Body cams – Me Modaykhan: «À l’étranger, cela a réduit le nombre de plaintes contre les policiers»

L’éventuelle introduction des Body Cams au sein des forces de l’ordre mauriciennes, actuellement à l’étude, suscite à la fois intérêt et vigilance. Ces caméras portatives, déjà utilisées en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis, pourraient renforcer la transparence, améliorer la qualité des enquêtes sur le terrain et fournir des preuves fiables devant les tribunaux. Leur déploiement soulève toutefois des questions légales et éthiques.

Encadrement légal nécessaire

Selon Me Modaykhan, la Body Cam est une technologie déjà éprouvée à l’international. « Si elle est introduite ici, elle peut améliorer les preuves produites en cour et, en même temps, renforcer la confiance du public envers la police. » 

Il souligne cependant que, comme toute technologie, elle présente des limites. L’un des principaux risques concerne la violation de l’ICT Act. « Il est nécessaire de mettre en place des directives strictes pour protéger les droits des citoyens. Ces directives doivent être intégrées dans nos lois et définir clairement dans quels cas la Body Cam peut être utilisée, par exemple lors des arrestations, des fouilles ou perquisitions chez des particuliers, et pour produire des preuves en cour », explique-t-il.

L’ancien Senior Prosecutor insiste également sur le respect des règles classiques de la preuve, telles que la chaîne de conservation des preuves (chain of custody), ainsi que le contrôle du stockage et de l’authenticité des enregistrements. Il cite l’exemple de l’Irlande du Nord, où 74 policiers ont utilisé des enregistrements de Body Cam à des fins personnelles. « Là-bas, la loi prévoit des actions et des sanctions disciplinaires. Il faudra prévenir tout usage illégal de ce type ici aussi », ajoute Me Modaykhan.

Amélioration des enquêtes et fiabilité des preuves

L’utilisation des Body Cams pourrait également renforcer la qualité des enquêtes sur le terrain et fournir des preuves objectives devant un tribunal. « La Body Cam est déjà utilisée comme preuve dans plusieurs juridictions. Ses avantages sont multiples : elle améliore le travail d’enquête, apporte plus de précision et permet de réduire le temps nécessaire pour mener une enquête, tout en produisant des preuves réelles », détaille Parwaiz Modaykhan.

Lors d’une arrestation, la caméra permet d’analyser le langage corporel et le comportement des suspects. Elle protège à la fois la police et le public, en réduisant les abus, les fausses déclarations et les plaintes contre les policiers.

Une étude menée à l’Université de Cambridge auprès de 2 000 policiers utilisant la Body Cam a montré une réduction de 93 % des plaintes contre la police. En sus, les enregistrements peuvent être présentés directement comme preuves en cour. Au Royaume-Uni, les images issues des Body Cams sont déjà acceptées comme preuves principales (primary evidence).