Interview

Belinda Edmonds, directrice d’ACTIF : «Pas d’exportation mauricienne vers les États-Unis sans l’AGOA»

Belinda Edmonds

Les entreprises mauriciennes exportant vers les pays africains ne doivent pas se limiter aux produits relevant du domaine du textile et de l’habillement. Tel est l’avis de Belinda Edmonds, directrice d’African Cotton and Textile Industries Federation (ACTIF). Elle estime qu’il y a un potentiel à exploiter dans le secteur de la technologie.

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L’ACTIF organisera « Origin Africa » le mois prochain à Maurice. Parlez-nous de cet événement ?
Origin Africa est un événement commercial qui aura lieu du 25 au 29 septembre 2017, pour la première fois à Maurice. Organisé avec le soutien d’Enterprise Mauritius (EM) et de la Mauritius Export Association, l’événement vise à promouvoir l’industrie du textile et de l’habillement en Afrique.

Environ 140 opérateurs de Madagascar, du Kenya, de l’Ouganda, de l’Éthiopie, d’Égypte, d’Italie, d’Allemagne, de la Suisse, de l’Inde, du Rwanda, de Singapour, du Pakistan et des Émirats arabes unis, entre autres, feront le déplacement à Maurice pour l’occasion. Cela permettra aux businessmen mauriciens de discuter des opportunités d’affaires avec leurs homologues étrangers.

Quel est votre constat concernant les exportations mauriciennes vers les pays africains ?
Des opportunités intéressantes existent pour les opérateurs mauriciens qui veulent vendre leurs produits sur l’Afrique. D’ailleurs, certains opérateurs profitent déjà de ces opportunités. Cependant, il ne faut pas se limiter aux produits traditionnels de l’exportation, tels que le textile et l’habillement. Il y a aussi une forte demande pour les services, la technologie et les compétences professionnelles des Mauriciens en Afrique.

Toutefois, on note qu’il y a une réticence des opérateurs mauriciens à cibler l’Afrique comme un marché d’exportation. Votre commentaire à ce sujet ?
Effectivement, il y a plusieurs barrières qui les empêchent d’exploiter le marché. D’abord, c’est une question de perception. Les opérateurs sont nombreux à avoir une perception selon laquelle l’Afrique est un marché à risque. Mais ils peuvent aussi se tromper. La plupart des pays africains ont travaillé très dur pour apporter une bonne gouvernance à leur économie Les garanties sur les investissements sont également assurées. Les pays africains ont aussi fait des efforts pour la protection des fonds et des propriétés intellectuels.

Quels sont les marchés qu’il est potentiellement possible d’exploiter ?
Maurice devrait travailler sur une base régionale. Le pays est déjà très actif au sein de la Southern African Development Community. Maintenant, l’heure est venue de renforcer les liens avec la communauté de l’Afrique de l’Est. Je recommande aux opérateurs mauriciens de se lancer dans l’industrie 4.0 (le concept d’industrie 4.0 correspond à une nouvelle façon d’organiser les moyens de production, l’objectif étant la mise en place d’usines dites « intelligentes ». C’est un secteur qu’on peut potentiellement exploiter en Afrique.

L’édition 2017 du forum de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA) a eu lieu au début du mois d’août à Lomé, au Togo. Où en est-on avec cet accord ?
Pour rappel, l’AGOA a été étendu sur 10 ans. C’est un soulagement pour de nombreux opérateurs africains exportant vers les États-Unis. Mais la politique de Donald Trump se fait maintenant sentir. Nous devrons nous assurer que les bénéfices de l’AGOA ne diminuent pas. Nous devrons être très vigilants. Il se peut que sans l’AGOA, Maurice ne puisse exporter vers les États-Unis. Mais il faut souligner que l’AGOA offre seulement un prix avantageux. Il ne concerne pas tous les avantages dont Maurice bénéficie dans le cadre d’autres accords.
l.gooraya@defimedia.info

 

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