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Bissoon Mungroo, directeur de Manisa Hotel : «Importer de la main-d’oeuvre prend trop de temps»

Un manque de main-d’œuvre et l’absentéisme affectent les petits et moyens établissements hôteliers durant la haute saison, déplore le directeur de Manisa Hotel. 

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Comment se déroule la haute saison touristique? 
Bien que nous observions une hausse des arrivées touristiques, favorable à la santé de l’économie nationale, les petits et moyens établissements hôteliers sont confrontés à d’importants défis. En effet, un manque criant de main-d’œuvre se combine à un taux d’absentéisme élevé et à des coûts d’exploitation croissants. Cette conjonction de facteurs compromet sérieusement la qualité du service offert à notre clientèle.

Pour pallier ces difficultés, nos employés doivent souvent prolonger leur quart de travail afin de compenser les absences, générant ainsi des coûts considérables en heures supplémentaires. Plus préoccupant encore, ce déficit de personnel touche divers postes essentiels, allant des serveurs et cuisiniers aux femmes de chambre et techniciens de maintenance.

D’où votre demande pour l’importation des travailleurs étrangers ?
Ce qui est particulièrement exaspérant, c’est la lenteur des procédures pour l’importation de travailleurs étrangers. Les délais pour traiter un dossier s’étirent sur des mois, rendant la situation de plus en plus précaire pour les petits et moyens établissements hôteliers. Lorsque nous tentons de suivre l’avancement de notre dossier, les réponses restent vagues et répétitives : « Nous y travaillons toujours. » Cela aggrave nos difficultés, laissant les établissements dans l’incertitude quant à la résolution de leur manque de personnel.

Êtes-vous en mesure de payer la hausse du salaire minimum et la compensation salariale ?
Sans un appui gouvernemental adéquat, il devient extrêmement difficile pour les petits et moyens établissements hôteliers de supporter ces nouvelles charges salariales. En tant que patriote, je reconnais l’importance d’augmenter les salaires de base et d’ajouter un complément de Rs 2 000, portant ainsi le minimum garanti à Rs 17 000 pour les travailleurs. Cette mesure vise à améliorer leurs conditions de vie.
Je me questionne sur la pertinence d’accorder cette compensation de Rs 2 000 aux travailleurs étrangers, dont les employeurs prennent déjà en charge des dépenses comme le billet d’avion, le logement, la nourriture, ainsi que les factures d’électricité et d’eau. À mon avis, il aurait été plus équitable d’allouer une compensation de Rs 3 500 aux travailleurs mauriciens, qui doivent assumer ces coûts supplémentaires, notamment ceux qui ont des loyers à payer. De plus, il aurait été envisageable de prévoir une aide aux employeurs, confrontés à la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché, afin de soutenir la prise en charge des travailleurs étrangers. 

En l’absence d’un soutien gouvernemental approprié, les petits et moyens établissements hôteliers sont susceptibles de rencontrer d’importantes difficultés. Bien que la haute saison touristique permette de maintenir une certaine stabilité, il est légitime de s’inquiéter pour la basse saison, où le taux d’occupation pourrait chuter à seulement 25 % - 30 %. Face à cette réalité économique, nous pourrions être contraints de réduire notre personnel, accentuant ainsi les défis opérationnels et financiers auxquels nous sommes confrontés.

Quels sont les touristes qui viennent à Maurice durant cette haute saison ?
Nous accueillons principalement des touristes français et d’autres pays européens. Toutefois, nous constatons une hausse notable des arrivées en provenance des pays d’Europe de l’Est et de la Russie. Je suis convaincu qu’avec les différentes campagnes orchestrées par la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), nous serons en mesure d’attirer davantage de visiteurs en provenance de cette région.

Estimez-vous qu’une détérioration de la situation au Moyen-Orient aurait un impact négatif sur les arrivées touristiques à Maurice ?
À mon avis, une telle détérioration ne serait pas nécessairement préjudiciable à notre secteur touristique, étant donné que les arrivées touristiques en provenance de ces régions ne représentent pas une part significative de notre marché. En réalité, une situation instable au Moyen-Orient pourrait inciter davantage de touristes à choisir Maurice comme destination alternative.

Quels autres défis majeurs rencontrent les petits et moyens établissements hôteliers, en plus du manque de main-d’œuvre ?
L’un de nos principaux défis réside dans l’augmentation constante de nos dépenses. Contrairement aux grands établissements hôteliers qui ont bénéficié du soutien financier de la Mauritius Investment Company (MIC), nous avons dû financer nous-mêmes nos travaux de rénovation en prévision de la haute saison touristique. Cette situation est exacerbée par l’incapacité à constituer des réserves financières suffisantes pour faire face à la basse saison, comme cela était possible par le passé.

Pour illustrer l’ampleur de nos défis financiers actuels, prenons l’exemple des coûts liés à l’approvisionnement en eau. Actuellement, le coût d’un camion-citerne d’eau s’élève à Rs 5 000. Face à une pénurie d’eau, nous sommes contraints d’acheter deux camions-citernes par jour, soit un coût quotidien de Rs 10 000 et un coût mensuel atteignant Rs 300 000. Cette situation contraste nettement avec les coûts plus modérés, oscillant entre Rs 35 000 et Rs 40 000 par mois, que nous avions rencontrés il y a quelques années seulement.

La situation est d’autant plus complexe que nous sommes dans l’incapacité d’ajuster nos tarifs, établis préalablement avec les tour-opérateurs avant la haute saison touristique. Toute tentative d’augmentation pourrait effectivement mettre en péril nos contrats existants avec ces partenaires. Face à ces contraintes, il est essentiel que le gouvernement reconnaisse notre contribution significative à l’économie nationale et nous accorde un soutien renforcé pour surmonter ces défis financiers et opérationnels.

 

 

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