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Billet : Les « fat cats »

Plus de 120 000 Mauriciens, soit environ 10 % de la population, vivent dans une pauvreté relative, selon les statistiques officielles. Et nos élus n’en font très certainement pas partie. Tout en débattant sur l’introduction d’un salaire minimal, nos parlementaires se préparent à s’accorder une belle augmentation salariale… après avoir déjà bénéficié d’une très confortable majoration en 2013. Un député recevra une rémunération mensuelle de Rs 157 485, incluant de multiples allocations. À cela, il faut ajouter la possibilité d’acheter une berline hors-taxe chaque trois ans, des appels téléphoniques gratuits et même la fourniture gratuite d’équipements informatiques. La grille préparée par le Pay Research Bureau (PRB), révélée par les médias cette semaine, indique qu’un ministre recevra un package mensuel de Rs 349 685, contre les Rs 331 880 qu’il touchait depuis 2013. Quant au Premier ministre, il est de très loin le mieux payé de tous (Rs 552 650). Le leader de l’opposition touchera Rs 253 710. Tout ceci n’englobe pas les généreux per diem perçus pour chaque jour passé à l’étranger dans des missions souvent inutiles. On peut arguer que ces gens ont l’immense responsabilité de diriger le pays ou d’améliorer le bien-être de la population à l’Assemblée nationale. Oui, mais quand on voit les performances médiocres des uns ou les silences très prolongés des autres, on peut légitimement se poser des questions. Maurice, petit confetti perdu au milieu de l’océan Indien avec une population minuscule de 1,3 million, rémunère mieux ses parlementaires que certaines des plus grandes puissances. À titre d’exemple, le chef du gouvernement mauricien est mieux payé que Vladimir Poutine. Il obtient six fois plus que Narendra Modi, neuf fois plus que Xi Jinping, presque la même chose que François Hollande et un peu moins que Shinzo Abe (Japon). Les « fat cats », comme disait l’autre, se trouvent aussi dans l’hémicycle. Ne nous faisons pas d’illusions, la politique est un business très lucratif et un excellent investissement. Car, à partir de deux mandats, un élu perçoit deux-tiers du salaire de la plus haute fonction qu’il a occupé au Parlement jusqu’à la fin de ses jours. Une somme réajustée à chaque révision salariale. Mais quid de la nouvelle Declaration of Assets Act, promise par l’Alliance Lepep, devant couvrir le député et ses proches pouvant servir de prête-noms ? La liste allait, semble-t-il, être publiée à l’Officiel et non jeté dans un tiroir de l’Icac.
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