Une virée à divers endroits de l’île dans la nuit de mercredi à jeudi en pleine alerte III donnait un aperçu de la crainte d’un bis repetita de Hollanda ou de Gervaise. Berguitta avait des allures d’une catastrophe en devenir, tellement il fonçait droit sur le pays. D’autant que les services météorologiques de Maurice et d’ailleurs prévoyaient que ce phénomène passerait sur l’île. Mais il n’en a rien été. Petite virée pour un rapide coup d’œil…
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Quand l’île est passée en alerte III à 4 heures du matin mercredi, ils étaient nombreux à s’attendre à un déluge suivi de rafales destructrices. À l’instar de la présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim qui s’est exprimé à travers un post sur Facebook. Aux quatre coins du pays, beaucoup s’étaient calfeutrés chez eux, tandis que quelques insouciants bravaient les intempéries en faisant trempette à Poste-Lafayette, l’une des régions les plus dangereuses en temps normal. D’autres tentaient leurs chances à la pêche, telle Marie Claude qui a entraîné six gamins sur les berges en crue d’une rivière qui traverse cité-La Cure en justifiant son geste par le fait qu’elle n’a rien à se mettre sous la dent.
Dans les faubourgs au Nord de la capitale, ceux qui vivent dans des cases en tôle dans les régions sujettes aux accumulations d’eau et aux glissements de terrain ont répondu favorablement aux appels des autorités à se rendre dans les centres de refuge. Ceux-ci semblent toutefois n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour accueillir plus de 2 000 sinistrés, notamment à Baie-du-Tombeau, cité-Vallijee et Tranquebar. Dans cette dernière localité, les sinistrés ont dû être évacués du centre de boxe bondé à bloc.
Eau boueuse
À Chitrakoot et à cité-Martial, bien que le commissaire de police, Mario Nobin, ait annoncé que ses hommes évacueraient de force les propriétaires des maisons situées à flanc de montagne, il n’y a rien eu de tel. Ils ont rechigné à abandonner leurs maisons disloquées par des glissements de terrain à répétition. Manoj, qui habite à côté de l’école primaire de Chitrakoot, explique qu’il ne peut trouver refuge dans un ancien centre coopérative converti en abri mais qui est dépourvu d’aménités de base et qui a récemment été déconnecté du réseau électrique. Il préfère attendre la venue du météore en jouant aux cartes dans une maison sinistrée laissée à l’abandon.
Même si les autorités n’ont eu de cesse d’appeler à la prudence, une femme a perdu la vie dans un accident de la route malgré l’interdiction de circuler en pleine alerte III. À Plaine-Verte, c’était un jour ordinaire. Des habitants faisaient leurs courses dans quelques rares boutiques ouvertes, tandis que d’autres se régalaient d’un farata chaud.
Dans l’Est, un restaurant est resté ouvert pour permettre aux clients de suivre l’évolution du temps avec les gajacks arrosés de rhum blanc. Plus au Sud, entre Deux-Frères et Anse Jonchée, l’eau qui dévalait de la montagne et les flots d’écumes ont pris la route du littoral en sandwich. L’eau boueuse a charrié des pierres alors que l’océan rendait à la terre ses débris.
Sur cette route où les rafales dessinaient des circonvolutions avec l’eau, il fallait rouler à 35 km/h. Les villages qui s’y trouvent étaient plongés dans le black-out. Les branches fragilisées par Berguitta jonchaient l’asphalte, tout comme un badamier géant à l’entrée de la plage de Blue-Bay. Sur cette route de Pointe-d’Esny, leurs fleurs de différentes couleurs étaient telles des confettis au sol.
Plage rongée par les flots
Sur le plateau central, de nombreuses maisons ont été envahies par une subite montée des eaux. À Highlands où l’État espère réaliser une Smart City, l’eau d’un caniveau longtemps géré par l’ancien établissement sucrier a inondé une cinquantaine de maisons. Les routes se sont transformées en rivières peu après minuit, au grand dam des propriétaires. Ils ont dû se résigner à défoncer des murs pour éviter une montée des eaux. La majorité des maisonnettes de la NHDC construites en deçà du niveau de la chaussée ont aussi été touchées. Idem pour Canal Dayot à Grande-Rivière-Nord-Ouest où le cauchemar du Black Saturday de mars hante encore les habitants.
La montée des eaux a aussi eu raison du boatyard de Store Nautique à côté de La Balise Marina à l’entrée de Petite-Rivière-Noire. Un cours d’eau est sorti de son lit, faisant valser les vedettes rapides de quelques nantis. Le gérant des lieux, un expatrié, se désole de la mauvaise gestion des cours d’eau par les autorités gouvernementales. Dans l’Ouest, la plage de Tamarin recouverte de débris a été mangée par les flots.
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