Coup de tonnerre sur la Maison Blanche: Joe Biden a annoncé dimanche renoncer à briguer un second mandat, sa vice-présidente Kamala Harris se disant prête à le remplacer pour "battre Trump" dans une campagne démocrate désormais plongée dans l'inconnu.
Après des semaines d'incertitudes, fragilisé par les doutes sur son acuité mentale, le président américain de 81 ans a annoncé jeter l'éponge très tard dans la campagne, à un mois de la convention qui aurait dû l'introniser candidat.
"Je pense qu'il est dans l'intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l'exercice de mes fonctions de président jusqu'à la fin de mon mandat", a déclaré M. Biden dans un communiqué.
"Aujourd'hui je veux apporter mon soutien total et mon appui à Kamala pour être la candidate de notre parti cette année", a-t-il ajouté sur le réseau social X depuis sa villa balnéaire où il était confiné après avoir contracté le Covid.
Cette annonce choc, attendue malgré les dénégations répétées du principal intéressé, bouleverse une campagne qui a déjà connu de nombreux rebondissements, au premier rang desquels la tentative d'assassinat de Donald Trump le 13 juillet.
Kamala Harris, première Afro-Américaine à avoir accédé à la vice-présidence, s'est déclarée dans la foulée prête à "remporter l'investiture" démocrate en vue de "battre Donald Trump".
Agée de 59 ans, elle affiche une image de jeunesse face à Donald Trump, 78 ans, qui est sorti cette semaine renforcé de la convention d'investiture qui a vu le Parti républicain se mettre en ordre de marche derrière sa candidature.
Un événement qui bouleverse la stratégie du républicain. "Nous devons tout recommencer" a-t-il écrit sur son réseau social, taclant au passage Kamala Harris, qui sera "encore pire" que Joe Biden.
Joe Biden a de son côté annoncé qu'il s'adresserait à la nation "plus tard cette semaine".
A New York, la nouvelle n'a pas fait l'unanimité auprès des électeurs. "C'était la bonne chose à faire pour lui", a réagi auprès de l'AFP Gay Joseph.
"Il a été poussé par le parti à quitter la course. Je n'étais pas d'accord", estime pour sa part Joanie Daidon, une autre habitante.
"Terrain inconnu"
Se faisant l'écho des grandes figures de son parti, le chef républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson a appelé le président démocrate à "démissionner immédiatement".
Côté démocrate, où la pression sur le président n'a cessé de monter ces dernières semaines, les louanges continuent d'affluer, l'influent chef des démocrates au Sénat Chuck Schumer saluant par exemple un "grand patriote".
Autre ténor démocrate, Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre américaine des représentants, a elle loué "l'un des présidents les plus importants de l'histoire américaine".
Lors de la convention du Parti démocrate, mi-août à Chicago, le choix de Kamala Harris semble aujourd'hui très possible mais ne sera pas automatique pour autant.
Elle a déjà reçu un autre appui de poids, l'ancien président Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton, ancienne secrétaire d'Etat, ayant annoncé dimanche leur soutien à Kamala Harris.
Très vite, d'autres personnalités du parti démocrate ont annoncé qu'ils la soutenaient, parmi eux: l'ex-secrétaire d'Etat Américain, John Kerry, la figure de la gauche américaine, Alexandria Ocasio-Cortez et le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui était vu comme un possible rival.
Mais l'ex-président Barack Obama, l'une des personnalités démocrates les plus influentes, s'est contenté d'exprimer sa "confiance" dans son parti pour instaurer "un processus qui permettra l'émergence d'un candidat exceptionnel", sans mentionner Kamala Harris.
Tout en estimant que Joe Biden était "convaincu que c'était la bonne (décision) pour l'Amérique", Barack Obama a mis en garde les démocrates qui vont "naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir".
Le dernier mot revient aux délégués du Parti démocrate, 3.900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public. Le processus de sélection sera "transparent et discipliné", a d'ailleurs promis dans un communiqué le chef du Parti démocrate Jaime Harrison.
Le choix de Joe Biden a été salué par plusieurs dirigeants de pays alliés, de l'Australie à Israël, la Russie se disant elle "attentive" à la situation.
Doutes
C'est la performance calamiteuse de Joe Biden lors de son débat le 27 juin avec Donald Trump qui a précipité les événements. Ce jour-là, c'est un président très affaibli qui est apparu devant les écrans de ses partisans consternés, ne parvenant parfois pas à finir ses phrases.
Un spectacle douloureux qui a fait exploser au grand jour les doutes sur son âge, sur lesquels ses proches avaient tenté de maintenir un couvercle.
Qui allait être le premier à dégainer pour lui demander d'arrêter là? Des élus démocrates relativement peu connus ont commencé jusqu'à atteindre des poids lourds du parti.
L'un après l'autre, craignant une victoire écrasante de Donald Trump, l'ont lâché, pour la plupart d'abord en privé.
Les médias américains, citant des sources anonymes, ont ainsi affirmé que Barack Obama, Nancy Pelosi ou encore Chuck Schumer avaient fait part de leur inquiétude.
Et les images d'un Joe Biden récemment testé positif au Covid-19, peinant à descendre la passerelle de son avion, n'ont fait qu'amplifier la nervosité de son camp.
Pendant ce temps, Donald Trump, qui a miraculeusement échappé à des tirs pendant un meeting de campagne, semblait, lui, vivre un état de grâce, avec des victoires judiciaires et une consécration lors de la convention du Parti républicain.
© Agence France-Presse
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