Fort du soutien appuyé des alliés des Etats-Unis, Joe Biden rencontre mercredi Vladimir Poutine lors d'un sommet à Genève destiné à apaiser les tensions avec la Russie et tenter de dégager quelques rares terrains d'entente.
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Le 46e président américain a adopté un ton résolument ferme ces derniers jours à l'égard de l'homme fort du Kremlin pour mieux marquer le contraste avec les atermoiements et les ambiguïtés de son prédécesseur républicain Donald Trump.
Joe Biden a promis de dire à Vladimir Poutine quelles sont "ses lignes rouges". "Nous ne cherchons pas un conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités", a-t-il déclaré lundi à la fin du sommet de l'Otan à Bruxelles.
Près de cinq mois après son arrivée au pouvoir, Joe Biden joue gros. Même si la Maison Blanche n'a eu de cesse de souligner qu'il ne fallait attendre aucune percée spectaculaire, le président de 78 ans sait qu'il a l'occasion de peaufiner son image de fin négociateur à Genève.
La ville a déjà accueilli le premier face-à-face entre Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1985, qui avait marqué le début du dégel de la Guerre froide.
"Je suis toujours prêt", a répondu mardi à son arrivée le président américain, interrogé son état d'esprit avant de rendez-vous qui sera scruté avec attention à travers le monde.
Le président russe, qui est attendu à Genève en milieu de journée, peut faire valoir une longue expérience: il a déjà côtoyé quatre autres présidents américains depuis son arrivée au pouvoir fin 1999.
Et nombre d'experts s'accordent à dire qu'il a déjà obtenu ce qu'il désirait le plus: la tenue du sommet comme illustration de l'importance de la Russie sur la scène mondiale.
Dans un entretien à la chaîne américaine NBC, il a dit espérer que le président démocrate se montre moins impulsif que son prédécesseur républicain. Mais il a aussi saisi l'occasion pour souligner combien Donald Trump était, selon lui, un homme "talentueux".
Les deux dirigeants se retrouveront à la Villa La Grange, une magnifique bâtisse du XVIIIe siècle, posée au coeur de la ville et de son plus grand parc avec une vue imprenable sur le lac Léman.
Les discussions, qui débuteront à 13H00 (11H00 GMT), devraient durer entre quatre et cinq heures.
Au programme: une rencontre en format réduit (les présidents américain et russe ainsi que les chefs de la diplomatie américaine et russe, Antony Blinken et Sergueï Lavrov), avant une séance de travail élargie.
"Free Navalny"
Seul point de convergence entre la Maison Blanche et le Kremlin: les relations entre les deux pays sont au plus bas.
Pour le reste, les sujets de discorde sont nombreux, les discussions s'annoncent âpres et difficiles, en particulier sur l'Ukraine et le Bélarus.
L'une des questions les plus sensibles est celle de la désinformation en ligne et des attaques informatiques.
Au-delà de la tentative d'ingérence dans l'élection de 2016 au profit de Donald Trump, des cyberattaques massives ont récemment agacé Washington. SolarWinds, Colonial Pipeline, JBS: autant d'opérations imputées à Moscou, ou à des groupes de hackers basés en Russie.
La Russie, qui a toujours démenti, accuse Washington de s'immiscer dans ses affaires en soutenant l'opposition ou en finançant organisations et médias critiques du Kremlin.
"Nous avons été accusés de toutes sortes de choses" mais "pas une seule fois, ils n'ont pris la peine de produire la moindre preuve", a lancé le président russe cette semaine.
La ville est sous haute sécurité, mais un tout petit groupe de manifestants a voulu apporter son soutien à l'opposant Alexeï Navalny, aujourd'hui emprisonné après voir failli mourir d'un empoisonnement qu'il accuse le Kremlin d'avoir fomenté.
Nombre d'entre eux arboraient des t-shirts frappés de "Free Navalny" et scandaient: "Une Russie sans Poutine".
Mardi, depuis Bruxelles, Joe Biden a lancé un avertissement très clair au sujet du célèbre opposant.
La mort de Navalny "serait une tragédie", a-t-il lancé. "Cela ne ferait que détériorer les relations avec le reste du monde. Et avec moi."
Hôte de ce sommet, le président suisse, Guy Parmelin, veut, lui, espérer.
"Le monde a derrière lui dix-huit 18 mois d’une pandémie qui l’a frappé terriblement. La rencontre de Genève représente une chance pour les présidents des Etats-Unis et de la Russie d'infuser un peu plus d'optimisme, un peu plus d’espoir dans la politique mondiale".
© Agence France-Presse
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