Faits Divers

Blanchi pour agression mortelle d’un octogénaire en 2012 - Luckeenarain Ramjeet : «J’ai énormément souffert»

Il était un bon vivant en 2012. Aujourd’hui, il se déplace avec une béquille vu qu’il a fait une attaque en 2014. Luckeenarain Ramjeet, 60 ans, a été disculpé, jeudi.  Il était traduit en justice pour l’agression mortelle d’un octogénaire. L’affaire remonte au 17 juin 2012, à Vieux Grand-Port.

«J’ai été placé en détention préventive pendant quatre mois après mon arrestation en juin 2012. Ma fille avait rompu tout contact avec moi à la suite à cette affaire. Aussi, j’ai perdu mon emploi de vigile. Deux ans après, j’ai eu une attaque et je n’ai pu quitter le lit pendant 12 mois. Aujourd’hui, je me déplace avec une béquille », relate Luckeenarain Ramjeet  que nous avons rencontré, à la New Court House, Port-Louis.

La cour intermédiaire l’a disculpé, jeudi 27 avril 2017, pour coups et blessures ayant causé mort d’homme, sans intention de tuer. Il était accusé d’avoir, le 12 juin 2012, agressé mortellement Henri Emmanuel Toussaint, âgé de 80 ans, à Vieux Grand-Port. Le vieil homme est décédé, neuf jours plus tard, des suites d’une une hémorragie intracrânienne, selon le rapport du médecin légiste en chef, le Dr Sudesh Kumar Gungadin.

Luckeenarain Ramjeet et son épouse, Mantee, 60 ans, disent avoir vécu de moments difficiles.

« Nous étions moralement affectés. Du jour au lendemain, Luckneenarain a perdu son emploi et nous nous sommes trouvés dans des situations difficiles pour faire bouillir la marmite », soutient Mantee. Pendant un an, dira l’épouse, elle a dû s’occuper de son mari, cloué au lit. Il a été victime d’une attaque et la partie gauche de son corps est paralysée.

«Je me suis défendu»

Luckeenarain Ramjeet est père de deux enfants, un fils de 35 ans et une fille de 34 ans. Il est aussi grand-père d’une petite-fille de trois ans. Il se dit soulagé de ce verdict. « Je maintiens que le 12 juin 2012, à Vieux Grand-Port, c’est la victime qui m’a insulté pour un rien et m’a infligé des coups avec sa canne. Je me suis défendu en lui arrachant sa canne. Il est tombé par la suite. Immédiatement, je me suis rendu au poste de police de la localité pour rapporter le cas », relate ce sexagénaire.

Luckeenarain Ramjeet avait plaidé non coupable. Il était défendu par Me Rodney Rama. La poursuite était assurée par Me Caruna Keswarhee Nilamber-Paupoo.

Dans son jugement, le magistrat Azam Neerooa soutient avoir relevé plusieurs contradictions dans les propos des témoins de la poursuite, notamment ceux d’un chauffeur de taxi de 64 ans et ceux de la fille de la victime.  Le chauffeur de taxi avait indiqué à la police, qu’il est allé voir la fille de la victime pour lui dire que son père avait été agressé par Lutchmeenarain Ramjeet. Cependant, il a soutenu qu’il n’a pas constaté de blessures sur la victime, car il était pressé d’effectuer une course.  La  cour note que le chauffeur de taxi n’a pas vu le visage de la personne qui a agressé la victime. Car, il n’a pu identifier Luckeenarain Ramjeet.

«Contradictions»

Aussi, lors de son témoignage en cour, le chauffeur de taxi est revenu sur sa version en affirmant avoir noté des blessures, sur le visage de la victime.

Quant à la fille du disparu, elle a déclaré que son père lui a révélé qui était son agresseur. La déclaration faite par la victime, selon la cour, est un ouï-dire et ne peut être considérée comme une déclaration venant d’un mourant (dying statement). Car, une « déclarante mourante » est faite normalement, selon la cour,  lorsque la victime est sur le point de mourir.

Par ailleurs, le magistrat évoque qu’il n’y aucune preuve médicale produite, au cours du procès, pour déterminer que lorsque la victime a fait cette déclaration, elle était mourante.
Étant donné que les témoignages contradictoires du chauffeur de taxi et vu que les éléments de l’accusation n’ont pu être établis par la poursuite, la cour a disculpé le sexagénaire.
La poursuite n’a pu prouver que les coups infligés avaient causé la mort de la victime. Celle-ci est décédée, soit quatre jours, après son agression.

Aussi, il fallait démontrer que les coups infligés par le sexagénaire à Henri Emmanuel Toussaint, étaient délibérés. Or, le sexagénaire a maintenu, dans sa déposition, qu’il a arraché la canne de la main de la victime, pour l’empêcher de l’agresser.

Après l’énoncé de ce verdict, le visage tiré, Luckeenarain Ramjeet, à petits pas, quitte la salle d’audience aux bras de son épouse avec un grand soulagement.

 

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