Bhimla Ramloll, alias « Madam Kaba », demeure derrière les barreaux. Elle est passée aux aveux et son présumé complice, Naushad Jaffar, a été arrêté vendredi soir.
Après l’arrestation de Bhimla Ramloll, la police a interpellé Naushad Jaffar vendredi soir. La dame avait allégué que cet habitant de la capitale lui avait ordonné de commettre ce vol dans une bijouterie de Rose-Belle, le 18 mai dernier. Ce jour-là, Bhimla Ramloll avait tenté de quitter la bijouterie avec trois bracelets en or au bras, pour une valeur marchande de Rs 110 000.
« Naushad Jaffar m’avait remis les armes saisies sur moi : une torche électrique, une bombe lacrymogène et un couteau », avait lâché celle qui est appelée Madam Kaba dans sa déposition aux enquêteurs.
Le chauffeur de taxi a été placé en détention. Entre-temps, l’ex-directrice de la compagnie Sunkai et ancienne conseillère municipale de Quatre-Bornes a vidé son sac. Dans sa déposition aux limiers de la CID de Rose-Belle, elle a avoué : « Monn kokin pou vande pou gagn kas ».
Évoquant ses problèmes d’ordre financier, elle ajoute que le 18 mai, elle a fait irruption dans la bijouterie. « Je m’étais vêtue d’une longue robe et d’une burqa pour que nul ne puisse m’identifier. Une fois dans la bijouterie, je me suis adressée à la vendeuse en anglais, pour faire croire que j’étais une étrangère et afin qu’elle me remette les bijoux à essayer sans faire d’histoire », a déclaré Bhimla Ramloll aux enquêteurs qui l’interrogeaient en début de semaine.
Outre le vol à Rose-Belle, Bhimla Ramloll a confessé un délit similaire à Mahébourg. Sauf que ce jour-là, elle n’a pu faire main basse sur des bijoux. Elle s’y était aussi présentée vêtue d’une burqa et elle est repartie avec les clefs de la bijouterie. Madam Kaba a relaté aux policiers qu’elle avait prévu d’entrer dans la bijouterie le soir venu. Entre-temps, elle a été arrêtée par la police. C’est lors d’une fouille à son domicile que ces clefs ont été retrouvées.
Bhimla Ramloll demeure derrière les barreaux. Lors de sa comparution en cour de Mahébourg jeudi dernier, la police a objecté à sa remise en liberté sous caution. Elle a aussi été examinée par un médecin, car elle montrait des signes d’ennuis de santé.
Son présumé complice, Naushad Jaffar, sera entendu dans le courant de la semaine. Arrêté par les inspecteurs Jeeane et Sewoo, et le sergent Goodar, de l’Anti Robbery Squad, le suspect a nié les allégations formulées contre lui par Madam Kaba. Il sera traduit devant le tribunal de Mahébourg ce lundi.
La descente aux enfers
La vie de Bhimla Ramloll n’aura pas été un long fleuve tranquille. Elle est apparue sur la place publique en tant que conseillère municipale de Quatre-Bornes en 2005. Candidate du PMXD, elle est élue au Ward 1. Ceux qui ont côtoyé l’ex-conseillère se souviennent qu’elle caressait l’ambition de devenir mairesse. « C’est une femme très ambitieuse, très attirée par l’argent facile », confie un ancien conseiller de la ville des fleurs.
Hélas, au lieu d’accéder au statut de première magistrate de Quatre-Bornes, la conseillère est prise la main dans le sac en 2007. Rs 259 000 et des documents ayant trait à l’allocation des étals au marché de Quatre-Bornes sont découverts sur elle à Wolmar. Un policier ayant participé à l’opération raconte : « Au début, après la saisie de l’argent, nous pensions qu’il y avait un lien avec le trafic de drogue. C’est après la découverte des documents et être remonté jusqu’à certaines personnes qu’on a compris qu’il s’agissait de pots de vin… »
Depuis, la dame ne cesse de faire parler d’elle. D’ancienne directrice d’école maternelle, elle est devenue directrice d’une institution financière, Sunkai Ltée. Après l’affaire des étals de Quatre-Bornes, qui lui a valu six mois de prison pour trafic d’influence (elle a fait appel de cette condamnation), Bhimla Ramloll s’est retrouvée mêlée à un scandale financier. La compagnie qu’elle dirige, Sunkai Ltée, est accusée d’une fraude de Rs 768 millions dans un Ponzi Scheme. Ce qui lui a valu une arrestation en 2013.
Plusieurs policiers étaient agents au sein de la société. L’un d’eux confie : « Pour nous mettre en confiance, elle disait que des hommes de loi sont actifs dans la compagnie. Auprès de ces avocats, elle lâchait que plusieurs policiers agissaient comme agents de Sunkai Ltée. » Les déboires de Bhimlall Ramloll sont loin d’être finis. La justice a ordonné à Madam Kaba de rembourser à 112 victimes une somme de Rs 11 812 500.
Alors que ces victimes attendent leur remboursement, voilà que Bhimla Ramloll en choque plus d’un. Prise en flagrant délit de vol, après avoir dissimulé son visage sous une burqa, dans une bijouterie de Rose-Belle. Elle y a fait irruption avant de tenter de fuir avec trois bracelets d’une valeur de Rs 110 000. Elle a été immobilisée par des badauds. « Elle est tombée bien bas. Mme Ramloll n’a pas pensé à sa famille avant de commettre un tel acte », commente un membre de la profession légale.
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