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Bras de fer présidente / gouvernement : démission envisagée d’Ameenah Gurib-Fakim

Ameenah Gurib-Fakim

Après un bras de fer de plusieurs jours engagé avec Pravind Jugnauth, Ameenah Gurib-Fakim envisage désormais de rendre son tablier de présidente de la République, signant la fin de la crise constitutionnelle qui plane sur le 50e anniversaire de l’Indépendance. La démission pourrait être communiquée à la Speaker ce vendredi 9 mars.

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Panique en début de soirée dans l’entourage de la présidente de la République. Ameenah Gurib-Fakim a signifié à ses proches collaborateurs son intention de démissionner. Certains d’entre eux étaient en larmes et insistaient auprès d’elle pour qu’elle ne parte pas.

Tard dans la soirée, l’intention était qu’elle remette sa lettre de démission ce vendredi 9 mars à la Speaker Maya Hanoomanjee, comme le prévoit la Constitution. Il était aussi question d’une réunion éventuelle avec le Premier ministre dans la matinée.

Quelques heures plus tôt, Ameenah Gurib-Fakim campait pourtant sur ses positions. À certains proches, elle devait affirmer qu’elle n’avait nullement l’intention de partir et qu’elle laisserait le gouvernement mettre sur pied son tribunal spécial. Mais dans la soirée, la donne aurait changé.

C’est notamment le tête-à-tête qu’elle a eu avec sir Anerood Jugnauth (SAJ), après la réunion spéciale du Conseil des ministres, qui aurait provoqué ce revirement. Le ministre Mentor s’était rendu à la State House avec pour mission de la convaincre de partir pour éviter une procédure de destitution humiliante. SAJ était un des derniers soutiens de la présidente. Toutefois, celui qui la soutenait encore fermement en début de semaine lui aurait expliqué que, dorénavant, la meilleure option serait de quitter la State House.

Jeudi a été riche en développements dans le bras de fer opposant Ameenah Gurib-Fakim et le gouvernement. Dans la matinée, Pravind Jugnauth avait pris la décision de convoquer un Conseil des ministres d’urgence (qui a eu lieu à 14 heures) afin d’examiner le refus de démissionner de la chef de l’État et de décider de la voie à suivre.

La décision a alors été prise d’enclencher les procédures de destitution. Il était alors question que le chef du gouvernement dépose une motion de destitution à l’Assemblée nationale dans les jours à venir. La date du vendredi 16 mars avait été avancée.

Effet catalyseur

À mercredi soir, rien n’était pressé. À l’Hôtel du gouvernement, on évoquait même une trêve, le temps de fêter le 50e anniversaire de l’Indépendance. Cependant, la déclaration publique d’Ameenah Gurib-Fakim à la State House lors d’une fonction jeudi après-midi a eu un effet catalyseur. Elle avait affirmé avec fermeté qu’elle n’avait nullement l’intention de clore le chapitre présidentiel.

Après cela, il était clair que les ponts entre le Réduit et le Bâtiment du Trésor étaient rompus. D’ailleurs, Pravind Jugnauth ne s’est pas rendu au Réduit jeudi matin pour son rendez-vous hebdomadaire avec la présidente. Durant la réunion spéciale du Conseil des ministres, décision a été prise d’enclencher les procédures de destitution. Une équipe légale a été formée pour examiner les implications.

L’origine de la crise est la publication de comptes bancaires attestant qu’Ameenah Gurib-Fakim aurait effectué des achats personnels avec une carte de crédit mise à sa disposition par le Planet Earth Institute, dirigé par l’homme d’affaires angolais Alvaro Sobrinho. Mardi, Ameenah Gurib-Fakim avait affirmé qu’elle avait remboursé en mars 2017 l’argent utilisé pour ses achats au moyen de cette carte de crédit et qu’elle n’a nullement fauté.

Qui la remplacera ?

Si Ameenah Gurib-Fakim démissionne de son poste, la suppléance sera assurée par Barlen Vyapory, le vice-Président. Cela, en attendant qu’un autre président ne prête serment. Plusieurs noms circulent, dont ceux d’Ahmad Jeewa, frère de la vice-Premier ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo, Swaley Kasenally, ancien ministre MMM, Sam Lauthan, assesseur de la commission d’enquête sur la drogue et Shirin Aumeeruddy-Cziffra, présidente du Public Bodies Appeal Tribunal.

Maya Hanoomanjee : «Je n’ai pas encore reçu sa lettre»

À 22 heures jeudi, la Speaker de l’Assemblée nationale, Maya Hanoomanjee, déclarait au Défi Quotidien qu’elle n’avait reçu aucune correspondance de la Présidence. « Je n’ai pas été informée d’une démission à venir. La procédure veut que la lettre de démission me soit adressée, mais rien pour l’instant », affirme la Speaker.

 

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