « À mes 14 ans, j’évoluais déjà dans une troupe de danse. Elle avait pour nom Master of ceremony dangerous. Puis, nous avons choisi de nous faire appeler les Street Brothers. Par la suite, nous sommes devenus les Otentik Street Brothers (OSB). Avec ce changement de nom, nous nous sommes aussi lancés davantage dans la musique, notamment le ragga muffin, qui était, à l’époque, encore à ses balbutiements à Maurice », raconte Bruno Raya.

Premier album

En 1994, le groupe sort un premier album, qui connaît un succès immédiat. « On ne s’attendait pas du tout au succès de l’album Ragga kreol. Les Mauriciens ont tout de suite adhéré à ce style de musique. Et c’est ce qui a propulsé le groupe. »

Fort de ce succès, la formation musicale menée par Bruno Raya enchaînera les sorties d’albums avec la collaboration d’autres artistes, à l’instar de Blakkayo en 1994 de Ti Kenzo et Dagger en 2000.

Cependant, avec le succès vient également la censure. « Depuis le départ, nous avons voulu faire de la musique pour éduquer le public. Et quand nous avons commencé à dire les choses comme on les voyait, nos chansons ont été censurées. Pour continuer notre mission, il nous a fallu organiser des événements. C’est comme cela que nous avons eu l’idée des Sound Systems, que nous avons organisés aux quatre coins de l’île à partir de 1995. »

Ne faisant pas les choses à moitié, Bruno Raya apportera une structure au groupe. « Avec nos albums à succès, nos Sound Systems, qui attiraient les foules, j’ai vite senti que le groupe avait le potentiel de faire d’autres choses. Et pour cela, il fallait une structure. Au départ, cela a été difficile, parce qu’on ne savait pas comment s’y prendre. Mais nous avons appris sur le tas pour structurer le groupe. Par la même occasion, nous avons créé OSB Co. Ltd pour gérer la production de nos albums et pour l’organisation de nos Sound Systems. Puis, nous avons commercialisé notre ligne de vêtements. Tout cela en vue d’être financièrement autonomes », explique-t-il.

En 2004, Bruno et ses frères décident de voir encore plus grand. « Après le marché local, nous avons estimé, mes frères et moi, que nous avions gagné suffisamment en maturité pour toucher le marché international, c’est-à-dire pour faire venir des artistes de renom à Maurice. Nous avons relevé ce nouveau défi avec Live n direk entertainment, une compagnie que nous avons créée. »

Une année plus tard, cette nouvelle entité produira le concert d’Alpha Blondy. « Nous avons voulu frapper fort et nous avons usé de notre audace pour entrer en contact avec l’agent de l’artiste. Comme il a vu que nous étions une organisation sérieuse, il a accepté notre proposition et Alpha Blondy a donné un concert à Maurice le 4 juin 2005. »

La même année, deux mois après le concert d’Alpha Blondy, Live n direk lance la première édition de Reggae Donn Sa, qui a vu défiler plusieurs artistes de renommée mondiale. « Il y a eu Pierpoljak, Daddy Mory, Steel Pulse, les Wailers, Sean Paul, Neg’Marrons, Ethana et Gentleman dernièrement. Faire venir autant d’artistes n’aurait jamais été possible, si on n’était pas structuré et si on n’avait de réseau de contacts sur le marché international. »

C’est d’ailleurs, selon Bruno Raya, le secret d’une bonne boîte d’événementiels. « Sans contacts, on ne peut rien faire. Et aujourd’hui, sans fausse modestie, les agents internationaux prennent contact avec nous pour demander si on veut bien produire des artistes. C’est la preuve que nous nous sommes déjà fait un nom et que nous sommes une boîte sérieuse. »

Et dans ce domaine, tout se joue au moment des négociations. « Il est connu que chaque artiste a des exigences. Nous faisons de notre mieux pour les satisfaire, mais nous imposons également nos conditions. C’est uniquement quand les deux parties sont d’accord sur les modalités que nous procédons à la signature du contrat. Et jusqu’ici, nous n’avons pas eu de problèmes, à l’exception de Sean Paul et d’Etana, qui ont eu des caprices de stars. »

Cette année, Live n direk envisage de faire venir Tonton David, le 11 novembre. « Tonton David sera au Big Willy’s, à Tamarin. La star du reggae français reprendra ses tubes. Puis, nous prévoyons un événement le 23 décembre. Nous sommes encore en négociations et je ne peux pas en dire plus », indique-t-il.