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Bernard Maigrot : «I did not kill Vanessa Lagesse»

Bernard Maigrot à sa sortie de la Cour suprême. Le corps de la styliste avait été découvert dans sa baignoire, le 10 mars 2001.
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C’est la première fois qu’il prend la parole en Cour. Bernard Maigrot a, le mercredi 17 juillet, témoigné sous serment sur le meurtre de Vanessa Lagesse commis en mars 2001. Pendant 45 minutes, il s’est vidé du poids qu’il dit subir depuis 20 ans et réclame l’indulgence de la Cour. 

«I did not kill Vanessa Lagesse. I said it in 2001 and I will continue to say it till I die. I am innocent and will continue to prove my innocence », a affirmé à maintes reprises Bernard Maigrot, 63 ans. Le 27 juin 2024, il a été reconnu coupable par les jurés, à une majorité de sept contre deux, du meurtre de Vanessa Lagesse, dont le corps a été découvert, le 10 mars 2001, dans sa baignoire à Grand-Baie. 

« Since I was put in jail, I am facing great difficulty personally », a débuté Bernard Maigrot. C’est pour cela qu’il dit avoir couché ses pensées sur papier, qu’il a lues en Cour. « I have nothing to do with the death of Vanessa Lagesse. I had no reason to kill a person I respected so much. I have nothing to reproach myself (…) » a-t-il affirmé, ajoutant : « I was close to Vanessa Lagesse, her death saddened me greatly. » 

Toute cette affaire a grandement affecté ses proches, sa famille et son business. « For 23 years, I did not live my life as a free man, although I was not behind bars », a-t-il avancé. En prison, Bernard Maigrot dit avoir reçu la visite du cardinal Maurice Piat à deux reprises, ainsi que celle du cardinal Jean Margéot et du père Philippe Goupille. « It is my faith that is keeping me strong. »

Bernard Maigrot explique, d’autre part, qu’il doit prendre constamment des médicaments et souffre de bronchite chronique. Il souffre également de l’apnée du sommeil et doit dormir avec un appareil. « I believe in the justice system. I did nothing wrong. I have laid my life before you (…) the verdict will decide my fate », a-t-il terminé.

« Mon épouse a besoin de moi »

C’est en larmes que Bernard Maigrot s’est exprimé sur l’état de santé de son épouse, Isabelle Maigrot. « En 2005, on lui a diagnostiqué un cancer. Mon épouse a dû voyager, à plusieurs reprises, pour subir des traitements et des chirurgies en France. Je n’ai pas pu l’accompagner, ayant été sous ordre d’interdiction de voyager. » Prenant une grande respiration de temps à autre, la voix brisée, Bernard Maigrot parle du soutien infaillible de son épouse pendant les moments pénibles. Maintenant, dit-il, « je dois être à ses côtés ». Ayant souffert d’une hémorragie cérébrale en décembre 2022, Isabelle Maigrot est complètement paralysée et a besoin d’assistance 24/7 : « Le 25 juin 2024, deux jours avant le verdict, elle s’est évanouie et a dû être admise aux urgences. ‘My wife is now very sick (….) she needs me now (…)’. »

« I thought this nightmare was behind me »

En 2008, le Directeur des poursuites publiques (DPP) avait déposé un « discontinuance of proceedings » aux Assises. Bernard Maigrot avait alors pensé que ce cauchemar avait pris fin. « From 2008 to 2011, I was trying to rebuild my life, both professionally and personally. No one can imagine what my family has been through and what we are going through. » Mais en mai 2011, il est à nouveau arrêté et poursuivi. Tout cela, avance-t-il, a affecté son « business » : « Les affaires à Maurice se sont écroulées et j’ai dû ouvrir un bureau au Bangladesh. » 

« Mes droits bafoués »

« They tortured me and threatened to kill me (…) I was forced to sign a confession for something I did not do », a relaté Bernard Maigrot. Le 23 avril 2001, il dit avoir été kidnappé et torturé par des officiers sous les instructions de feu Prem Raddhooa, surintendant de police. Dans un bâtiment à Midlands et dans la maison de Vanessa Lagesse, où les policiers l’avaient emmené pour une reconstitution des faits, il affirme avoir été brutalisé. L’homme d’affaires a soutenu que ses droits constitutionnels avaient été bafoués. Il a tenu à ce que la Cour sache ce qu’il a vécu.  

« (…) I fear for my security »

Lors de son contre-interrogatoire par Me Darshana Gayan, Senior Assistant DPP, Bernard Maigrot a confirmé avoir subi une intervention en France en janvier 2024, après un arrêt cardiaque en novembre 2023. Ses médecins lui ont conseillé de faire des examens chaque six mois suivant cette opération. L’homme d’affaires dit avoir reçu ses médicaments à la prison de Beau-Bassin. 

Il a aussi indiqué avoir souffert d’une « major stomach pain » lors de sa détention à la prison après le verdict. Admis à l’infirmerie, il est depuis placé dans une unité « calme » à proximité. « I am a simple man. I have not asked for any special attention. I did not ask for medical attention. I asked for security because I fear for my security. I have access to medical facilities and my medicines. But I don’t think they have necessary equipment if I get cardiac problems. » Il a aussi confirmé avoir eu l’opportunité de voyager pour ses affaires et son traitement ainsi que pour accompagner son épouse en France.  

Antécédent et détention préventive 

La poursuite a, lors des débats, présenté en Cour l’antécédent et le nombre de jours que Bernard Maigrot a passé en détention préventive. L’homme d’affaires détient un antécédent. Il ne s’était pas présenté au poste de police de Grand-Gaube à l’heure convenue, qui est une des conditions de sa liberté conditionnelle. 

  • Une amende en 2015 pour non-respect des conditions de liberté sous caution 
  • 42 jours en cellule policière 
  • 45 jours en détention préventive à la prison 

Adrien Maigrot : « Nous sommes sûrs de son innocence »

Le fils de Bernard Maigrot a témoigné le mercredi 17 juillet 2024.
Le fils de Bernard Maigrot a témoigné le mercredi 17 juillet 2024.

Le cadet de Bernard Maigrot, Adrien, est revenu sur le traumatisme qu’il a vécu dans le cadre de cette affaire. En 2001, il avait alors huit ans et ne comprenait pas trop ce qui se déroulait : « On était traumatisé par la police et la justice. ». Du jour au lendemain, sa sœur et lui se sont retrouvés chez leur tante avec des instructions strictes de ne pas écouter la radio ni lire les journaux. Leur famille faisait tout pour les préserver. 

À peine a-t-il débuté son témoignage qu’Adrien Maigrot ralentit. Il prend de grandes respirations, refoulant ses émotions et ses larmes. Il demande un peu d’eau. Il tente tant bien que mal de reprendre la lecture de sa déclaration. De temps à autre, il s’efforce de regarder le juge dans les yeux. Mais il se concentre sur ses papiers en gardant la tête baissée.  

« On a volé mon enfance. Nous n’avons jamais douté de l’innocence de notre papa. Son innocence est notre force et c’est ce qui nous donne le courage de lutter jusqu’au bout. Mon père est notre pilier, nous sommes sûrs de son innocence et nous le soutiendrons quoi qu’il arrive… » a martelé Adrien Maigrot.
 

 

 

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