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Bras de fer au SAJ Hospital : médecins et ministre sur la corde raide

Les médecins se donnent corps et âme pour faire fonctionner le service, affirme le Dr Meetheelesh Abeeluck.

La visite du ministre Anil Bachoo au SAJ Hospital a déclenché une crise ouverte avec le personnel hospitalier. Entre critiques publiques, équipes de surveillance et surcharge de travail, les soignants dénoncent un climat délétère et réclament un dialogue constructif.

 Suite à la visite « surprise » du ministre de la Santé au SAJ Hospital, un véritable bras de fer semble s’être engagé entre Anil Bachoo et le personnel hospitalier du service public. Dans une tentative d’« apaisement », le ministre s’est de nouveau rendu dans l’établissement le jeudi 4 septembre. Comme à ce qui semble être devenu son habitude, il a communiqué sur sa page Facebook en tenant des propos « rassurants ».

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« J’ai rencontré nos médecins, infirmières et membres du personnel pour discuter ouvertement et de manière constructive des soins aux patients, des conditions de travail et des projets clés tels que le nouvel appareil d’IRM et la relocalisation de la pharmacie. Je tiens à rassurer tout le monde : les mesures nécessaires ont déjà été prises pour éviter toute pénurie de médecins. D’ici le début de la semaine prochaine, les opérations se stabiliseront et tous les services continueront à fonctionner sans interruption », peut-on lire sur sa page Facebook.

Mais la question demeure : cette visite suffira-t-elle à enterrer la « hache de guerre » ? Pour l’instant, rien ne le laisse présager.

 Selon plusieurs membres du personnel, c’est moins la visite elle-même que le message publié une semaine plus tôt par le ministre qui a envenimé la situation. Dans ce post, Anil Bachoo critiquait les médecins du SAJ Hospital qui « n’étaient pas à leur place » à son arrivée. Une sortie publique qui a laissé un goût amer et qui, aux yeux de nombreux médecins, a constitué une véritable remise en cause de leur engagement.
À cela s’ajoute une mesure perçue comme une provocation : la création de deux Special Monitoring Teams (SMT), chargées de veiller à la bonne marche des services hospitaliers.

Une surveillance qui irrite

Officiellement, ces équipes ont pour mission de soutenir la qualité du service. Le Dr Vasantrao Gujadhur, responsable de ces unités, a insisté sur Radio Plus, sur leur rôle de suivi. Mais dans les hôpitaux, cette initiative est vécue comme une mise sous surveillance directe par le ministre, court-circuitant la hiérarchie habituelle.

« La création de ces équipes est comme un blâme à toute l’administration des établissements hospitaliers - du Regional Health Director au Duty Manager, en passant par le Medical Superintendent et le Regional Nursing Administrator, entre autres », fait ressortir le Dr Meetheelesh Abeeluck, président de la Government Medical and Dental Health Officers Association (GMDOA).

Pour la GMDOA, ces SMT créent une duplication inutile des services. Le message implicite, disent-ils, est que les structures existantes sont jugées inefficaces.

Au-delà de la symbolique, c’est surtout le quotidien des médecins et infirmiers qui nourrit le malaise. Le manque de personnel oblige les hôpitaux à recourir massivement aux « Bank sessions ». Ces heures supplémentaires, censées être facultatives, sont devenues une quasi-obligation pour que les services tournent.

« Les médecins se donnent corps et âme pour faire fonctionner le service », explique le Dr Abeeluck. Mais la fatigue accumulée, les retards dans le paiement de ces heures, ainsi que les critiques du ministre fragilisent le moral. « Nous sommes là pour donner un service, mais il ne faut pas nous pousser à bout », ajoute-t-il.

Selon lui, le personnel hospitalier se sent démoralisé et démotivé. Même si les « Bank sessions » arrondissent les fins de mois, leur paiement tardif et la charge de travail croissante n’incitent plus à ce sacrifice.

Pour la GMDOA, la situation est claire : le sous-effectif chronique met en péril le système. « Nous sommes déjà en sous-effectif. Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, car nous n’allons pas pouvoir répondre par rapport à la réaction des médecins », prévient le Dr Abeeluck. Les médecins, dit-il, sacrifient souvent leur vie familiale et leur santé pour assurer la continuité du service. Mais les critiques publiques du ministre ont changé la donne. Il attribue d’ailleurs la fermeture du Outpatient OPD au SAJ Hospital le week-end dernier à ce climat de défiance. « On ne peut pas obliger le personnel à faire des heures supplémentaires », martèle-t-il. Il appelle ainsi « à un dialogue constructif, pour améliorer la situation au bénéfice de tous ».

Confiance à préserver

Malgré les tensions, le SAJ Hospital reste très fréquenté selon le président de la GMDOA. « Pratiquement toutes les salles sont remplies pour des hospitalisations », note le Dr Abeeluck. Cela complique les nouvelles admissions, mais prouve selon lui que la population garde confiance dans le service public de santé.

Il estime cependant que cette confiance doit être consolidée par les autorités, et non érodée. « Il y a une façon de faire les choses. Si on a un problème avec le service, il y a une hiérarchie, et c’est elle qui aurait dû être contactée, au lieu de partager ses états d’âme sur les réseaux sociaux », explique-t-il.

Pour lui, l’utilisation de Facebook par le ministre a causé des « dommages collatéraux », en donnant une image négative du personnel et en ouvrant la voie à une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.
 

 

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