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Boni de fin d’année : entre obligation légale, nouvelle formule et incertitude

Certaines entreprises sont en attente d’une décision sur le paiement du boni.

« Nous allons voir la situation. » Cette déclaration du ministre des Finances au sujet du boni de fin d’année, le vendredi 23 octobre 2020, alors qu’il intervenait lors d’une conférence de presse, vient relancer la polémique. 

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Le ton adouci de Renganaden Padayachy au sujet du paiement du boni jette un doute sur ce qui est considéré comme un acquis légal des travailleurs. Il a concédé qu’une cinquantaine d’entreprises sont dans l’incapacité de payer le boni. Pourtant, il tenait un discours différent, il y a deux semaines. 

Ce qui a changé : la situation. Le paiement du boni est obligatoire, selon la End of Year Gratuity Act 2001. Le boni de fin d’année est un droit. Ceci doit être préparé en avance. « Tou le mwa ou bizin prepar ou fon pou sa prim la », avait affirmé Renganaden Padayachy à une question de la presse le mercredi 7 octobre, lors de la clôture de la première session d’échanges avec des organisations du secteur privé. Mais le vendredi 23 octobre, il est venu affirmer qu’il attend une demande de la part de Business Mauritius concernant les entreprises qui sont dans l’incapacité de payer le boni.

Ce qui relance le débat sur le paiement du boni en cette période de post-confinement et en pleine crise mondiale. Reeaz Chuttoo, porte-parole de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), explique que, pour abolir ou rendre le boni optionnel, il faudra amender la loi et ce ne sera pas chose facile. Il affirme qu’avec cette situation difficile, les travailleurs obtiennent déjà uniquement leurs salaires de base et pour la majeure partie d’entre eux, la baisse des revenus mensuels est de 50 %. « Je pense qu’avec l’aide du gouvernement et les coupures dans les allocations, les entreprises peuvent payer le boni », estime-t-il. Il ajoute que les travailleurs attendent le paiement du boni pour acheter du matériel scolaire pour leurs enfants. « Si le paiement ne se fait pas, il y aura une révolte », soutient Reeaz Chuttoo. 

Pradeep Dursun, Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius, explique qu’une simple appréhension s’est transformée en une véritable crainte à mesure que l’année se termine. Il fait référence à l’incapacité de certaines compagnies à payer le boni à leurs employés. « Aujourd’hui, la menace est réelle… Cela ne signifie pas que la situation ne s’améliorera pas d’ici décembre », souligne-t-il. 

Le COO de Business Mauritius précise qu’il y a trois types d’entreprises qui opèrent depuis la fin du confinement. Le premier groupe concerne la majorité des entreprises. Elles amortissent le choc et se redressent avec l’aide financière de l’État. D’ici décembre, elles pourront payer le boni de leurs employés. 

L’autre catégorie concerne des entreprises qui sont affectées par la crise liée au Covid-19 et qui opèrent sans avoir de visibilité sur leur avenir financier d’ici décembre. Elles ne savent pas encore si elles pourront payer le boni. La dernière catégorie concerne une cinquantaine d’entreprises. Elles sont engagées dans l’artisanat et les loisirs, ou encore elles sont tour-opérateurs, entre autres. Elles sont liées au tourisme et à l’exportation. Elles pourront difficilement ou carrément pas payer le boni de fin d’année à leurs employés. 

Pour Pradeep Dursun, il ne s’agit pas d’une pression exercée sur le gouvernement pour rendre le paiement du boni optionnel. « Nous voulons un accompagnement ou un soutien. Ou une formule pour le paiement partiel du boni par des entreprises qui sont en difficulté. » Pour cela, Business Mauritius demande au gouvernement de mettre sur pied des comités pour discuter et calculer une formule. 

Business Mauritius est d’avis qu’il n’existe pas de formule unique pour ce type de situation. C’est la raison pour laquelle l’aide du ministère des Finances est requise. « Nous voulons préserver les emplois. Il faut ajuster le système à la situation. Nous devons travailler sur une formule d’ajustement », ajoute le COO de Business Mauritius.

 

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