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[Blog] Lettre ouverte au Premier ministre

Le Premier ministre

Bâtiment du Trésor,

Port-Louis.

26 août 2020.

Lettre ouverte au Premier ministre

Honorable Premier ministre,

Think Mauritius est un regroupement de citoyens, surtout des professionnels du secteur public et privé, qui ont à cœur le progrès du pays et le bien-être de ses citoyens. Nous sommes apolitiques et nous observons strictement cette neutralité vis-à-vis des partis politiques, ce qui ne nous empêche pas d’avoir des échanges avec eux sur les questions d’intérêt national. Nous existons depuis 2008 et nous faisons régulièrement des études sur les problèmes du pays et nous participons à des débats sur les problématiques d’intérêt national ; nous faisons aussi des programmes à la radio pour éduquer les citoyens.

En 2014, la population mauricienne a décidé d’un changement de régime politique et a placé au pouvoir le Parti Lepep dont votre parti, le MSM, était le principal partenaire. Nous avions placé tous nos espoirs dans cette Nouvelle Alliance pour sortir le pays du marasme politique, économique et social dans lequel il se trouvait.

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Nous avions cru en vos promesses pour apporter plus de démocratie, de justice et de transparence et pour faire triompher la méritocratie et la bonne gouvernance si essentielles pour un développement durable et harmonieux de la nation Mauricienne.

En 2019, nous avons renouvelé notre confiance dans votre parti, dont vous étiez devenu entre-temps le nouveau Leader et aussi le nouveau Premier Ministre du pays en remplacement de Sir Anerood Jugnauth démissionnaire. Vous dégagiez l’image d’une personne sincère, responsable, disciplinée et intègre. Au cours de votre mandat, il y a eu certainement des interventions positives comme l’augmentation de la pension de vieillesse, l’introduction du salaire minimum, l’éducation tertiaire gratuite, le Negative Income Tax et la pension de retraite universelle. Nous tenons à vous féliciter pour ces actions très courageuses malgré les difficultés de mise en pratique et que l’imminence des élections générales a dû être pour quelque chose.

Toutefois, le temps nous a démontré que nous étions mal inspirés car la situation est malheureusement aussi mauvaise, pour ne pas dire pire, qu’elle était sous l’ancien régime.
Nous constatons que plusieurs promesses inscrites dans vos programmes électoraux (Freedom of Information Act ; la télévision privée etc) pour plus de transparence, de justice et de méritocratie sont simplement mises au placard tandis que des nouvelles institutions et des lois baillons auxquelles on ne s’attendait pas sont adoptées pour réduire la liberté d’opinion et d’expression et pour réduire l’espace démocratique.

Des citoyens voulant se montrer patriotiques sont persécutés et même emprisonnés pour avoir osé critiquer la façon dont vous gérez les affaires du pays. L’opacité règne en maitre à tous les échelons que ce soit au niveau du parlement, des institutions publiques ou des institutions privées ou l’état détient des actions. La politisation de ces dernières, surtout avec des agents politiques souvent incompétents et accapareurs, placés à des positions stratégiques donne lieu à des scandales politico-financiers en séries que vous cautionnez.

L’affaire « St-Louis gate », l’achat des médicaments et des équipements médicaux pendant la Covid-19 démontrent l’affairisme des gens qui vous entourent. Les institutions sont désorganisées et ne fonctionnent plus souvent par manque de vision, de leadership, de compétences ou d’équipements.

Nos institutions ne sont plus indépendantes. Le népotisme, la fraude et la corruption ont atteint des proportions alarmantes. Notre patrimoine national est bradé dans l’opacité totale. Les terres de l’état sont distribuées aux personnes proches du pouvoir ou à des corporations disposées à financer vos campagnes électorales.

Les fleurons nationaux tels qu’Air Mauritius et la SBM sont déficitaires. La situation économique est catastrophique avec la dette publique angoissante, la balance commerciale déficitaire, la dépréciation de la roupie, les interventions récentes au niveau de la BOM et la NPF. L’argent public est dilapidé à travers des projets d’envergures qui engloutissent des milliards de roupies mais qui ne sont pas rentables.

Sur le plan social, la pauvreté, la sécurité et la drogue continuent à faire des ravages. Le système éducatif ne répond plus aux besoins nationaux. Vous tolérez allègrement des groupuscules socioculturels sectaires qui font un tort immense au mauricianisme et à l’unité nationale. Vous vous présentez comme un homme de principe avec les mains propres mais vos décisions et vos actions ne l’affirment pas.

Vous vous arrangez pour éviter des questions au Parlement et celles des journalistes pendant vos conférences de presse. Vous refusez d’écouter les appels des citoyens et des forces vives qui pourtant ont à cœur l’intérêt de la nation. Vous manipulez les lois à votre guise au détriment de la liberté des citoyens, en abusant de votre avantage numérique au Parlement. L’intérêt de votre parti et celui de vos proches passent avant l’intérêt du pays.

Les nominations récentes au Mauritius Standard Bureau démontrent votre désintéressement pour la méritocratie, la compétence et le professionnalisme. Pour se maintenir au pouvoir vous acceptez d’accommoder des transfuges opportunistes, qui hier vous combattaient avec acharnement et hargne.

Votre gouvernement dépense énormément d’énergie pour justifier et défendre d’une façon partisane les bévues ministérielles comme l’achats des médicaments pendant la Covid-19 et le naufrage du Wakashio; cette énergie aurait mieux servi pour trouver des solutions innovantes aux multiples problèmes économiques, sociales et environnementales qui menacent notre avenir et celui de la nouvelle génération.

La situation est certes alarmante, mais il est toujours possible de rectifier le tir. Il suffit de reconnaître que vous faites fausse route et qu’une voie alternative plus raisonnable existe.

Ensuite, il est impératif que vous restiez à l’écoute de l’opinion publique et que vous preniez en considération les revendications populaires telles que la consolidation de la démocratie, la méritocratie, la bonne gouvernance, la transparence, la justice sociale, la consolidation des institutions et le combat contre la pauvreté, la drogue, le gaspillage, l’impunité, l’injustice etc.

Autrement, votre récent appel, très louable de « travailler ensemble » ne sera que du vent.
Il faut un changement de paradigme draconien avec une nouvelle vision politique, un nouveau projet de société, un nouveau modèle économique, des conseillers et des ministres compétents, intègres et patriotiques aussi bien que des institutions indépendantes et plus performantes. Le statu quo nous sera fatal. L’unique solution sera alors de retourner le pouvoir au peuple.

Nous vous remercions, Monsieur le Premier Ministre, pour votre indulgence.

Think Mauritius

Rue du Judiciaire,

Ebène 72201.

Cc : Le Premier ministre adjoint

 

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