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Biocarburant : un moyen de réduire la facture pétrolière de Maurice

Le pétrole est un gros composant des importations de Maurice.

Le lancement du Global Biofuels Alliance au Sommet du G20 traduit l’intention de différents pays s’agissant des objectifs environnementaux. Le biocarburant peut permettre de réduire la dépendance au pétrole comme c’est le cas pour Maurice.  

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La State Trading Corporation (STC) importe les produits pétroliers de Maurice pour les transports publics, les activités industrielles et commerciales, les véhicules privés, l’approvisionnement en mazout de la Central Electricity Board (CEB), ainsi que le ravitaillement en carburant des avions. La demande annuelle en produits pétroliers pour répondre aux besoins nationaux et internationaux a atteint 945 000 tonnes métriques en 2019/2020. Avec le coût des carburants à l’international qui flambe, le prix de l’essence et du diesel à la pompe à Maurice demeure très élevé. D’ailleurs, Rajiv Servansingh, concède que le pétrole est le plus gros item des importations mauriciennes. « Nos importations annuelles en produits pétroliers sont de 1 milliard de dollars »,  souligne le directeur général de la STC.

Face à cette situation, qui à n’en point douter, se répercute sur les consommateurs, il est d’avis que le biocarburant est une solution plausible pour Maurice. « Cela pourrait non seulement aider Maurice, mais aussi tous les pays qui dépendent de l’importation du pétrole. L’impact peut également se refléter sur notre facture pétrolière si le biocarburant remplace l’essence. La tendance haussière du prix de l’essence à l’international devrait se poursuivre en raison de l’offre et la demande », avance-t-il. Le sujet du biocarburant  s’accorde à l’ère du temps suivant le lancement du Global Biofuels Alliance le 9 septembre dernier lors du Sommet du G20 en Inde.  

Aspect environnemental

Changement climatique oblige : la réduction de l’impact négatif des produits nocifs sur l’environnement figure à l’agenda de nombreux pays. Ganessen Chinnapen, économiste, explique que le biocarburant et la biomasse vont de pair. « Les biocarburants ont moins d’émissions de gaz et permettent de quitter les énergies conventionnelles pour aller vers les énergies vertes. C’est une bonne chose que Maurice soit un initiateur dans le Global Biofuels Alliance. Nous pourrons bénéficier du transfert du savoir des autres pays », fait-il ressortir. 

Toutefois, pour que Maurice puisse bénéficier pleinement de sa présence dans cette alliance, il est d’avis qu’il faudrait des incitatifs comme des accords commerciaux préférentiels ou des rabais. 

Global Biofuels Alliance et l’engagement des leaders

Le président des États-Unis, Joe Biden, le Premier ministre indien Modi et les dirigeants de l’Argentine, du Brésil, de l’Italie, de Maurice et des Émirats arabes unis ont lancé l’Alliance mondiale pour les biocarburants. Ce partenariat vise à faire progresser l’engagement commun à déployer des carburants plus propres et plus verts dans le monde entier afin de contribuer à la réalisation des objectifs de décarbonisation.  Les dirigeants du Bangladesh et de Singapour étaient également présents en tant que pays observateurs de l’alliance.

L’alliance s’engage à accélérer les transitions énergétiques propres, durables, justes, abordables et inclusives en suivant différentes voies, afin de favoriser une croissance forte, durable, équilibrée et inclusive et d’atteindre ses objectifs en matière de climat. Dans le G20 New Delhi Leaders’ Declaration, il est souligné que « nous reconnaissons l’importance des biocarburants durables dans nos stratégies de développement à émissions nulles ou faibles et prenons acte de la création d’une Alliance mondiale pour les biocarburants ».

Questions à… Khalil Elahee, chargé de cours à l’université de Maurice et expert en matière énergétique : «Le biocarburant doit remplacer l’huile lourde du CEB dans le long terme»

khalilQuel regard jetez-vous sur le lancement du Global Biofuels Alliance ?
Le Global Biofuels Alliance est une bonne initiative. Il faudrait maintenant voir comment cela va se concrétiser. Il convient de souligner que le biocarburant n’est pas nouveau. Le bioéthanol existe à Maurice depuis des siècles et nous en exportons chaque année des millions de litres en Europe. Je comprends que l’on veuille remplacer l’essence par le biocarburant depuis des décennies à Maurice, sans y parvenir. Il y a cependant plusieurs avantages à utiliser du biocarburant.    

Comment est-ce que Maurice pourra bénéficier de cette alliance ?
Ce serait à notre avantage d’utiliser le biocarburant, car nous en avons déjà. J’espère que l’Université de Maurice et des chercheurs du privé seront impliqués dans les initiatives en ce sens. Il est temps d’avoir des accords gagnant-gagnant avec les parties concernées pour l’utilisation du bioéthanol à Maurice. Cette alliance peut nous apporter le soutien nécessaire. Les principaux pays concernés, notamment les plus gros, parlent de biocarburants avancés, soit ceux issus de sources purement bio. Ces pays souhaitent commercialiser le biocarburant. Cela comporte également un volet hydrogène. L’avenir repose sur l’hydrogène vert, une initiative que le Global Biofuels Alliance s’efforce de promouvoir. Maurice possède le potentiel nécessaire pour produire de l’hydrogène vert en utilisant le processus de désalinisation de l’eau de mer.

Les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie indiquent qu’environ 2 millions de barils de pétrole ont été économisés par jour l’année dernière dans le secteur du transport grâce aux biocarburants liquides. Est-ce de bon augure pour la suite ?
C’est une situation paradoxale, car le bioéthanol mauricien fait partie des 4 % de la demande mondiale de biocarburant. Or, nous n’en utilisons pas à Maurice. Par contre, l’incorporation des biocarburants dans le mix carburant traditionnel est obligatoire en Europe. La demande mondiale pour les biocarburants est appelée à évoluer non seulement dans les pays du nord, mais aussi dans le sud où la pollution est présente. Cependant, les risques doivent être pris au sérieux surtout pour le continent africain. Il ne faudrait pas que la culture de la biomasse se fasse au détriment de la sécurité alimentaire. Cela doit être une culture durable des biocarburants, sans exploiter les terres et la population des pays pauvres.  

Maurice est dépendant des produits pétroliers et cela se reflète sur nos importations. Le biocarburant peut-il être favorable à notre facture pétrolière ? 
Le biocarburant aidera certainement à alléger notre facture pétrolière. Le baril du pétrole coûte environ 90 dollars aujourd’hui et devrait grimper davantage. Le  prix du charbon a également atteint un niveau record. Qui dit importations, dit davantage de devises. Cela fragilise notre roupie. Nous devons optimiser nos ressources. Pourquoi ne pas venir de l’avant avec un système où l’on subventionne les énergies propres localement au lieu de dépenser sur l’importation du pétrole ? Les fonds du climat peuvent être utilisés dans cette optique. Le biocarburant doit remplacer l’huile lourde du Central Electricity Board (CEB) dans le long terme. C’est en ce sens que le Global Biofuels Alliance peut nous aider en termes de financement.

 

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