Actualités

Brigitte Teckson, agricultrice: entre ciel et terre

Brigitte Teckson propose des produits cultivés dans un milieu naturel et sain, sans engrais chimiques.
Elle n’a pas attendu les grands discours sur l’agriculture bio et les opportunités offertes aux femmes pour lancer son entreprise. Depuis trois ans, Brigitte Teckson, 57 ans, cultive les légumes les plus consommées par les Mauriciens à Rose-Belle. Une belle réussite qui a valeur d’exemple. Bottes et chapeau de paille, mais sans gants. C’est l’accoutrement de circonstance de  Brigitte Teckson tous les matins lorsqu’elle se rend dans ses champs à Rose-Belle. « Je n’aime pas les gants, ils ne permettent pas de sentir la terre », dit-elle. Avant de partir, vers 8 heures, c’est une petite équipe familiale qui se forme. Il y a son fils, sa fille, ses belles-sœurs. Tout le monde prend place dans deux voitures : direction plein Sud. Brigitte Teckson, c’est un caractère trempé et des convictions héritées d’un père, Noellis, planteur sur la sucrerie The Mount. « Je suis la 8e parmi sept frères et six sœurs. Une véritable tribu », plaisante-t-elle. Après ses études au collège Bhujoharry, elle prend de l’emploi dans une école maternelle avant de partir en usine. Elle se marie à 24 ans et, trois ans plus tard, elle vient habiter chez ses beaux-parents à la rue Vandermeersch, à Rose-Hill. Quelques années plus tard, on la retrouve en train de cultiver des ananas à La Marie. Mais l’aventure ne durera pas à cause des vols fréquents. « J’ai vendu le terrain. Je n’aurai jamais dû, mais j’étais trop dégoûtée », explique-t-elle. Entre-temps, elle a pris sa carte de membre de l’Association des femmes de Beau-Bassin/Rose-Hill. Ce qui lui permettra de rencontrer des femmes issues de toutes les communautés et couches sociales.

Terres du Sud

Nullement refroidie par l’échec de La Marie, Brigitte Teckson a fini par se reconnecter à l’activité agricole. Cette fois-ci, elle part à Belle-Rose, où son oncle Rajoo possède des lopins de terre où il cultive des légumes divers. Elle montre un tel intérêt pour  ces cultures aux légumes qui sortent de ces terres du Sud, que l’oncle lui cède quatre lots de ses champs à sa mort. Il n’en fallait pas plus pour que Brigitte Teckson jubile. Enfin, elle peut adonner sans retenue à sa véritable passion. À Rose-Belle, les quatre lots qu’elle hérite donnent sur la mer et un cours d’eau est à proximité, lui permettant d’irriguer les terres. Mais un défi s’impose : il faut d’abord reconvertir ces terres qui étaient sous culture de canne. Elle va s’y employer avec une pelleteuse qui va affiner le terreau destiné à accueillir des légumes. « Il n’y avait pas vraiment de gros problèmes, explique-t-elle. Il fallait juste bien retourner les terres avant de commencer l’ensemencement. » Pour bien faire les choses, elle commence par embaucher quelques femmes de la localité et deux hommes, chacun assigné a une tâche bien précise. « J’ai eu de la chance, parce que toutes les recrues connaissent le travail de la terre. Il n’y a pas eu de temps d’adaptation. Parfois, elles me conseillent même sur la terre, les légumes, entre autres. Avec le temps, on a fini par devenir une petite famille. C’est vraiment d’esprit rural, naturel, authentique et honnête, comme je l’ai connu durant mon enfance », confie-t-elle.  
 

Véritable démarche de création

Pour Brigitte Teckson, le travail de la terre relève d’une véritable démarche de création. « Il y a du divin dans le fait de voir la terre produire des choses que vont consommer les humains. Il n’y a rien de plus passionnant que de produire des aliments sains, qui aideront les enfants à grandir, à rester en bonne santé. Ça, c’est du concret et c’est la raison pour laquelle, je me bats contre les pesticides et autres herbicides, qui ne sont ni bons pour la terre, ni bons pour la santé », explique-t-elle. Chez notre interlocutrice, la nature tient lieu de philosophie. À un repas sain s’ajoute la pratique du yoga ou un bon repas familial. Mieux, au sein de son association, où les alternances politiques n’ont pas de prise, c’est un véritable espace de tolérance où s’exprime la pluriculturalité mauricienne dans toutes ses facettes. La semaine prochaine, l’association organise une journée de cuisine végétarienne sans huile. « Ce qu’on veut par dessus tout, fait ressortir Brigitte Teckson, c’est insuffler la confiance et la motivation chez les femmes mauriciennes de toutes les communautés. Cela afin qu’elles se lancent dans des activités qui leur permettront de se réaliser, mais aussi de contribuer au bien-être de leurs familles. »  

Femme d’affaires

En véritable femme d’affaires et observatrice des tendances, Brigitte Teckson a facilement compris les attentes du marché des légumes. « Je savais que la demande en légumes sains était en rapide progression à cause des maladies occasionnées par la surconsommation des viandes et autres produits néfastes à la santé. Il fallait juste proposer des produits cultivés dans un milieu naturel et sain, sans recourir aux engrais chimiques. Le seul produit dont je me sers est destiné pour combattre les escargots », indique-t-elle. L’irrigation provient de l’eau d’un ruisseau, et le reste, dont les fines herbes, plantées à l’abri des intempéries, est réalisé à l’arrosoir. En alternant entre la citrouille, un des légumes les plus costauds, et le pâtisson, qui ne résiste pas aux intempéries, elle parvient à alimenter en permanence sa clientèle. Et elle connaît ses attentes, puisque ce sont les membres de l’association des femmes qu’elle préside désormais. « Durant les réunions, on me passe des commandes, car on sait que mes produits sont sains. Mes légumes prennent plus de temps à arriver à maturité, mais au final, ils sont de meilleure qualité et le parfum en dit long. Ils résistent au temps et à la cuisson, le goût s’en ressent », explique-t-elle.
Publicité
Related Article
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !