Bonne vivante et active : Ameena, 70 ans, amputée de sa jambe à cause d’un chauffeur imprudent

Elle a un peu plus de 70 ans. Tous les jours et en compagnie de son époux, elle pratiquait des activités pour une vie saine. Puis, sa vie a basculé. Aujourd’hui Ameena n’a plus qu’une jambe en raison d’un accident.

Ma mère ètait une bonne vivante qui aimait prendre soin de sa santé.

Pointe-aux-Canonniers, 5 décembre, 9 h 30. Comme tous les jours Idriss, 73 ans, et Ameena, 72 ans, reviennent à moto de leur séance d’exercices à la plage de Mont-Choisy. Le couple âgé, mais toujours actif, en a l’habitude depuis des années. Soudain, c’est le drame. Une voiture, conduite par un étranger, débouche d’une ruelle alors qu’elle aurait dû s’arrêter à la jonction. Elle heurte le motocycliste et sa passagère de plein fouet. Ameena est violemment projetée sur l’asphalte.

La police est mandée sur les lieux. La victime est transportée d’urgence par ambulance vers l’hôpital du Nord. Le constat des médecins est effroyable: elle a le bassin brisé et la jambe droite écrasée. Vu la gravité de ses blessures, sa famille décide de l’emmener dans une clinique privée. Les médecins tentent de lui sauver la jambe. L’opération se passe bien mais hélas, l’amputation est jugée inévitable deux jours après. Son époux s’en sort avec quelques égratignures et des contusions.

Chez la famille, c’est la consternation. Une vie qui vire au cauchemar ! « Ma mère était une bonne vivante qui aimait prendre soin de sa santé et regardez ce qui lui est arrivé a cause d’un chauffeur imprudent qui a brisé sa vie», soupire Naznee, 44 ans, la fille d'Ameena. « C’est terrible de la voir ainsi. Elle se déplaçait sans difficultés. Aujourd’hui, elle est immobilisée, peut-être pour toujours, sur un lit. C’est triste, très triste ! » Naznee, mariée et mère, a été profondément choquée en apprenant la terrible nouvelle par téléphone chez elle à Triolet.

Une page définitivement tournée…

Ce qui étonne, par contre, c’est qu’Ameena ne montre aucun signe de découragement lorsqu’elle se confie. « Mon époux et moi, nous nous levions tous les jours vers 4 heures du matin pour de longues marches sur le plage à Mont-Choisy, dit-elle. Mais ce jour-là, le 5 décembre, et contrairement à notre habitude, nous avons décidé de rentrer plus tôt, soit peu après 9 heures. À Pointe-aux-Canonniers, il y a une croisée, sur le chemin appelé Casse-Goun, juste après une boulangerie. C’est là qu’une voiture a soudainement débouché devant nous. Malheureusement, elle ne s’est pas arrêtée… »

Pour Idriss, une page est désormais tournée à jamais : son épouse ne l’accompagnera plus au jogging matinal. Depuis l’accident, Ameena a été prise en charge par sa fille mariée à un camionneur. Ils ont trois enfants, 20, 18 et dix ans, mais Naznee a décidé de s’occuper personnellement de sa maman pour laquelle elle a aménagé une chambre spéciale. « La plus grosse difficulté pour moi, c’est de lui donner ses bains mais heureusement que ma fille, de 18 ans, m’aide dans cette tâche», déclare Naznee. « Je lui donne ses médicaments trois fois par jour. Les médecins m’ont dit que son bassin se remettra tout doucement en place mais pour l’instant, elle doit rester allongée. Plus tard peut-être, je pourrai la faire sortir un peu lorsqu’elle sera en mesure de s’asseoir dans un fauteuil roulant. »

C’est une deuxième partie de son existence, bien difficile pour Ameena. Elle a travaillé comme couturière au Club Med. Par coïncidence, son époux y était aussi employé. « Bon nombre de ses ex clientes ont téléphoné pour prendre de ses nouvelles », indique leur fille. Elle se dit contente, malgré tout, de voir que ses enfants entourent affectueusement leur grand-mère, surtout la benjamine qui lui pose beaucoup de questions. Ameena a aussi un fils, Fardeen. Marié, il habite Grand-Baie mais il vient rendre visite à sa mère tous les jours à Triolet.

Quelles suites ?

Depuis l’accident, Naznee dit avoir emmené sa mère six fois pour des visites médicales dans une clinique privée. Ameena y a passé 16 jours grâce aux contributions financières de la famille et des proches. « L’idéal pour une patiente dans ces conditions, aurait été de recevoir des visites de son médecin traitant à domicile, mais bon… », lance la fille. Quelles sont les chances de compensation pour cette dame de 72 ans rendue invalide pour le restant de ses jours ? Son époux compte bien saisir la justice pour poursuivre le chauffeur imprudent, mais rien n’a encore été décidé pour le moment. Selon lui, le conducteur de la voiture est un étranger basé à Maurice.

La famille a deux options : attendre que la police de Pointe-aux-Canonniers termine l’enquête et soumette le cas au tribunal puis réclamer des dommages appropriés au conducteur si effectivement la cour donne raison à la victime. Ainsi, elle n’aura pas à payer les honoraires des avocats. L’autre option, c’est que la famille, si elle estime que la victime n'est absolument pas fautive, aille de l’avant en logeant une plainte au civil pour réclamer une somme de plus de Rs 1 million de dommages et intérêts dans le cas d’une amputation.

C’est ce qu’explique le caporal Bernard Mootoosamy du Police Press Office. Il rappelle que si le conducteur est trouvé coupable, il sera condamné selon la sentence appropriée (amende ou prison), sur une base criminelle. Sur cette base, il n’y a aucune compensation accordée à la famille. Pour réclamer des dommages et intérêts, la victime devra loger une plainte civile.

Des feux de signalisation réclamés à Pointe-aux-Canonniers

Prisca, une proche amie d’Ameena, lance un appel aux autorités concernées pour l’installation d’un passage piétonnier et des feux de signalisation à la jonction de la Route Royale et le chemin Casse-Goun non loin de la boulangerie La Fourmi. « L’accident, qui a coûté sa jambe à mon amie et qui a gâché sa vie à jamais, aurait pu être évité s’il y avait des feux de signalisation à cet endroit », déclare-t-elle. Selon la fille d’Ameena, ce n’est pas la première fois qu’un accident grave a lieu à ce point précis. « Vous pouvez demander aux habitants combien d’accidents ont eu lieu à cet endroit dangereux et le nombre de morts et de blessés graves qui en ont résulté. »