Benito séquestré par El Capo : «Lin mett enn sizay dans mo lame pou rod koup mo ledwa»

Une démonstration de force menée par le gang El Capo signe la fin de l’aventure mauricienne pour Brandon Rodrigues Sena, 31 ans. Il est suspecté d’être derrière des expéditions violentes liées à une série de cas de séquestration.

Cinq mois après son arrivée au pays grâce à un visa touristique, en provenance de l’île de La Réunion, ce présumé cerveau d’un réseau international de trafic de cocaïne entre la Guyane et l’Hexagone n’a pas joué dans l’ombre à Maurice. Sous le pseudonyme TikTok : L’inconnu bien connu, il compte 62 500 followers.

Figure connue du grand banditisme en Guyane, territoire français situé en Amérique du Sud, Brandon Rodrigues Sena a déjà été condamné pour une affaire de meurtre, selon France-Guyane.fr. Pour ce cas d’homicide en 2012, il a passé huit ans en prison en Guyane.

En 2016, il se signale à nouveau après le démantèlement d’un trafic de stupéfiants et de téléphones dans l’enceinte même du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly. Lors de sa mise en détention, il prend le pseudo El Capo.

Déjà à l’époque, dans les geôles, El Capo tirait les ficelles du trafic de téléphones et de stupéfiants. Face aux détenus qui lui devaient de l’argent, il n’hésitait pas à user de violence, allant jusqu’à exercer des pressions sur leurs proches en cas de non-paiement. À la suite de cette enquête, ses deux complices, sa compagne et un gardien de prison avaient été condamnés.

En 2022, El Capo tombe de nouveau dans les griffes de la gendarmerie, aux côtés de quatorze membres d’un réseau, dans le sillage du démantèlement d’un trafic de cocaïne. Il est alors désigné comme l’une des têtes pensantes d’un vaste réseau de trafic de drogue entre le Surinam, la Guyane et l’Hexagone, à la suite de la saisie de onze kilos de cocaïne et d’armes de poing à Poitiers.

Je vais vous forcer à me respecter

Libéré de prison, plus tard , il met le cap vers l’île sœur et, à la fin de mai de cette année, il pose ses valises à Maurice. Son visa arrive à terme, il demeure sur le sol mauricien en situation irrégulière. Très vite grâce à des vidéos sur TikTok, El Capo, le corps tatoué et portant  bijoux en or, le visage masqué se signale pour des cas de séquestration et de menaces : « Vous ne m’avez pas respecté… Bin maintenant je vais vous forcer à me respecter. On parle ou je t’éclate. »

Parmi les personnes à qui El Capo s'en est prise : DJ Lenny et un certain Benito.

Dans des vidéos mises en ligne, on voit DJ Lenny, sous l’emprise du gang, être menacé par le Guyanais : « Tu as essayé de partir. Là, maintenant, tu m’obliges à t’attacher. »

À ce stade, la police de Piton est en possession d’une plainte d'un certain Benito qui accuse El Capo de l'avoir séquestré.

Benito a publiquement essuyé les menaces d’El Capo dans une vidéo mise en ligne. « Benito écoute-moi bien, rassemble toute la drogue que tu as zamal, héroïne tout l’argent que tu as. Quand c’est bon, tu me dis, je viens chercher là-bas. »

Vers 22 heures le 25 octobre, Benito a reçu un appel de DJ Lenny, qui l’a invité à se rendre à L’Espérance Trébuchet. Une fois sur place, il a été séquestré dans une maison où se trouvait le gang d’El Capo.
Benito a reconnu El Capo qui a ôté sa cagoule. DJ Lenny était séquestré dans les toilettes, les mains ligotées. « Zonn fer mwa vinn laba pou ki mo fer enn lot kamarad vini. Me mo pa sa ban model ki sonn kamarad fer vini mwa », déclare Benito au Défi Plus.

Problem fam

Il a refusé de se plier aux ordres d’El Capo et celui-ci l'a agressé.

« Linn donn mwa enn kout fizi lor mo latet. Lin mett enn sizay dans mo lame pou rod koup mo ledwa. El Capo so program pa moi », relate cet homme âgé de 32 ans au Défi Plus. Il précise que cette agression n’est en aucun cas liée à une affaire de drogue. « Pa problem ladrog ni kass sa, se enn problem fam. Isi Moris, bann zenes la kontan fam. Zonn amen trwa fam ar li, pa mwa selma. Ban kamarad ar mwa inn gayn fer enn larout ar bann fam la », poursuit Benito dans son récit.

Pardon

Benito relate que vu que son ami ne s'est pas présenté à la demande d’El Capo, il en a fait les frais. Il a été séquestré dans le coffre d’une Mercedes et a été agressé dans une zone forestière « Zon dir mwa fode mo kamarad vini lerla zot pou larg moi. Monn sonn mo kamarad, me li pann reponn. Monn bizin demann El Capo pardon zis pou mo gayn ale. Apre linn larg mwa. »

El Capo, derrière les barreaux depuis le mercredi 29 octobre, sera interrogé par la police criminelle du nord sur cette affaire de séquestration. À ce stade, El Capo et ses deux complices Jean Pierre Stephano Essoo et Jean Fabrice Gateau répondent d'accusations provisoires de trafic de drogue et de séquestration devant la justice. Ils ont été arrêtés, le mercredi 29 octobre, dans une Mercedes à La Source, à Flacq. Ils étaient en possession de cocaïne et d'armes.

El Capo positif à la cocaïne

Une arme à feu factice, des armes tranchantes et des cagoules ont été découvertes dans cette voiture.

Le conducteur, El Capo, a passé un drug test qui s’est révélé positif à la coke. Lors de son interrogatoire, il a admis qu’il projetait de  séquestrer Darren. »

Le propriétaire de la berline a été interrogé par la police. Il a confirmé qu'il a loué sa voiture à une tierce personne et dit qu’elle ne disposait pas des vitres teintées ni d’appareil de sonorisation.

Empoisonnement

El Capo, incarcéré sous surveillance caméra au Moka Detention Center depuis mercredi, s’est plaint de complications de santé. Il a vomi et a exprimé la crainte d’avoir été empoisonné en détention.

Sous forte escorte policière, il a été conduit dans un centre de santé pour y être examiné avant de retourner derrière les barreaux.

Du côté des autorités, les enquêteurs ont pris toutes les précautions pour assurer une surveillance maximale lors de chaque déplacement d’El Capo.