Monde

Bill Clinton critiqué pour ses commentaires très peu #MeToo sur Monica Lewinsky

Bill Clinton, l'ancien président des Etats-Unis (photographié ici en mai 2018) sort un roman et se fait questionner sur l'affaire Lewinsky

Ce qui devait être une paisible tournée de promotion pour la sortie, lundi, de son premier roman, "The President is Missing" (Le président a disparu), co-écrit avec l'auteur à succès James Patterson, s'est transformé en polémique nationale à la faveur d'une interview diffusée par la chaîne NBC. Interrogé sur Monica Lewinsky, qui fut son amante en 1995 et 1996 alors qu'elle était stagiaire à la Maison Blanche, Bill Clinton a ainsi révélé ne jamais s'être excusé personnellement auprès d'elle et ne pas avoir l'intention de le faire. 

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En février, Monica Lewinsky a écrit un témoignage, publié dans le magazine Vanity Fair, expliquant notamment qu'elle avait souffert de stress post-traumatique, lié à la médiatisation de sa liaison et à l'enquête du procureur spécial Kenneth Starr. Après avoir longtemps affirmé que la relation était consentie, elle a expliqué que sa jeunesse à l'époque (22 ans) et la différence de statut entre elle, jeune stagiaire, et le président des Etats-Unis, rendaient l'idée même du consentement "discutable".

"J'ai dit plus d'une fois publiquement que j'étais désolé", a dit Clinton, visiblement mal à l'aise alors qu'il est communément considéré comme un tribun d'exception. "C'est très différent. Les excuses étaient publiques". "Ca fait 20 ans, allons!" a dit James Patterson, présent avec Bill Clinton pour l'interview, pour tenter de couper court. "Parlons de JFK. Parlons de LBJ", en référence aux anciens présidents John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson, connus pour avoir eu de nombreuses liaisons extra-maritales. "Stop, maintenant".

"Durant la campagne 2016, Bill Clinton n'a jamais eu à parler en détail de ses scandales passés... Les choses ont changé", a relevé le communiquant David Ford, sur Twitter. "Bill Clinton est précisément l'une des raisons pour lesquelles nous avons besoin du #MeToo", a commenté la journaliste et éditorialiste Courtney Enlow, également sur Twitter, où le mari d'Hillary Clinton était vertement critiqué.

"J'apprécie le mouvement #MeToo", a néanmoins déclaré le démocrate de 71 ans, estimant même qu'il "aurait dû arriver avant". Pour autant, "cela ne veut pas dire que je suis d'accord avec tout. Je m'interroge sur certaines décisions qui ont été prises", a-t-il ajouté, sans plus de précisions. Depuis que l'affaire Harvey Weinstein a éclaté début octobre, des dizaines d'hommes de pouvoir ont été contraints de quitter leurs fonctions après avoir été accusés de harcèlement ou d'agression sexuelle.

Lors de l'entretien, Bill Clinton a affirmé que, s'il avait été président aujourd'hui, en pleine ère #MeToo, il n'aurait pas réagi différemment à la révélation de sa liaison et aux accusations de l'époque, qui l'avaient mené tout près de la destitution. "Personne ne pense que je m'en suis sorti indemne. J'ai quitté la Maison Blanche avec 16 millions de dollars de dettes", a déclaré celui qui fut chef de l'Etat de 1993 à 2001, vraisemblablement en référence aux frais de justice qu'il a dû engager pour sa défense, même s'il ne le précise pas.

Dans un tweet ironique, Donald Trump Jr, fils du président actuel, a salué les déclarations de Bill Clinton, "le premier homme à se poser en victime pour ses actions contre les femmes. Osé! Stupide... mais osé!!!" Donald Trump a lui-même fait l'objet d'accusations de harcèlement sexuel de la part de plusieurs femmes, allégations qu'il a toujours démenties. Bill Clinton, un ancien avocat, a également été tancé pour s'être présenté, durant l'interview, comme un acteur de l'avancement des femmes dans le milieu professionnel.

Il a notamment rappelé qu'il avait mis en place des règles anti-harcèlement lorsqu'il était gouverneur de l'Arkansas (sud), durant les années 80. Nul n'a mentionné durant l'interview l'action en justice intentée par Paula Jones en 1994 pour des faits supposés de harcèlement sexuel remontant à 1991. En 1998, l'ancienne employée de l'Etat d'Arkansas avait renoncé à son action en échange du versement de 850 000 dollars par celui qui était alors président des Etats-Unis.

 "Bill Clinton se vante du nombre de femmes dirigeantes qu'il a embauchées au long de sa carrière", a commenté le journaliste et éditorialiste de Philadelphie Ernest Owens, "comme si Harvey Weinstein et d'autres hommes n'avaient pas fait la même chose et n'en étaient pas moins des ordures." La controverse n'a pour l'instant pas affecté, au contraire, la trajectoire commerciale du roman à suspense de Bill Clinton et James Patterson. Il figurait lundi en tête des ventes sur la plateforme Amazon.

 

AFP/PHOTO : ANGELA WEISS

 

 

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