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[Blog] 1915–2025 - 110 ans de devoir de mémoire : Bikramsingh Ramlallah, journaliste et combattant

Enseignant, journaliste, député et ministre travailliste des années 1960, B. Ramlallah est resté célèbre pour son combat en faveur de la liberté de la presse.

À l’occasion du 110ᵉ anniversaire de Bikramsingh Ramlallah, hommage à un pionnier de la presse mauricienne, fondateur du Mauritius Times, militant infatigable pour la liberté d’expression et la justice sociale.

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Si l’on n’a que l’amour du journalisme, rendez-vous ce mardi 2 septembre à 17h00 à la mairie de Port-Louis pour rendre hommage à un grand monsieur : Bikramsingh Ramlallah, qui aurait eu 110 ans. Journaliste, député, ministre et travailleur social, il fut aussi le fondateur du Mauritius Times – journal qui lui a survécu et qui est aujourd’hui disponible en ligne. Son parcours sera retracé par plusieurs intervenants, dont Alain Laridon et Yvan Martial, ainsi que par d’autres qui l’ont côtoyé durant les « années de braise ».

Pour les jeunes journalistes et les étudiants en communication, il est essentiel de savoir que le journalisme à Maurice n’a jamais été un long fleuve tranquille. Il a fallu des mentors, des parlementaires, des militants de la bonne cause et des travailleurs sociaux pour résister à l’acharnement que subissait la presse locale sous divers régimes politiques.

En tant que président fondateur de l’Union des journalistes mauriciens (MUJ), B. Ramlallah protesta en 1984, aux côtés de 43 autres journalistes, contre un projet de loi du gouvernement visant à amender la loi sur les journaux et périodiques. Ce texte imposait aux propriétaires de médias imprimés de verser une caution de Rs 500 000 – une somme colossale et impossible à réunir à l’époque, ce qui aurait dissuadé les petits imprimeurs disposant de moyens financiers limités.

C’était la mort programmée de la presse indépendante, petite ou grande, et une tentative de museler toute dénonciation des travers du régime alors en place, dirigé par Sir Anerood Jugnauth. Celui-ci pensait pouvoir réduire au silence les opposants armés uniquement de leurs plumes et de leur engagement, sous prétexte de protéger la souveraineté de l’État.

La police anti-émeute arrêta les 43 journalistes, mais refusa d’arrêter 

B. Ramlallah en raison de son âge avancé. Par solidarité, il se rendit de lui-même aux Line Barracks pour rejoindre ses collègues.

Remonter les pendules

Bikramsingh Ramlallah fut membre du Conseil législatif et de l’Assemblée législative. Né en 1915 à Montagne Longue, sous l’empire britannique, il est décédé le 13 septembre 2000 à l’âge de 85 ans.

Issu d’une famille modeste, son grand-père Ramlall et son père Seenarain étaient de petits planteurs mauriciens. Son arrière-grand-père avait quitté Ballia, un village du Nord de l’Inde, pour venir à Maurice comme travailleur engagé.

B. Ramlallah travailla comme enseignant et travailleur social. Membre du mouvement Arya Samaj, il fut aussi président du mouvement socioculturel Hindu Maha Sabha (HMS) basé à Port-Louis. En 1940, il fonda le mouvement de jeunesse Sewa Samithi afin de former les jeunes à la pratique récréative du Lathikhela.

Pendant plusieurs années, il importa en grande quantité des livres et journaux de l’Inde pour les revendre au marché central de Port-Louis. Face à leur succès, il ouvrit en 1946 la librairie Nalanda, rue Bourbon à Port-Louis.

Dans les années 1960, il remarqua les vestiges du Coolie Ghat, lieu de débarquement des travailleurs engagés venus d’Inde. Il mena avec succès une campagne pour sa préservation et sa restauration : le site est aujourd’hui connu sous le nom d’Aapravasi Ghat.

Bikramsingh Ramlallah, le combattant de la liberté

Il mena des combats sur de nombreux fronts, mais le dernier se déroula dans la presse. Le Premier ministre Navin Ramgoolam le qualifia de “bâtisseur de la nation dont il faut se souvenir”, lors d’une cérémonie organisée à la Mapou SSS, qui porte désormais son nom.

Enseignant, journaliste, député et ministre travailliste des années 1960, B. Ramlallah est resté célèbre pour son combat en faveur de la liberté de la presse, en tant que fondateur et rédacteur en chef du Mauritius Times.

Son engagement politique : il rejoignit le Parti travailliste. En 1959, il fut élu député de Poudre-d’Or, puis de 1967 à 1976 représentant la circonscription No 6 (Grand-Baie/Poudre-d’Or). Durant ses mandats, il fut secrétaire parlementaire puis, en 1965, ministre du Travail.

Par Alain Laridon

 

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