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[Billet] Ramgoolam – Bérenger : les ego apaisés

 Le pouvoir vacille parfois pour des raisons minuscules. Mais lorsqu’il se ressaisit, c’est souvent que les hommes ont compris – au moins pour un temps – que la stabilité du pays passe avant leur propre susceptibilité. L’épisode du week-end l’a démontré : l’alliance RamgoolamBérenger tient encore.

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Elle reste cependant un édifice fragile. Le retour au calme entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger mérite d’être salué. Non pas parce que l’incident était exemplaire – il ne l’était pas – mais parce qu’ils ont su, au bord de la rupture, faire primer l’État sur l’ego. Paul Bérenger, blessé de ne pas avoir été consulté sur le renouvellement du contrat du commissaire de police, avait enclenché une séquence de départ dont personne n’aurait pu mesurer les conséquences. Navin Ramgoolam, quant à lui, avait sous-estimé la sensibilité de son allié sur un dossier stratégique.

 

Ce malentendu aurait pu tourner à une crise politique. Il se termine par un geste politique : un compromis exigeant où chacun a reculé pour que l’ensemble avance. Lorsque le père de Muzzamil Hosenboccus – jeune victime de la route – demande à Paul Bérenger de rester au gouvernement pour « faire bouger les choses », c’est toute la dimension humaine du pouvoir qui resurgit. Les décisions politiques ne sont pas abstraites ; elles façonnent des vies. Bérenger l’a compris, passant l’éponge sur l’épisode du commissaire.

 

Ce n’est ni faiblesse ni capitulation : c’est un choix pragmatique et civique, reconnaissant que le pays n’a pas à payer pour une humiliation déjà consommée. Ramgoolam, de son côté, n’a pas cherché à l’emporter. Il a préféré préserver l’Alliance, démontrant que l’autorité peut aussi s’exprimer dans l’apaisement. Mais ne nous y trompons pas : si la crise est passée, la fragilité demeure. Paul Bérenger devra apprendre à ne pas allumer un incendie à chaque tension. Tous les désaccords ne méritent pas ultimatum, scène publique et linge sale étalé aux caméras. L’État ne peut pas vivre au rythme des colères d’un homme, aussi historique soit-il. Et Navin Ramgoolam devra cesser de jouer avec le feu. Un allié qu’on méprise un jour peut se transformer en pyromane le lendemain. La communication doit devenir une règle, pas un pansement après la gifle.

 

Le pacte de gouvernement n’a pas explosé. Mais il est désormais sous surveillance constante. Pour éviter que cet incident ne devienne un précédent, il faudra : une communication directe à chaque étape importante ; un respect explicite des sensibilités de chacun ; une coordination stratégique sur les dossiers d’État ; une complémentarité assumée dans l’action gouvernementale. L’alliance n’est pas un partage de maroquins : c’est un partage de responsabilités. Si l’un gouverne sans consulter l’autre, ou si l’autre réagit en défiant publiquement son partenaire, l’équilibre se rompt.

 

Après vingt années dans l’opposition, le MMM ne peut pas se permettre de transformer chaque tension en psychodrame. Le pays n’attend pas de lui un rôle de vigie frustrée : il exige de la tenue, de la constance et des résultats.

 

Quant au Premier ministre, il sait désormais qu’un allié fragilisé affaiblit aussi son leadership. La stabilité observée aujourd’hui n’efface pas la vulnérabilité révélée hier. Les ego se sont tus à temps. Mais une gouvernance solide ne peut dépendre ni de la patience de l’un, ni des excuses de l’autre. Si Ramgoolam et Bérenger veulent inscrire leur action dans l’histoire, ils devront consolider la cohésion de leur tandem avant que la prochaine secousse ne les y oblige. Le pays ne leur demande pas d’être amis. Il leur demande de réussir ensemble.

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