La justice avait tranché en sa faveur. Le jeune homme qu’il était alors croyait fermement qu’il serait dédommagé. Trente-deux ans après avoir été percuté par une voiture, Gassen Pyneevel Nullatamby n’a toujours pas reçu les Rs 300 000 que la partie adverse avait été sommée de lui verser.
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On ne sait jamais ce que la vie nous réserve. En 1987, Gassen Pyneevel Nullatamby était un fringant jeune homme qui croquait la vie à pleines dents. Passionné de sport, il aimait faire de la bicyclette et surtout jouer au football. Il évoluait alors sous les couleurs de Brighton, équipe de foot très réputée de Vallée-des-Prêtres. À l’époque, il était déjà marié et père de deux adorables enfants, un garçon et une fille. Il exerçait le métier de pressier à l’imprimerie Westprint. Tout allait pour le mieux.
Puis un jour sa vie a basculé. Le 21 juin 1987, alors qu’il arpentait la route des Pamplemousses, Port-Louis, un homme au volant d’une voiture l’a heurté de plein fouet. Gassen a été grièvement blessé. Il a été transporté d’urgence à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo à Port-Louis. Il avait subi une double fracture du tibia droit.
Il était tellement atteint qu’il a passé les neuf mois qui ont suivi à l’hôpital. Cela a sans doute été le pire moment de sa vie. Il est resté alité sur un lit d’hôpital pendant pratiquement une année. Il ne pouvait prendre soin ni de sa femme ni de ses enfants.
Après ce terrible accident, Gassen n’a plus jamais été le même. « Une des choses qui m’attristaient le plus était de ne plus pouvoir faire du vélo et jouer au foot. Je boîtais », raconte-t-il. Pendant un an, il s’est déplacé à l’aide d’un support.
Après quelque temps, il a repris son travail de pressier. Il a travaillé pendant cinq ans avant de prendre sa retraite en 2012, après 31 ans de bons et loyaux services. Pour meubler son temps, il s’est tourné vers l’agriculture. Il s’est mis à cultiver des légumes fins qu’il allait livrer à des gens du quartier en faisant du porte-à-porte.
Un malheur ne vient jamais seul
Un malheur n’arrivant jamais seul, en 1988, alors qu’il était en convalescence, son épouse l’a quitté avant de se rendre plus tard à l’étranger. Les deux enfants du couple étaient alors âgés de six et huit ans.
En 1990, sur les encouragements de ses proches, Gassen a refait sa vie avec Seeladevi, une habitante de St-Julien d’Hotman. De leur union est né un garçon aujourd’hui âgé de 15 ans.
La venue d’une belle-mère aurait pu bouleverser la vie des enfants issus du premier mariage de Gassen. Mais la nouvelle venue s’est merveilleusement bien adaptée. « Elle s’est occupée de mes deux enfants comme s’ils étaient les siens. D’ailleurs, je leur ai toujours demandé de la respecter », dit-il avec beaucoup de reconnaissance dans la voix.
Son fils fait lui aussi carrière dans l’imprimerie. Gassen est grand-père puisque son fils et sa fille, qui sont mariés, ont chacun un enfant.Aujourd’hui âgé de 67 ans, Gassen, qui arbore une jolie moustache blanche, continue à planter et à vendre ses produits. Il les charge sur sa moto et sillonne les rues de son quartier pour trouver des clients. Son épouse l’aide au jardin. Tous les matins, week-ends inclus, il quitte la maison vers 8 h 30 avec ses légumes. Il rentre vers 11 h 30 voire midi.
Si la vie semble avoir repris son cours, Gassen n’a toujours pas obtenu réparation pour le préjudice qu’il a subi. Trente-deux ans après l’accident, Gassen attend toujours une indemnisation. La recevra-t-il un jour ? Il semble que ses chances soient infimes. Il avait réclamé un peu plus de Rs 300 000. Le tribunal avait rendu un jugement en sa faveur. Dans un premier temps, la partie fautive était censée lui verser cette somme sous forme de tranches. Sauf que Gassen n’a jamais vu la couleur de cet argent.
Contacté, le bureau de l’Ombudsperson for Financial Services a expliqué que la difficulté dans cette affaire réside dans le fait que la compagnie d’assurance du conducteur de la voiture a, depuis, été mise en liquidation. Mais il se pourrait qu’il y ait tout de même une lueur d’espoir pour Gassen. Affaire à suivre…
RAPPORT MÉDICAL
Le rapport médical rendu par le Dr N. Nayaren, posté à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo et en date du 14 juin 1989, dit que :
« Mr Nullatamby has sustained a compound fracture of the right tibia which needed prolonged treatment. The present limitation of his activities is unlikely to improve. Although the inequality in the leg is corrected by wearing a raise in his right shoe, he has problems when he is bare-footed. In my opinion, he has a permanent incapacity of sixteen (16) per cent. »
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