Le dynamisme est au rendez-vous dans le tourisme, l’automobile ou encore les services financiers en ce début d’année. Par contre, les opérateurs de l’industrie manufacturière, du secteur agricole et des Tics sont impactés par la hausse salariale.
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Secteur manufacturier
- Une baisse des commandes
Départ poussif pour le secteur manufacturier en ce premier trimestre ! « Dans le secteur d’exportation et le textile, il y a une baisse des activités en raison des commandes moins importantes. L’industrie manufacturière est le secteur qui souffre le plus en raison non seulement d’un manque de commandes, mais aussi de main-d’œuvre. Certaines entreprises ont, d’ailleurs, délocalisé une partie de leurs productions à Madagascar », indique l’industriel François de Grivel.
Les opérateurs sont aussi affectés par la hausse salariale. « Nous avons enregistré une certaine reprise en décembre. On s’attendait donc à ce que 2024 soit meilleur. Mais avec le paiement de la compensation salariale et l’augmentation du salaire minimum, nos coûts ont grimpé de 30 % à 40 % sans compter les coûts indirects », souligne le directeur d’une PME. Quand il a cherché à augmenter ses prix, ses clients locaux et à l’exportation lui ont dit qu’ils ne pourraient pas payer. « Du coup, nous devons grignoter sur nos marges pour pouvoir ‘break even’ », souligne notre interlocuteur. Jenny Pidial, CEO de Fit-U Garment Ltd, fait face au même problème.
« La situation reste stagnante. Les clients avec qui nous travaillons veulent que nous restions sur nos prix initiaux alors que nous recommandons une augmentation suite à la hausse de nos coûts (salaires et matières premières). Nous avons un peu peur de l’avenir », affirme-t-elle. Pour le directeur de la PME, le seul avantage, c’est qu’avec la dépréciation de la roupie face aux devises, les recettes d’exportation sont un peu plus élevées. À quoi s’attendre dans les mois à venir ? « Le deuxième trimestre s’annonce meilleur que le premier trimestre », prévoit François de Grivel.
Automobile
- 2 667 véhicules neufs immatriculés entre janvier et février
Ça roule dans le secteur automobile ! Sapan Etwaroo, Chief Operating Officer chez United Motors Ltd et président de la Motors Vehicles Dealers Association (MVDA), ne cache pas son enthousiasme. Le premier trimestre est « très positif », souligne-t-il. « Le marché est en hausse comparativement à l’an dernier qui était déjà excellent.
À retenir
29 862 véhicules immatriculés en 2023
Véhicule neuf
20 856
Véhicule de seconde main
9 006
Nous notons une progression de 27,25 % durant les deux premiers mois de 2024 par rapport à la même période l’an dernier », fait-il ressortir. En effet, entre janvier et février 2024, 2 667 véhicules neufs ont été immatriculés contre 2 196 durant la même période en 2023. Pour les opérateurs du secteur, les prochains mois s’annoncent positifs. « Nous sommes déjà bien en avance », se réjouit Sapan Etwaroo.
Secteur des Tics
- Certaines entreprises fragilisées par la hausse salariale
« Dans le secteur des Tics, il y a une augmentation des activités », indique François de Grivel. Cependant, tout est loin d’être rose. Avec les récentes hausses salariales, certaines compagnies se retrouvent un peu en difficulté, affirme Roshan Seetohul, secrétaire général de l’Outsourcing and Telecommunications Association (OTAM). « Les instances concernées ont été mises au courant et chaque cas sera étudié », avance-t-il. Pour Roshan Seetohul, il est impératif que le pays reste compétitif et il est donc nécessaire à cet effet de mettre en place des mesures pour aider les opérateurs à continuer leur business à Maurice.
D’autant plus, ajoute-t-il, que le pays a le maîtrise et l’expertise nécessaires par rapport aux pays qui émergent dans le domaine. « Pour le prochain Budget, on fera des demandes en ce sens pour garder l’attractivité et la compétitivité du secteur. N’oublions pas que le secteur est prometteur et il permet à de nombreux jeunes de faire carrière », ajoute-t-il.
Tourisme
- Le dynamisme perdure
Maurice a accueilli 1 295 410 visiteurs l’an dernier et a engrangé des recettes de Rs 85,99 milliards. Un record ! Le pays va-t-il renouveler l’expérience cette année ? Le secteur est en tout cas bien parti. Selon les dernières données disponibles, les recettes sont passées de Rs 8,44 milliards en janvier 2023 à Rs 9,16 milliards en janvier 2024.
Pour Daniel Saramandif, président de l’Association of Tourism Professionals, le secteur a fait « bien » pour les trois premiers mois de l’année. « Nous attendons les prochaines vacances d’avril/mai. Nous pensons aussi qu’avec l’arrivée d’autres vols, nous devrions avoir plus de visiteurs », fait-il ressortir. François de Grivel affiche lui aussi de l’optimisme. « Le tourisme reste dynamique. Tout marche bien et la situation est prometteuse », ajoute-t-il.
Construction
- Le mauvais temps et la hausse des coûts font tache
Dans la construction, le moral n’est pas vraiment au beau fixe. Le mauvais temps est venu jouer les trouble-fête dans le secteur. « Le pays a eu beaucoup de pluies en ce début d’année. On a même eu deux cyclones. Outre les conséquences sur l’avancement des travaux, il a eu un impact financier significatif », souligne Ravi Gutty, président de la Building and Civil Engineering Contractors Association (BACECA).
Le secteur est aussi confronté à d’autres facteurs. « Il y a eu une hausse considérable du coût de la main-d’œuvre avec l’augmentation du salaire minimum et le paiement d’une compensation salariale plus importante. Sans compter les effets de l’inflation sur les prix des matériaux de construction », souligne notre interlocuteur. D’où sa recommandation pour une révision des contrats publics – la plupart de ces contrats sont fixes - sur les coûts de matériaux sur une base trimestrielle afin de permettre aux opérateurs d’atténuer leurs coûts.
Services financiers
- Bonne performance des banques
La croissance est au rendez-vous dans les services financiers. Le secteur bancaire affiche d’ailleurs une certaine résilience. « La plupart des banques ont eu des bons résultats financiers. La croissance est positive au cours de ce premier trimestre même s’il est encore tôt dans l’année pour mesurer la performance du secteur », indique Daniel Essoo, CEO de la Mauritius Bankers Association.
Il observe « des grands axes de croissance » au niveau local, mais aussi sur le plan international. « Il y a beaucoup d’intérêts pour des projets d’énergies renouvelables. L’impact sera très positif sur le marché local si ces projets se concrétisent. Il y a aussi une croissance des activités pour ce qui est des activités transfrontalières. Les signes sont prometteurs », souligne Daniel Essoo. François de Grivel est du même avis et dit constater une augmentation des activités dans les services financiers.
Agriculture
- Moral au plus bas
Sanjeev Dindyal, président de Centrewest Small Planters Association, ne mâche pas ses mots. « Le secteur agricole est malade. Le premier trimestre n’est pas fameux comparativement aux années précédentes. Il n’y a pas eu une bonne planification et un plan directeur pour aider le secteur à faire face au changement climatique », souligne-t-il. En sus de cela, poursuit-il, les coûts ont grimpé de 30 % à 40 % comparativement à l’an dernier en raison de la cherté des prix du carburant, des machines utilisées pour labourer la terre, des engrais, mais surtout du « coût plus élevé de la main-d’œuvre qui est rare qui plus est ». Peut-on s’attendre à une amélioration de la situation ? « Ces jours-ci, la production a quelque peu repris, mais le climat continue à nous affecter. Nous espérons un retour à la normale avec l’arrivée de l’hiver », prévoit Sanjeev Dindyal.
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